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Bien que leur population soit peu nombreuse, les Tho préservent de nombreuses coutumes et traditions ancestrales. Photo : VOV |
Le peuple Tho est l’un des 54 groupes ethniques du Vietnam, vivant principalement dans les provinces de Thanh Hoa et Nghe An. À Nhu Xuan, district de Thanh Hoa, on compte plus de 10 000 Tho, concentrés dans des localités telles que Yên Cat, Hoa Quy, Cat Van, Cat Tan et Xuan Binh. Les Tho de Thanh Hoa portent des noms de famille tels que Le, Dinh, Tran, Ha, Nguyen et Truong, les Le et Dinh étant les plus nombreux.
Bien que peu nombreux, les Tho conservent de nombreuses coutumes et traditions, notamment des rituels liés à la vie agricole. Parmi eux, la fête du riz nouveau est un rituel important, une croyance agricole ancienne préservée par la communauté.
Dans leur conception animiste, les Tho vénèrent l’esprit du riz, qu’ils gardent dans leur maison. La fête du riz nouveau est organisée deux fois par an, en mai et en octobre lunaires, après les récoltes de riz de printemps et d’automne. Pour les Tho, le riz a une âme, appelée « Mère Riz », une divinité apportant vie et prospérité. Ainsi, avant la récolte, ils effectuent un rituel pour inviter l’esprit du riz à la maison en cueillant 3 à 5 épis de riz les plus beaux, qu’ils suspendent dans un endroit propre et élevé près de l’autel des ancêtres, avant de commencer la récolte. Une fois le riz récolté et séché, ils organisent la fête du riz nouveau.
Le maître de cérémonie, Le Van Tuong, de la ville de Yen Cat, district de Nhu Xuan, explique que parmi les rituels agricoles, l’offrande du riz nouveau est l’un des plus importants et sacrés pour les Tho. Alors que les rituels de semis et de gratitude sont liés au culte des divinités terrestres, l’offrande du riz est une croyance populaire pour honorer et remercier les ancêtres qui ont défriché la terre, aidant secrètement leurs descendants à travailler avec succès.
« Lorsqu’on a une bonne récolte, on n’oublie jamais de remercier. Premièrement, la protection du génie du sol. Deuxièmement, les ancêtres décédés qui nous ont soutenus en santé, en créativité, en veillant sur les champs. Ainsi, les descendants, une fois qu’ils ont du riz nouveau, n’oublient jamais de remercier les divinités et ancêtres », souligne Le Van Tuong.
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Le maître de cérémonie Le Van Tuong (en noir) prépare les plateaux d’offrandes pour la fête du riz nouveau. Photo : VOV |
La première offrande de riz nouveau célèbre une récolte abondante. C’est aussi l’occasion pour les habitants de faire des offrandes aux divinités, à l’esprit du riz et aux ancêtres, exprimant des souhaits de santé pour la famille, de conditions climatiques favorables pour une bonne saison et de chance pour la communauté. C’est également un moment de rassemblement et de festivités, organisé à la fois au niveau du village et de la famille. Les préparatifs sont méticuleux, impliquant l’élevage de poulets, de porcs, et la préparation de l’alcool pour accueillir les invités.
Lorsque le maître de cérémonie choisit une date propice, les offrandes sont préparées en deux plateaux : un pour inviter les divinités terrestres, l’autre pour les ancêtres.
Le plateau pour les divinités comprend des fruits, des bonbons, du bétel, de la chaux, de l’alcool, du sel, du riz et deux bâtons de bambou appelés « keo ». Le plateau pour les ancêtres contient un poulet, un plat de riz gluant, une bouteille d’alcool, un bol d’eau de puits ou de pluie, une pièce d’argent, une pièce d’or, un bol de riz nouveau, un plat de poisson avec 3 à 5 morceaux, 3 à 5 morceaux de bétel et de chaux, des gâteaux et deux bâtons de bambou. Ces offrandes expriment la piété filiale et les prières pour la santé, la prospérité et une récolte abondante.
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Le plateau d’offrandes lors de la fête du riz nouveau des Tho comprend deux plateaux : l’un végétarien et l’autre composé de mets salés. Photo : VOV |
Parmi les offrandes, les gâteaux « bánh ú » sont indispensables. Mme Le Thi Dung, 80 ans, de Yen Cat, raconte que les Tho préparent 12 gâteaux sans farce pour l’offrande, car un gâteau avec farce symboliserait une belle-fille enceinte, ce qui est tabou et non reconnu par les divinités et les ancêtres.
Dans la cérémonie, le maître de cérémonie joue un rôle central, reliant la famille aux ancêtres et aux divinités. Il récite des prières, exprimant gratitude et souhaits pour une saison favorable et la santé de tous. Après les prières, il utilise les « keo » (deux bâtons de bambou gravés de deux lignes, objet sacré du chaman, transmis de génération en génération et non refait à neuf) pour consulter les divinités sur l’acceptation des offrandes. Selon les résultats, il annonce la transition vers l’offrande aux ancêtres, concluant la cérémonie en dispersant du sel et du riz autour.
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Mme Le Thi Dung est en train de préparer des gâteaux bánh ú pour les offrir lors de la fête du riz nouveau. Photo : VOV |
Les Tho croient que pour une bonne récolte, la bénédiction du ciel et des ancêtres est essentielle. Ainsi, ils ne consomment pas le riz nouveau avant de l’offrir aux ancêtres, de peur que le riz perde son esprit et que la prochaine récolte soit mauvaise.
Au-delà de l’aspect spirituel, la fête du riz nouveau est une occasion de réunion, de festivités et de renforcement des liens communautaires. Après la cérémonie, les sons des gongs résonnent, les habitants dansent, chantent, partagent de l’alcool de riz, les enfants portent de nouveaux vêtements, les adultes échangent des vœux de bonheur. Des jeux traditionnels et des chants folkloriques sont organisés, créant une atmosphère joyeuse et chaleureuse.
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Après la cérémonie solennelle, les habitants se retrouvent pour s’amuser ensemble à travers des jeux traditionnels. Photo : VOV |
La fête du riz nouveau est une représentation vivante de la profondeur de la conscience agricole des Tho. Ce n’est pas seulement un rituel spirituel, mais aussi une activité communautaire importante, où les valeurs humaines, la foi, les sentiments et les traditions sont préservés et transmis.
Malgré les changements de la vie moderne, les Tho de Thanh Hoa maintiennent cette cérémonie comme une partie essentielle de leur vie annuelle. Dans le rythme de la vie contemporaine, des rituels traditionnels comme la fête du riz nouveau servent de lien communautaire, préservant l’identité culturelle et honorant la valeur du travail humain en harmonie avec la nature.
