
Fort de plusieurs siècles d’histoire, le village artisanal de Tho Ha s’est transmis de génération en génération l’art de fabriquer le banh da nem (galette de riz pour nems), reflet de la créativité et de la vitalité d’un patrimoine vivant. (Photo : Vue générale du village artisanal de Tho Ha)

Dès les premières heures du matin, avant que le soleil ne devienne trop ardent, les habitants s’empressent d’étendre les galettes afin d’éviter qu’elles ne se fissurent.

Les feuilles de riz, après avoir été cuites à la vapeur, sont séchées sur des claies de bambou sous le soleil. Cette étape requiert une surveillance attentive pour que les galettes conservent une élasticité idéale, ni trop cassantes, ni trop humides.

Ici, chaque espace disponible est mis à profit pour faire sécher les galettes.

Selon M. Bui Ta Loc, habitant du quartier Tho Ha, « le métier de fabrication du banh da nem se perpétue depuis des siècles, jalousement préservé grâce à des secrets de savoir-faire qui ont forgé la réputation de ce produit bien au-delà de la région ».
Le banh da nem de Tho Ha se distingue par sa texture : ni trop épaisse ni trop fine, souple et facile à rouler. Même trempée dans l’eau, la galette reste ferme sans se désagréger. Les artisans n’utilisent aucun additif, garantissant ainsi une hygiène et une sécurité alimentaire irréprochables.

« Pour obtenir des galettes de riz souples et savoureuses, il faut suivre de nombreuses étapes minutieuses : d’abord choisir un riz de qualité, le laver soigneusement puis le faire tremper dans de l’eau légèrement salée avant de le moudre en pâte fine. Celle-ci est ensuite étalée en fine couche sur un moule, cuite à la vapeur puis séchée sur des claies de bambou. L’étape du séchage est décisive pour la souplesse et la saveur du produit », précise M. Loc.

La pâte, soigneusement moulue, doit avoir une consistance parfaitement équilibrée.

Tout en travaillant, Mme Nguyen Thi Thanh, habitante de Tho Ha, confie : « L’artisan doit veiller à chaque détail, de la température de cuisson à l’humidité du séchage, jusqu’à la durée de conservation, afin d’obtenir des galettes assez souples pour être roulées sans se déchirer, mais croustillantes une fois frites. Les meilleures présentent généralement une teinte blanc ivoire naturelle et exhalent un léger parfum de riz. »

Attaché à ce métier depuis plus de quarante ans, M. Trinh Dac Tuan, également de Tho Ha, précise : « Autrefois, tout se faisait à la main. Aujourd’hui, les machines facilitent la production. Ma famille fabrique environ 10 000 galettes par jour, soit quatre à cinq fois plus qu’auparavant. »

Après cuisson, les galettes sont séchées puis contrôlées afin d’éviter qu’elles ne se déchirent lors du roulage ou ne se cassent à la friture.

Une fois bien sèches, elles sont découpées en formats ronds ou carrés.

Selon M. Nguyen Van Tinh, président du Comité populaire du quartier Van Ha, Tho Ha compte aujourd’hui plus de 300 foyers engagés dans la production de banh da nem, mobilisant plus de 1 000 travailleurs réguliers.
« Le métier de fabrication du banh da nem ne génère pas seulement des emplois et des revenus stables, il a aussi permis à de nombreuses familles d’améliorer leur niveau de vie. Ces produits sont désormais largement distribués à travers le pays et exportés vers des marchés exigeants comme la Corée du Sud, le Japon ou l’Europe, contribuant ainsi à promouvoir l’image du terroir à l’international », souligne M. Tinh.

La reconnaissance du banh da nem de Tho Ha comme patrimoine culturel immatériel national consacre non seulement la valeur historique et durable de ce savoir-faire ancestral, mais ouvre également la voie au développement du tourisme communautaire. De plus en plus de visiteurs viennent découvrir le processus de fabrication et vivre une expérience culturelle unique au cœur du village.