Le Tonnerre sacré des O Du : un héritage à préserver

La « Fête d’accueil du premier coup de tonnerre de l’année de l'ethnie de O Du dans la commune de Nga My, district de Tuong Duong, province de Nghe An » a été reconnue comme patrimoine culturel immatériel national, dans la catégorie des pratiques sociales et croyances traditionnelles.

Une des activités dans la Fête d’accueil du premier coup de tonnerre de l’année de l'ethnie d'O Du dans la commune de Nga My, district de Tuong Duong, province de Nghệ An. Photo : VNA.
Une des activités dans la Fête d’accueil du premier coup de tonnerre de l’année de l'ethnie d'O Du dans la commune de Nga My, district de Tuong Duong, province de Nghệ An. Photo : VNA.

Récemment, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a publié la décision n°2192/QĐ-BVHTTDL reconnaissant la « Fête d’accueil du premier coup de tonnerre de l’année de l'athnie d'O Du dans la commune de Nga My, district de Tuong Duong, province de Nghe An » comme patrimoine culturel immatériel national, dans la catégorie des pratiques sociales et croyances traditionnelles.

Cette reconnaissance ne se limite pas à la mise en valeur d’un rituel ancestral, mais représente aussi un levier pour préserver et transmettre une identité culturelle unique d’une communauté ethnique parmi les plus petites du pays.

Pratiqué depuis près de cent ans, ce rite revêt une signification spirituelle profonde pour le peuple O Du – l’une des cinq ethnies les moins nombreuses du Vietnam, comptant aujourd’hui environ 350 personnes vivant majoritairement dans le village de Vang Mon (commune de Nga My).

Pour cette communauté, le premier coup de tonnerre entendu dans l’année marque symboliquement le passage au nouvel an, signal envoyé par la nature.

Lo Van Cuong, doyen du village et l’un des rares à maîtriser encore la langue O Du, explique :

« Dans la pensée des O Du, le tonnerre annonce le début de la nouvelle année. Nous organisons alors cette fête pour invoquer la paix au village, des pluies abondantes, de bonnes récoltes et une bonne santé pour tous. »

La fête se déroule généralement sur deux à trois jours, mêlant rituels sacrés et festivités communautaires.

Le matin suivant le premier coup de tonnerre, le chaman du village fait retentir le gong pour annoncer le lancement des cérémonies.

À ce signal, les villageois se rendent au ruisseau Nam Ngan avec des objets du quotidien et des œufs de poule pour les nettoyer symboliquement.

« En se lavant le visage, les mains, les pieds et les cheveux, chacun se libère des malheurs et soucis de l’année écoulée », raconte Lo Văn Hùng, habitant du village.

Les œufs lavés à l’eau fraîche symbolisent la fertilité et la prospérité à venir.

Après cette purification au ruisseau sacré, la communauté se réunit au cœur du village pour entamer les rites majeurs.

Le premier est le culte du village, durant lequel le chaman prie les esprits protecteurs – génies du sol, des forêts et des eaux – pour obtenir leur bénédiction.

Suit le culte du Tonnerre et la cérémonie du "via" (rite d’âme). Les offrandes, apportées collectivement par les habitants, sont des mets traditionnels disposés sur des plateaux en rotin tapissés de feuilles de bananier : tête de porc bouillie, poisson grillé, riz gluant violet cuit au bambou, alcool de riz dans des tubes de bambou, mousse de roche, légumes sauvages, soupe de pousses de bambou, poulet bouilli, pâte de poisson séchée, etc.

« Ces plats sont transmis de génération en génération. Nous les offrons aux ancêtres et à l’esprit du Tonnerre pour exprimer notre gratitude et espérer une année de paix, de santé et d’harmonie avec la nature », précise le chaman Lo Van Cuong.

À la fin du rituel, il effectue le rite de bénédiction individuelle en nouant des fils noirs autour des poignets, symbolisant la protection et la vigueur physique.

Après la partie rituelle, vient la partie festive, où se déroulent danses, chants, jeux traditionnels, percussions et danses du bambou, dans une ambiance de joie collective, résonnant à travers les montagnes et forêts environnantes.

Ce moment constitue également une occasion de retrouvailles pour les membres du village travaillant loin, qui reviennent honorer les ancêtres et renforcer les liens communautaires.
Grâce au soutien des autorités, le niveau de vie et les activités culturelles des O Du connaissent une nette amélioration.

Conscients de la valeur de leur patrimoine, ils œuvrent activement à la transmission de leurs coutumes, croyances et langue.

Cette cérémonie est désormais le 14e patrimoine culturel immatériel national de la province de Nghe An, aux côtés de trésors comme les chants folkloriques "ví et giặm" de Nghe Tinh, inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2014.

Ces héritages illustrent la richesse historique, artistique et humaine du pays, tout en servant de socle au développement durable du tourisme culturel.

VNA/NDEL
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