Le "tourisme culturel" est une forme de tourisme ayant pour but de faire découvrir le patrimoine culturel d’une région et le mode de vie de ses habitants. L’enjeu est de trouver un équilibre entre protection et utilisation du patrimoine dans le but de générer des revenus pour les habitants. Il est aussi susceptible d’encourager la renaissance de traditions et la restauration de sites et monuments d’intérêt culturel ou architectural.
Le tourisme culturel a gagné ces dernières années en popularité, surtout dans les zones où vivent des minorités ethniques. Le Vietnam dénombre 54 ethnies dont les Kinh (représentant la majorité avec 90% de la population nationale), Tày, Thai, Nùng, H’mông, etc. Chacune dispose de ses propres caractéristiques en termes de mode de vie, d’us et coutumes, d’artisanat ainsi que de gastronomie, autant de potentialités pour développer un tourisme culturel et d’améliorer ses conditions de vie.
Les zones des minorités ethniques recèlent une abondance de patrimoines matériels de grandes valeurs, comme les rizières en terrasses dans les régions montagneuses du Nord comme Mù Cang Chai à Yên Bai, Hoàng Su Phi à Hà Giang, ou Bat Xat à Lào Cai. Ces rizières constituent ainsi des décors gigantesques et époustouflants, notamment pendant les moissons dorées, offrant une beauté ineffable, séduisant un nombre croissant de touristes et photographes. En 2019, les rizières en terrasses de Mù Cang Chai sont entrées dans la liste des "patrimoines nationaux spéciaux", reconnaissant officiellement le travail prodigieux des ethnies minoritaires dans le façonnage de ces magnifiques paysages.
À cela s’ajoutent des monuments liés aux guerres, tels que les vestiges de bataille de Diên Biên Phu à Diên Biên, la zone de sécurité (ATK) de Dinh Hoa dans la province de Thai Nguyên (Nord).
C’est grâce à toutes ces ressources culturelles et patrimoniales que de nombreux programmes touristiques se sont créés dernièrement. On peut citer, entre autres, "À travers des régions patrimoniales de Viêt Bac" ou "Découverte de l’espace de la culture des gongs des hauts plateaux du Centre".
Respect des patrimoines culturels
Jusqu’en 2019, les localités du Nord et des Hauts Plateaux du Centre (Tây Nguyên) avaient établi environ 170 sites touristiques communautaires liés spécialement à la culture des ethnies. On pense notamment à la zone de tourisme communautaire des Thai dans le village de Mên, district de Diên Biên, province de Diên Biên ; à celle des Muong dans le village de Lac, district de Mai Châu, province de Hoà Binh ; ou encore à celle des Dao dans le village de Nâm Dam, district de Quan Ba, province de Hà Giang.
Avant l’épidémie, Thu Phuong, une fonctionnaire, et sa famille voyageaient souvent dans les zones montagneuses du Nord où elles aimaient passer quelques jours dans les homestays aménagés par les ethnies locales. "Nous préférons les voyages vers les zones d’ethnies minoritaires pour à la fois nous plonger dans l’air pur de la montagne et découvrir des sites patrimoniaux et la culture traditionnelle locale", a partagé Thu Phuong. Pour de nombreuses personnes, la visite de ces villages constitue une nouvelle expérience et "une occasion pour faire connaître aux enfants la diversité culturelle du pays", a-t-elle remarqué.
Le tourisme patrimonial a un fort impact sur la situation socio-économique des membres des ethnies minoritaires. Il contribue notablement à changer la qualité de la vie et à créer des emplois pour beaucoup de personnes. Avant l’épidémie, les sites touristiques des Dao dans les communes de Ta Phin, Ta Van, Nâm Cang du district de Sa Pa, province septentrionale de Lào Cai, accueillaient annuellement plus de 40.000 visiteurs, affichant un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de dôngs.
Autre bénéfice de cette forme de tourisme : la valorisation de l’artisanat local. Ainsi, la fabrication des remèdes médicinaux à base de plantes des Dao ou le tissage de brocatelle des Thai à Mai Châu, Hoà Binh (Nord), menacés de disparaître, connaissent aujourd’hui de nouveaux débouchés grâce aux activités touristiques. Cela pousse les habitants à reprendre le métier et même à le mettre au goût du jour.
Bien que le tourisme présente clairement des bienfaits pour les zones de minorités ethniques, il ne faut cependant pas oublier ses impacts négatifs possibles, notamment la tendance à la "commercialisation" des patrimoines. C’est le cas de la danse du feu des Dao dans certaines provinces montagneuses du Nord. Devenus produits touristiques, des rituels et activités sont coupés, montrant ainsi un patrimoine tronqué aux visiteurs. Certains vestiges, en devenant sites touristiques, sont restaurés mais aussi modernisés, perdant dans beaucoup de cas leur style d’origine. Alors, le tourisme de masse peut affecter et dégrader les ouvrages et sites que l’on veut paradoxalement valoriser.
L’essor du tourisme patrimonial doit aller de pair avec le déploiement de mesures efficaces de restauration et de préservation des héritages. Il importe de respecter l’intégrité des monuments et l’environnement dans lequel il s’inscrit, en particulier les habitants.
L’extension du tourisme patrimonial dans les zones de minorités ethniques a obtenu des résultats positifs mais il ne faut en oublier ses effets pervers. Son développement doit se réaliser en portant un œil attentionné au respect des caractéristiques socio-culturelles de chaque localité.