Longtemps absent de la carte énergétique propre, le pays affiche désormais, en 2023, une capacité solaire cumulée de 18,6 GW et plus de 21 GW pour l’ensemble solaire-éolien. Fait notable : la quasi-totalité des projets sont financés et exploités par le secteur privé, reflétant une capacité accrue de mobilisation de capitaux, de gestion de projets et d’intégration technologique.
Selon la Banque mondiale, la transition énergétique vietnamienne nécessitera près de 135 milliards de dollars d’ici 2030, soit 13,5 milliards par an, dont 75 % devraient provenir du secteur privé.
Les perspectives sont vastes : développement de projets, fourniture d’équipements, services techniques, solutions de gestion intelligente de l’énergie. L’instauration d’un mécanisme d’achat direct d’électricité (DPPA) ouvre également la voie à des contrats de long terme entre industriels et producteurs d’énergie verte, garantissant stabilité des coûts et respect des critères ESG.
Le marché du carbone, nouvel horizon
En parallèle, le Vietnam amorce la mise en place d’un marché carbone domestique, prévu pour 2025 avant un déploiement complet à l’horizon 2028-2029.
L’électricité, l’acier et le ciment seront les premiers secteurs concernés.
Dans une phase initiale, la plupart des quotas d’émission seront alloués gratuitement afin de réduire la pression sur les entreprises, tout en créant un cadre juridique pour internaliser le coût carbone et inciter à l’innovation technologique.
Progressivement, les allocations gratuites diminueront, au profit de mécanismes d’enchères et de transactions de crédits carbone alignés sur les pratiques internationales.
Les experts soulignent qu’au-delà de la contrainte réglementaire, le carbone peut devenir une source de revenus.
Les entreprises investissant tôt dans l’efficacité énergétique, le recyclage ou la séquestration du CO₂ par la reforestation pourront générer des crédits excédentaires revendables sur les marchés régionaux et mondiaux, à condition que le Vietnam établisse un système de certification transparent et conforme aux standards internationaux.
Défis structurels et besoins urgents
Cet élan se heurte toutefois à des défis majeurs. Les technologies propres exigent des investissements lourds, alors que la majorité des entreprises vietnamiennes restent de taille moyenne ou petite, avec un accès limité au crédit vert.
Le système bancaire domestique ne dispose pas encore d’outils d’évaluation du risque environnemental pleinement opérationnels.
À cela s’ajoute un déficit de compétences en matière d’ESG, de systèmes MRV (mesure, rapport, vérification des émissions) et de certifications vertes, indispensables pour accéder aux marchés internationaux.
Sur le plan institutionnel, plusieurs chantiers demeurent : marché de l’électricité concurrentiel, DPPA, planification du réseau de transport, normes unifiées pour l’économie circulaire et le recyclage. L’absence d’infrastructures adaptées ralentit l’extension des modèles de production durable à grande échelle.
Les spécialistes recommandent de lever rapidement les obstacles liés au financement, à la technologie et au cadre réglementaire afin de permettre au secteur privé de jouer un rôle moteur dans la croissance verte.
Une telle dynamique est essentielle non seulement pour renforcer la compétitivité des entreprises vietnamiennes, mais aussi pour assurer la réalisation de l’engagement national de neutralité carbone (Net Zéro).