Photo : stockbiz.
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L’ASEAN mise sur le vent : un mégaprojet Vietnam-Malaisie-Singapour pour 2034

Le projet d’énergie éolienne tripartite Vietnam-Malaisie-Singapour, d’une capacité de 2 000 MW, devrait achever sa première phase en 2034, ouvrant la voie à une nouvelle ère de coopération énergétique propre au sein de l’ASEAN.

Une avancée dans la coopération verte

Alors que les pays d’Asie du Sud-Est accélèrent leur transition énergétique, visant à atteindre la neutralité carbone et garantir une sécurité énergétique durable, un projet de coopération à grande échelle entre le Vietnam, la Malaisie et Singapour dans le domaine de l’éolien offshore suscite l’intérêt de la région.

Ce projet ne se limite pas à une simple interconnexion des infrastructures électriques transfrontalières, il incarne la volonté commune des trois nations de bâtir un marché régional de l’électricité propre, stable et intégré.

Le ministre malaisien de la Transition énergétique et de la Gestion de l’eau, Fadillah Yusof, a déclaré que la première phase du projet, d’une capacité totale de 2 000 MW, reliant les trois parties, devrait être achevée d’ici 2034.

Devant le Parlement malaisien, le 22 octobre, M. Fadillah a précisé que, sur cette capacité totale de 2 000 MW, la Malaisie utiliserait environ 700 MW pour répondre à sa demande domestique, tandis que les 1 300 MW restants seraient exportés vers Singapour.

Selon le plan, la seconde phase du projet, elle, prévoit d’étendre la ligne de transmission vers le nord, reliant le Vietnam à la péninsule malaise via le Cambodge, le Laos et la Thaïlande.

« La poursuite du projet dépendra des besoins énergétiques et des évaluations économiques une fois la première phase achevée », a-t-il souligné.

Ce partenariat trilatéral est perçu comme un symbole de la coopération énergétique transfrontalière en Asie du Sud-Est, à un moment où la région redouble d’efforts pour honorer ses engagements en matière de neutralité carbone et promouvoir la transition écologique.

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Cérémonie d’échange d’un accord de coopération tripartite Vietnam-Malaisie-Singapour portant sur l’exportation d’électricité issue d'énergies renouvelables. Photo : VGP.

Pour le Vietnam, la participation à ce projet permettra non seulement de favoriser le développement de l’éolien offshore, mais aussi de renforcer l’interconnexion énergétique régionale, ouvrant la voie à un futur marché d’exportation d’électricité verte.

Le Vietnam est d’ailleurs reconnu comme un pays disposant du plus fort potentiel éolien de la région, notamment dans les zones côtières du Centre-Sud et du Sud.

Le « corridor électrique vert » de l’Asie du Sud-Est

L’émergence de projets intégrés, tels que Vietnam-Malaisie-Singapour montre que l'ASEAN s'éloigne du modèle de coopération bilatérale traditionnel pour se tourner vers une structure énergétique régionale plus unifiée.

Au-delà de la dimension technique, le projet pose surtout la question de la confiance stratégique, de la capacité de coordination et de l’harmonisation des intérêts nationaux dans un cadre régional commun.

Dans son rapport publié en 2025, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a d’ailleurs souligné que l’Asie du Sud-Est dispose d’une opportunité unique pour devenir le nouveau pôle mondial des énergies propres.

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L’Asie du Sud-Est dispose d’une opportunité unique pour devenir le nouveau pôle mondial des énergies propres. Photo : daidoanket.

Pour y parvenir, les États membres doivent s’accorder sur la création d’un corridor électrique ASEAN, accompagné d’un cadre juridique harmonisé, d’un mécanisme d’investissement transparent et d’un système de partage de données énergétiques transfrontalier.

Dans un contexte de fluctuations géopolitiques et de prix mondiaux de l'énergie, un réseau énergétique intégré au sein de l’ASEAN constituera un « bouclier souple » pour aider la région à maintenir sa stabilité, à réduire le risque de dépendance aux combustibles fossiles importés, et à affirmer l'autonomie de l'Asie du Sud-Est et sa position de plus en plus solide sur la carte énergétique mondiale.

Défis et perspectives

Bien qu'il soit pionnier dans la région, le projet éolien offshore Vietnam-Malaisie-Singapour reste confronté à de nombreux défis, qu'il s'agisse des infrastructures de transport, du cadre juridique ou des mécanismes de partage des bénéfices entre les pays.

Transporter l'énergie éolienne sur de longues distances, traversant de nombreux territoires, nécessite une coordination étroite en termes de technologies, d'institutions et de mécanismes d'investissement financier à grande échelle.

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Le projet pourrait devenir une étape historique de l’intégration énergétique de l’ASEAN, ouvrant la voie à un nouveau modèle de coopération pour les échanges transfrontaliers d'électricité. Photo : VGP.

S’il parvient à franchir ces obstacles, il pourrait devenir une étape historique de l’intégration énergétique de l’ASEAN, ouvrant la voie à un nouveau modèle de coopération pour les échanges transfrontaliers d'électricité.

Les experts estiment que ce projet pourrait jeter les bases d’un véritable « corridor électrique vert » en Asie du Sud-Est, réduisant la dépendance aux énergies fossiles et maximisant les atouts naturels et le potentiel d'énergies renouvelables de chaque nation.

S'il est réalisé dans les délais, ce projet apportera non seulement une valeur économique, mais affirmera également le rôle de l'ASEAN sur la carte énergétique mondiale.

Il incarne une vision à long terme d’une transition énergétique juste, durable et autonome, tout en affirmant le rôle moteur de l’Asie du Sud-Est dans la réponse mondiale au changement climatique.

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