Plusieurs organisations vietnamiennes et étrangères ont déjà mené des études préliminaires sur le potentiel de l'énergie éolienne en mer. Tous semblent attendre une « impulsion » suffisamment forte pour créer une percée dans le développement de cette industrie énergétique respectueuse de l'environnement.
Un grand potentiel
De nombreuses études menées par des scientifiques vietnamiens et étrangers ont montré que le Vietnam possédait un très grand potentiel pour le développement de l'énergie éolienne en mer. Le Vietnam a plus de 3 260 km de côtes, une mer territoriale de 12 milles nautiques et une zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles nautiques à partir de la ligne de base. Le régime des vents dans les eaux vietnamiennes, en particulier en mer Orientale, a une densité très élevée et continue. Selon le rapport du Centre de prévisions météorologiques et hydrologiques du ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, dans la zone maritime du golfe du Tonkin et de la région de Ninh Thuan-Vung Tau, le potentiel technique moyen de l'énergie éolienne atteint environ 500 W/m2. Une étude préliminaire montre que la superficie de la zone économique exclusive du Vietnam (ZEE) propice à l'éolien en mer pourrait s'élever à plus de 300 000 km2. La puissance technique totale pouvant être obtenue dépasse 1 000 GW. En revanche, dans les eaux côtières (à moins de 6 milles nautiques), la puissance totale pouvant être obtenue est d'environ 58 GW.
La Banque Mondiale (BM) a également mené de nombreuses études sur le potentiel technique de l'énergie éolienne en mer dans notre pays. Sur la base de ces études, 14 zones ont été identifiées comme sites potentiels pour des parcs éoliens. La capacité de production totale atteindrait environ 6 GW en 2030 et 40 GW en 2040, ce qui est conforme au Plan national de développement de l'électricité. L'étude de la BM a analysé des scénarios adaptés à la technologie des fondations fixes en mer, incluant le coût actualisé de l'énergie (LCOE) le plus bas et les impacts potentiels sur la biodiversité marine ainsi que d'autres facteurs sociaux.
Le Dr. Du Van Toan, venu de l'Institut des sciences de l'environnement, de la mer et des îles (relevant du ministère de l'Agriculture et de l'Environnement), qui a de nombreuses années de recherche sur l'énergie éolienne en mer, a déclaré : « Certains pays nordiques, les États-Unis, et la Chine ont construit des parcs éoliens en mer il y a des dizaines d'années. En particulier, la Chine a actuellement une capacité de production d'énergie éolienne en mer d'environ 40 à 50 GW, soit des dizaines de GW de plus que les pays européens et plusieurs fois plus que les États-Unis. »
Outre l'objectif de « Net Zéro », l'énergie éolienne en mer présente de nombreux autres avantages, tels que la non-occupation de grandes surfaces terrestres, l'absence de pollution sonore, contribuant à réduire la pression sur l'utilisation de l'électricité pour l'économie et la pression d'approvisionnement pour les installations énergétiques traditionnelles. De plus, avec l'énorme potentiel des mers de notre pays, l'utilisation de l'énergie éolienne en mer à des fins commerciales n'est pas irréalisable.
Les difficultés liées à l'installation et à l'exploitation de l'énergie éolienne en mer ne sont plus un défi à l'heure actuelle grâce au développement de la science, de la technique et des technologies avancées. Actuellement, les pays du monde mettent en application des technologies à axe horizontal et vertical avec une grande capacité de production et un fonctionnement durable dans des turbines éoliennes en mer. Cependant, le coût élevé, atteignant des dizaines de millions de dollars pour une seule turbine éolienne, « sélectionnera » les investisseurs. Pendant ce temps, avec une durée de vie d'environ 35 ans pour une turbine éolienne, outre des études approfondies des conditions de production d'électricité, les engagements envers l'utilisation de l'énergie éolienne sont également très importants pour les investisseurs.
De nombreux défis à relever
Selon Stuart Livesey, représentant en chef au Vietnam du groupe énergétique danois Copenhagen Infrastructure Partners (CIP) : Le développement de l'industrie mondiale de l'énergie éolienne en mer au cours des 20 dernières années a créé environ 300 000 emplois durant la phase de construction et de développement, et environ 22 000 emplois dans l'exploitation.
Parmi les employés de ce secteur, de nombreuses personnes ont effectué une reconversion depuis les secteurs du pétrole et du gaz, de l'électricité à partir de gaz, du thermique et de la mécanique. L'exploitation de l'éolien en mer est également une opportunité de former de nouvelles professions connexes, telles que les spécialistes de l'environnement, les gestionnaires de projets, l'électromécanique, etc.
Il est à noter que, récemment, CIP a également développé l'énergie éolienne en mer à Taïwan (Chine) et en République de Corée, en intégrant la formation d'une chaîne d'approvisionnement, de services, d'infrastructures portuaires et le développement d'une économie bleue pour les entreprises et les localités où les turbines sont installées, démontrant ainsi des bénéfices socioéconomiques considérables.
Au Vietnam, bien qu'étudiée depuis de nombreuses années, l'industrie des énergies renouvelables, en particulier l'éolien en mer, n'a pas bénéficié d'une attention suffisante. Cependant, le potentiel de l'éolien en mer a véritablement été « libéré » depuis l’approbation de la résolution no 36-NQ/TW du 22 octobre 2018 concernant la « Stratégie de développement durable de l'économie maritime du Vietnam jusqu'en 2030, avec une vision jusqu'en 2045 ».
La Loi sur l'électricité de 2024 et le Plan national de l'électricité (Plan Énergie VIII modifié) permettent le développement de jusqu'à 139 GW d'énergie éolienne en mer d'ici 2050. Selon les estimations, la valeur à ce moment-là atteindra environ 420 milliards de dollars. Actuellement, la plupart des calculs concernant le potentiel de l'éolien en mer dans notre pays ne sont que préliminaires, basés sur des résultats d'observations de plusieurs années des agences météorologiques et océanographiques, combinés à des méthodes de mesure du vent à petite échelle ; des données océanographiques et météorologiques ; et une étude environnementale de 12 mois de la Banque Mondiale.
Bien que les données d'enquête aient fourni une vue relativement claire du potentiel de l'éolien en mer et puissent servir de base de données pour le calcul des coûts de production d'électricité, l'établissement des tarifs de l'électricité ; la réduction des risques dans le choix des zones de développement ; l'accélération des progrès en collectant des données importantes et à long terme pour la sélection des investisseurs ; les paramètres environnementaux.
Cependant, les paramètres géophysiques et géotechniques de l'ensemble de la zone maritime offshore n'ont pas encore fait l'objet d'une évaluation détaillée. Sans compter que de nombreuses évaluations concernant la sécurité et la défense nationales, la sécurité maritime, n'ont pas encore été abordées. Cela montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour que le secteur de l'éolien en mer puisse s'affirmer comme l'une des grandes industries économiques, qui jouent un rôle important dans le parcours vers le « Net Zéro ».
Pour y parvenir, il est nécessaire d'élaborer une feuille de route spécifique et déterminée ; les autorités compétentes doivent actualiser les informations sur les limites des zones de développement ; investir de manière moderne dans le système d'observation marine ; étudier et évaluer en détail le potentiel économique et le marché de l'énergie éolienne en mer ; étendre la recherche sur le potentiel d'exploitation d'autres énergies marines, telles que les vagues, les marées et d'autres secteurs de l'économie maritime ; établir un mécanisme de partage des données météorologiques et océanographiques ; prendre en compte les résultats des recherches sur l'éolien en mer et d'autres sources d'énergie marine lors de la publication des plans électriques.
La transition de l'utilisation des énergies traditionnelles vers les énergies vertes est une tendance mondiale dans l'objectif global de « Net Zéro ». Les modèles mondiaux montrent que les avantages apportés par l'énergie éolienne en mer contribueront certainement de manière significative au développement économique ; assureront la sécurité énergétique ; et garantiront le respect des engagements du Vietnam à la COP26 concernant les émissions nettes nulles d'ici 2050.