Transition verte : une solution clé pour assurer la sécurité énergétique au Vietnam

Face à la raréfaction des énergies traditionnelles, le Vietnam fait de la transition verte un pilier stratégique pour renforcer sa sécurité énergétique, réduire les émissions et atteindre les objectifs de croissance verte et de neutralité carbone.

Installation de panneaux solaires photovoltaïques sur un toit. Photo : TRUNG NAM SOLAR.
Installation de panneaux solaires photovoltaïques sur un toit. Photo : TRUNG NAM SOLAR.

Dans un contexte où les sources d’énergie traditionnelles se raréfient, la transition vers une énergie verte apparaît comme une réponse stratégique pour assurer la sécurité énergétique du Vietnam. Au‑delà de ses bénéfices économiques, cette mutation contribue à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et à progresser vers l’objectif national de neutralité carbone (Net Zero).

Un cadre politique en pleine construction

Le Vietnam a fait de la transformation énergétique une priorité, matérialisée dans plusieurs textes fondateurs. Parmi celles-ci figurent notamment la Résolution n°55-NQ/TW (2020) sur l’orientation de la stratégie de développement énergétique nationale à l’horizon 2030, avec une vision jusqu’en 2045 ; la Résolution n°70-NQ/TW (2025) relative à la garantie de la sécurité énergétique nationale ; la Stratégie nationale pour la croissance verte (2021-2030) ; le Plan directeur de développement de l’électricité (PDP VIII) ainsi que plusieurs directives gouvernementales visant à accélérer la mise en œuvre de la croissance verte.

Depuis plusieurs années, la demande énergétique du pays augmente à un rythme soutenu. Selon les données officielles, l’offre totale d’énergie primaire a progressé de plus de 8 % par an sur une longue période. Mais cette dynamique s’accompagne d’une dépendance croissante aux importations. En une décennie, la part des importations d’énergie primaire est passée de moins de 10 % à près de 40 %, illustrant la vulnérabilité croissante du système énergétique national.

Les sources conventionnelles atteignent par ailleurs leurs limites. Le potentiel hydroélectrique est largement exploité, tandis que certaines filières de production de combustibles fossiles connaissent un déclin ou ne disposent plus de capacités suffisantes. Ces contraintes ont déjà provoqué, dans certaines régions, des pénuries ponctuelles d’électricité et des coupures tournantes, affectant à la fois l’activité économique et la vie quotidienne.

La transition verte, un levier de compétitivité

À ce jour, l’électricité issue des énergies renouvelables représente environ 20 % de la capacité totale de production du pays. Or, dans un contexte de croissance économique soutenue, d’industrialisation et d’urbanisation accélérées, la transition vers l’énergie verte dans les administrations et les institutions ne relève plus uniquement d’un choix économique, mais constitue une exigence stratégique pour assurer durablement la sécurité énergétique nationale.

La Résolution n°70-NQ/TW fixe à cet égard des objectifs clairs à l’horizon 2030 : porter la part des énergies renouvelables à 25–30 % de la capacité installée, réduire la consommation énergétique de 8–10 % et diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 15–35 %.

C’est dans ce cadre que les entreprises, les institutions publiques mais aussi les ménages se tournent vers les solutions vertes. Des grandes entreprises nationales — comme Vietnam Electricity ou les industries charbon‑mines — ont déjà intégré des plans de transition énergétique, incluant efficacité énergétique, énergies propres et financements adaptés.

L’énergie solaire, en particulier, offre des avantages tangibles : sécurité énergétique accrue, réduction des factures, autonomie durable, stabilité des approvisionnements et moindre impact environnemental. Ces solutions sont particulièrement pertinentes dans les régions ensoleillées, côtières ou exposées aux vents.

Des projets pilotes prometteurs

Dans le secteur public, certains projets illustrent concrètement cette dynamique : l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit du siège de la Direction de la Santé relevant du ministère de la Sécurité publique est déjà opérationnelle et en phase de développement. Ce système vise une capacité totale de 42 kWp/jour à son apogée.

Autre exemple : au commissariat de la province de Ninh Thuan (aujourd’hui Khanh Hoa), 570 panneaux solaires et des onduleurs ont permis d’économiser près d’un milliard de dôngs par an après deux ans de fonctionnement. Parallèlement, un projet similaire de grande envergure à l’hôpital 199 (ministère de la Sécurité publique) est en phase d’approbation, avec une production annuelle estimée à 1,314 million kWh.

Sur la base de ces expériences, la Direction de la Construction et des Camps (ministère de la Sécurité publique) propose une stratégie en trois volets : urbanisme et conception architecturale, infrastructures techniques de production d’énergie et mesures d’économie de ressources et de protection de l’environnement. Les analyses prévoient un retour sur investissement de 5 à 6 ans pour chaque système solaire installé.

Le plan d’action prévoit une phase pilote (2025‑2026) dans plusieurs unités clés, suivie d’un déploiement national (2027‑2030) avec priorité aux bâtiments de plus de 500 m². À partir de 2030, l’ambition est de combiner l’énergie solaire avec des solutions de mobilité électrique, un éclairage intelligent et des centres de données verts pour créer des zones énergétiquement autonomes.

Pour l’économiste Tran Dinh Thien, la transition des énergies fossiles vers les renouvelables est une nécessité historique et économique. Toutefois, elle requiert une transformation profonde des approches — normes vertes, plateformes de gouvernance, réglementation de l’intégration des données énergétiques — et l’adoption de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT) ou le big data.

La transition verte implique aussi d’affronter des défis réglementaires et institutionnels : coordination entre ministères, accès au financement, simplification des démarches administratives ou formation de ressources humaines spécialisées. Il est également essentiel de garantir l’intégration des énergies propres dans le réseau national pour atteindre les objectifs économiques et de sécurité énergétique du pays.

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