Le Vietnam et le Pakistan anticipent les nouvelles tendances pour une coopération mutuellement bénéfique

Le ministre pakistanais du Commerce, Jam Kamal Khan, a exprimé son souhait de créer des coentreprises avec le Vietnam afin d’exploiter ensemble les potentiels inexploités de coopération, en vue de se projeter vers les marchés africains et d’Asie centrale.

Le ministre pakistanais du Commerce, Jam Kamal Khan. Photo : baoquocte.vn
Le ministre pakistanais du Commerce, Jam Kamal Khan. Photo : baoquocte.vn

Vers un développement commun et des bénéfices partagés

Il a affirmé qu’au cours de l’année écoulée, le Pakistan avait véritablement élargi sa présence commerciale au Vietnam, notamment grâce à l’intensification des échanges et des rencontres entre les entreprises des deux pays. Des délégations vietnamiennes de promotion commerciale ont participé à deux grandes foires au Pakistan, l’une à Lahore et l’autre à Karachi, deux centres économiques majeurs, avec pour objectif d’élargir les opportunités d’échanges, de valoriser les produits agroalimentaires et aquatiques et d’intégrer les technologies de pointe dans la production.

« Avec une telle approche, je vois de nombreuses opportunités pour approfondir encore davantage les relations Vietnam-Pakistan. C’est également le prolongement des échanges fructueux entre nos Premiers ministres à Riyad (Arabie saoudite) fin 2024, en vue de développer notre commerce, de partager nos expériences, nos compétences, nos technologies et d’anticiper les nouvelles tendances pour en tirer des avantages communs », a souligné le ministre pakistanais du Commerce.

Selon lui, le Vietnam dispose d’atouts considérables dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) et prévoit de développer l’industrie des semi-conducteurs. Le pays bénéficie d’une importante population d’âge moyen et d’une jeunesse dynamique, un profil démographique que partage le Pakistan, avec près de 250 millions d’habitants, dont une majorité âgée de 15 à 30 ans.

Les secteurs manufacturiers, tels que l’électronique, le cuir, le textile, l’agroalimentaire et les TIC présentent tous un fort potentiel de croissance. Le secteur minier s’annonce également prometteur, le Pakistan étant l’un des pays au monde les plus riches en ressources minérales, notamment en terres rares, essentielles à l’industrie électronique. Le textile est aussi l’un des points forts du Pakistan, en particulier les vêtements, le linge de lit, le lin et d'autres produits textiles.

« Ce sont précisément les domaines dans lesquels nous souhaitons collaborer, à travers des coentreprises, afin d’en exploiter le potentiel et de poser les bases d’une ouverture vers d’autres marchés. En coopérant avec le Pakistan, l’industrie vietnamienne pourra bénéficier d’un avantage stratégique, notre pays étant proche de l’Afrique, en particulier de l’Afrique de l’Est, et ayant accès aux pays d’Asie centrale. Nos deux nations peuvent parfaitement conclure des accords économiques tripartites avec des États d’Afrique, d’Asie centrale et d’autres régions », a expliqué le ministre Jam Kamal.

Édifier une passerelle autour de l’industrie halal

Toujours selon lui, le Vietnam est en train de mettre en œuvre une coopération avec les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) et d’autres régions afin de développer le marché potentiel des produits halal. La communauté musulmane mondiale, très nombreuse, privilégie les aliments certifiés halal. Mais pour qu’un produit soit véritablement reconnu halal, une certification adéquate est indispensable, un domaine dans lequel le Pakistan cherche à se renforcer. C’est pourquoi Islamabad a noué des liens avec la Malaisie, qui dispose de normes de certification halal très rigoureuses.

« Si le Vietnam souhaite s’orienter vers l’industrie halal et rendre ses produits plus largement consommés, c’est une direction que nos milieux d’affaires respectifs devraient sérieusement envisager. Nous pouvons coopérer avec les autorités compétentes et les organisations halal des deux pays. Alors que se tient actuellement la cinquième réunion du sous-comité mixte du commerce, ce sujet pourrait devenir un point de suivi à traiter par les différentes agences gouvernementales concernées », a-t-il proposé.

Soulignant l’importance de maintenir un dialogue constant entre les communautés d’affaires, le ministre pakistanais a estimé que le rôle des gouvernements se limite à celui de facilitateur, les véritables moteurs étant les entreprises. Car pour développer une opportunité économique ou commerciale, il faut que celle-ci soit viable sur le plan commercial et réponde à une demande réelle et à une logique de marché.

Dans le contexte actuel de développement du commerce électronique, de nombreuses startups et petites entreprises peuvent accéder au commerce numérique grâce aux plateformes électroniques. C’est pourquoi il a proposé : « Les chambres de commerce et les associations professionnelles du Pakistan doivent intensifier les échanges et multiplier les visites au Vietnam. Nous prévoyons d’envoyer davantage de délégations d’affaires au Vietnam et espérons un mouvement réciproque de la part des entreprises vietnamiennes vers le Pakistan. »

Relier les deux pays par les airs, renforcer les liens culturels

Le ministre du Commerce a également indiqué que le Pakistan mettait l’accent sur quatre axes prioritaires : le tourisme, la connectivité, la culture et la gastronomie. Malgré des populations importantes, plus de 100 millions au Vietnam et plus de 250 millions au Pakistan, et des paysages naturels remarquables, les deux pays restent déconnectés faute de vols directs. Pourtant, un taux de fréquentation de 1 % entre les populations suffirait à créer des perspectives importantes de coopération. Une fois la liaison aérienne établie, les échanges commerciaux se développeront naturellement, tout comme le tourisme et les interactions humaines.

« Nous menons une véritable campagne pour faire avancer ce dossier et avons déjà échangé avec le ministre pakistanais de l’Aviation afin d’ouvrir une ligne directe entre nos deux pays. Une fois cette ligne opérationnelle, de nombreuses destinations touristiques et lieux culturels et religieux s’ouvriront aux visiteurs. Nous rappelons souvent que le bouddhisme est né sur le territoire du Pakistan. La région de Taxila est un site où le Bouddha a vécu, et la plus grande statue du Bouddha ascète est conservée au musée de Lahore. Ce lieu fut autrefois un centre de pèlerinage majeur pour les fidèles bouddhistes, et nous nous efforçons aujourd’hui de restaurer cette vocation », a-t-il confié.

Il a également mis en avant la beauté du nord du Pakistan, qui abrite le deuxième sommet le plus élevé du monde, le K2. Le pays offre une grande diversité géographique : déserts, plaines, montagnes abruptes et littoral. Le Vietnam partage cette richesse avec ses propres montagnes, plaines et côtes maritimes. De plus, les Pakistanais voyagent volontiers vers le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie du Sud-Est, et le Vietnam peut parfaitement devenir une nouvelle destination prisée.

« Par ailleurs, le Pakistan est réputé pour sa cuisine, tout comme le Vietnam. Cela pourrait permettre une découverte culinaire réciproque entre nos peuples et ouvrir la voie à un dialogue culturel enrichi. Nous croyons fermement que les rencontres humaines sont la clé des opportunités futures. C’est pourquoi il est crucial de connecter rapidement nos deux pays par voie aérienne pour permettre l’exploitation de lignes régulières entre le Pakistan et le Vietnam », a conclu le ministre Jam Kamal.

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