Grâce à cette initiative, des milliers d’enfants savent non seulement nager avec aisance, mais aussi se protéger eux-mêmes dans la région fluviale.
Depuis près de dix ans, chaque après-midi, la piscine de la centrale thermique de Tra Noc au quartier de Binh Thuy résonne des rires et des éclaboussures des enfants. C’est là que Ngoc Quy dispense ses cours gratuits, formant des milliers de jeunes nageurs, dont certains ont remporté de hauts résultats lors de compétitions de natation au niveau du district ou de la ville.
Elle explique qu’elle a obtenu son diplôme en éducation physique et sportive et commencé à enseigner en 2006. Lors d’une discussion avec des collègues, elle a pris conscience de l’ampleur alarmante des noyades chez les enfants dans le delta du Mékong.
Animée par sa passion pour le sport et son désir de contribuer à la communauté, elle a eu l’idée de créer un cours de natation gratuit pour les enfants, en particulier ceux issus de familles défavorisées.
Le sud-ouest du pays est une région traversée par d’innombrables rivières et canaux. Les enfants qui y vivent, mais ne savent pas nager sont constamment exposés à des risques évitables. C’est pourquoi, lorsqu’elle a exprimé son intention d’ouvrir ce cours, elle a reçu le soutien tant de l’école que des parents.

Ne disposant pas de piscine dans son établissement, Ngoc Quy a contacté plusieurs piscines pour obtenir l’autorisation d’y organiser ses cours. Finalement, Duong Quang Vu, propriétaire de la piscine de la centrale thermique de Tra Noc, a accepté de l’aider et de l’accompagner.
En plus des cours gratuits, le prix d’entrée à la piscine est réduit, voire totalement supprimé pour les enfants en difficulté. L’école primaire Tra Noc 2 l’aide à louer un minibus de 16 places pour transporter les élèves jusqu’à la piscine. Pour ceux qui terminent l’école plus tard, elle n’hésite pas à les emmener sur sa propre moto.
Grâce à ce soutien, le cours de natation de Ngoc Quy se maintient depuis de nombreuses années et est devenu un rendez-vous incontournable pour les écoliers de la région, notamment pendant les vacances d’été. Chaque année, elle organise entre trois et six sessions, chacune accueillant environ 50 élèves. Les cours ont lieu les lundis, mercredis et vendredis.
Avant chaque séance, elle prend soin de demander à chaque enfant comment il se sent, de vérifier leur bouée, leurs lunettes, leur maillot, puis de diriger un échauffement minutieux. Les leçons commencent par des exercices de familiarisation avec l’eau : respiration, équilibre, flottabilité de base.
Pour ceux qui maîtrisent déjà les techniques élémentaires, elle enseigne le crawl, la coordination bras-jambes et la synchronisation de la respiration. En moyenne, après cinq à dix séances, beaucoup savent déjà nager avec aisance. Dans chaque session, environ 80 % des élèves sortent du cours en sachant nager.

Les élèves de CM2 sont prioritaires afin de s’assurer qu’ils sachent nager avant d’entrer au collège. En plus des techniques, les enfants apprennent aussi des compétences de survie dans l’eau, essentielles dans un environnement fluvial, ainsi que les gestes à adopter en cas de noyade et les bases du sauvetage.
« J’enseigne la natation sans percevoir aucun salaire. Dans mes cours, les enfants apprennent non seulement à nager, mais aussi à se comporter en sécurité dans l’eau et à sauver une personne en difficulté. Je suis heureuse de savoir qu’ils peuvent évoluer en toute sécurité », Do Thi Ngoc Quy.
En plus de dix ans d’enseignement, elle a relevé d’innombrables défis. Au début, manquant d’expérience, elle se sentait parfois déconcertée face aux élèves de CP ou CE1, encore très naïfs.
Dans ces cas, elle leur consacre davantage de temps, non seulement pour l’apprentissage technique, mais aussi pour créer un lien de confiance, les encourager et les motiver à progresser.
Grâce à sa méthode rigoureuse, son dévouement et son esprit de partage, son cours est aujourd’hui un modèle qui inspire de nombreuses localités dans le delta du Mékong.
Ngoc Quy souligne que l’éducation physique ne se limite pas à la condition physique : c’est aussi un moyen de développer l’esprit, les compétences sociales et une attitude positive face à la vie.
C’est pourquoi, dans l’optique d’enrichir la vie des élèves, elle envisage de diversifier ses activités extrascolaires, comme le football ou le badminton. Ces activités seraient intégrées à des projets communautaires, à des rencontres sportives entre écoles et à des actions solidaires pour aider les enfants défavorisés.
Le modèle de cours gratuit de Do Thi Ngoc Quy inspire aujourd’hui non seulement à Can Tho, mais également dans tout le delta du Mékong.
Actuellement, la ville de Can Tho s’est fixée pour objectif qu’à l’horizon 2030, au moins 55 % des élèves de CM2 et 75 % des élèves de terminale sachent nager en toute sécurité. Les écoles primaires s’efforcent également de garantir la présence d’au moins deux enseignants d’éducation physique titulaires du certificat d’enseignement de la natation.
Selon la directrice adjointe du Service municipal de l’éducation et de la formation, Le Thi Thuy Dung, un plan détaillé a été mis en place pour mobiliser les ressources sociales en vue de prévenir les noyades et autres accidents infantiles, notamment en soutenant les initiatives, comme celle de Ngoc Quy.

Pour ses contributions remarquables, Do Thi Ngoc Quy a reçu de nombreuses distinctions honorifiques. En 2024, elle s’est vu décerner le titre « Enseignante exemplaire » par le ministère de l’Éducation et de la Formation. En 2023, elle a remporté le deuxième prix du concours municipal des enseignants de primaire à Binh Thuy.
En 2022, elle a reçu du Premier ministre un diplôme de mérite « Pour ses réalisations dans l’éducation et la formation de l’année scolaire 2017-2018 à 2021-2022, contribuant à la construction du socialisme et à la défense de la Patrie ». Elle reverse systématiquement l’intégralité des primes obtenues à la poursuite de son cours gratuit.
Partie d’une simple idée née de l’amour du métier et du sens des responsabilités envers la communauté, la classe de natation « gratuite » de Ngoc Quy est devenue un modèle efficace d’éducation aux compétences de vie, parfaitement adapté aux particularités de la région fluviale du sud-ouest. Ce type d’initiative mérite un accompagnement régulier et durable des autorités afin de dépasser le stade du simple mouvement pour véritablement se diffuser et produire des effets durables.