Les étrangers diffusent la langue vietnamienne

« Đỗ » n’est pas « Đố », « Quằn quại » n’est pas « Quan quại »… Ces moments adorables apparaissent dans les vidéos TikTok et YouTube de Liliya Kholodova (Russie). Elles ont attiré des dizaines de milliers de vues et de partages, devenant ainsi un symbole vivant de l’interconnexion culturelle, diffusant l’amour de la langue vietnamienne au-delà des frontières.

Liliya Kholodova, 33 ans, est d’origine russo-vietnamienne. Elle est née et a grandi en Russie, ses nombreux séjours au Vietnam avec sa mère lui ont permis de maîtriser le russe et le vietnamien, nourrissant ainsi son amour pour ces deux cultures.

Grâce à elle, son mari Bui Son, également d’origine vietnamienne en Russie et ne connaissant que quelques phrases de base, a réussi à améliorer ses compétences en compréhension et en expression orale de la langue de ses ancêtres.

Le compte TikTok « Điệu hổ Li Sơn » du couple Liliya et Bui Son a recueilli plus de 330 000 likes. Capture d’écran : Phan Anh.

Le compte TikTok « Điệu hổ Li Sơn » du couple Liliya et Bui Son a recueilli plus de 330 000 likes. Capture d’écran : Phan Anh.

« Les gens sont souvent surpris que je parle mieux le vietnamien que mon mari, bien qu’il soit vietnamien », raconte Liliya.

Consciente de l’importance de préserver la langue et la culture vietnamiennes au sein de sa famille, dès le mariage, elle s’est engagée à communiquer avec son mari en vietnamien.

Leur processus a débuté par des leçons de base. Ils ont utilisé des manuels scolaires de première année ainsi que l’alphabet vietnamien pour familiariser Bui Son avec la phonétique et la grammaire. Cependant, cela n’a pas été facile. Son rencontrait souvent des difficultés à prononcer correctement les accents, confondant les tons ascendants et descendants. Cette situation a souvent poussé Liliya à envisager de renoncer. De plus, l’utilisation par Son du dialecte de Quang Binh compliquait davantage l’enseignement du vietnamien.

Mais grâce à sa patience et à son amour pour la langue vietnamienne, Liliya n’a pas renoncé. Elle a encouragé son mari en utilisant des articles économiques, son domaine de travail, pour qu’il pratique la langue dans des situations réelles. Elle a également profité d’activités quotidiennes, comme aller au marché du Têt, acheter des fleurs ou négocier les prix pour l’aider à s’exprimer plus naturellement.

Leurs efforts ont porté leurs fruits, non seulement dans leur vie familiale. Bui Son est maintenant capable de converser et de lire des livres en vietnamien. En particulier, leur chaîne TikTok « Điệu hổ Li Sơn » a récolté plus de 330 000 likes et plus de 8 000 abonnés. Leurs vidéos, non seulement humoristiques, mais aussi inspirantes, contribuent à diffuser la langue et la culture vietnamiennes de manière naturelle.

« C’est fascinant de voir une femme russe enseigner le vietnamien à son mari d’origine vietnamienne », a commenté un abonné.

Un pont culturel à travers la langue vietnamienne

L’histoire de Liliya et Bui Son montre que l’amour pour le vietnamien peut toucher n’importe qui, quelle que soit son origine ou la distance géographique. Liliya n’est pas la seule ; partout dans le monde, de nombreux étrangers choisissent d’apprendre et d’enseigner le vietnamien, même à des personnes d’origine vietnamienne.

En France, l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne de Bordeaux a maintenu l’enseignement du vietnamien depuis plus de 30 ans. Chaque année, l’association organise 4 à 5 cours, attirant des dizaines d’élèves, tant vietnamiens que français.

Inauguration de la bibliothèque vietnamienne au service de la communauté vietnamienne en France, en juillet 2024. Photo : Quoc Trung.

Inauguration de la bibliothèque vietnamienne au service de la communauté vietnamienne en France, en juillet 2024. Photo : Quoc Trung.

Lors d’un échange avec la presse, M. Antoine Ertlé, directeur du Centre de Langues étrangères de l’Université Bordeaux Montaigne, a expliqué que l’enseignement du vietnamien n’était pas seulement une partie de la stratégie pour promouvoir l’apprentissage des langues en France, mais aussi une réponse à la demande croissante de la communauté vietnamienne ainsi que de ceux qui aiment cette langue.

Le centre emploie des professeurs qualifiés avec de bonnes méthodes pédagogiques, et c’est ainsi que les cours de vietnamien ont été intégrés à partir de 2018, d’abord sous forme de cours du soir. Ces cours ne se concentrent pas seulement sur la grammaire et le vocabulaire, mais intègrent aussi des éléments culturels, tels que l’histoire et les coutumes, permettant aux élèves de mieux comprendre le Vietnam et son peuple.

M. Ertlé espère qu’à l’avenir, il sera possible d’élargir le programme pour offrir des certificats universitaires, voire des diplômes de licence, comme cela se fait déjà pour les cours de coréen. Le centre espère également renforcer les échanges avec les universités vietnamiennes pour envoyer des étudiants français faire des stages au Vietnam et accueillir des étudiants vietnamiens en France pour apprendre le français.

Dans un contexte de mondialisation et de développement des technologies de l’information, le vietnamien a aujourd’hui plus que jamais l’opportunité de se diffuser à grande échelle.

Les plateformes de médias sociaux comme TikTok et YouTube ne sont plus seulement des lieux pour partager des anecdotes du quotidien, mais elles sont devenues des outils efficaces pour promouvoir la langue et la culture vietnamiennes.

Grâce à leur nature interactive et leur vaste portée, ces plateformes ont révolutionné les méthodes traditionnelles d’enseignement des langues. Les vidéos courtes et accessibles offrent de nouvelles approches, non seulement pour ceux qui apprennent le vietnamien, mais aussi pour tous ceux qui veulent découvrir la culture vietnamienne.

L’histoire de Liliya et Bui Son, ainsi que celle des communautés apprenant le vietnamien dans différents pays, prouvent que le vietnamien n’est plus seulement la langue des Vietnamiens, mais qu’il fait désormais partie de la culture mondiale.

VNA/NDEL