Un moteur essentiel de la croissance économique
Lors de son VIe Congrès national, en 1986, le Parti communiste du Vietnam a lancé la politique du Renouveau (Doi Moi), établissant une économie de marché à orientation socialiste, avec des formes de propriété et des composantes économiques variées, l’économie d’État jouant un rôle dominant, et ouvrant la coopération et l’investissement avec l’étranger.
Dans cette dynamique, à la fin de l’année 1987, l’Assemblée nationale a promulgué la Loi sur l’investissement étranger au Vietnam.
Près de quatre décennies plus tard (1987-2025), le pays a obtenu des résultats significatifs, faisant de l’IDE un véritable « levier » stratégique pour l’industrialisation du Vietnam.
Le secteur des IDE a affirmé son rôle de moteur de la croissance économique vietnamienne.
Sa contribution se reflète à travers de nombreux aspects : apport massif de capitaux pour le développement socio-économique, élargissement des marchés grâce aux exportations, développement technologique et amélioration de la productivité, ainsi qu’accélération des réformes institutionnelles.
En moyenne, la part des IDE dans le PIB a connu une progression constante, passant de 18,22 % pendant la période 2011-2015, à 21,06 % en 2016-2020, puis à 22,25 % en 2021-2023.

Le secteur des IDE joue un rôle déterminant et quasi exclusif dans les exportations.
Sa part dans le commerce extérieur du pays se maintient à un niveau très élevé, oscillant entre 70 et 79 % de la valeur totale des exportations annuelles.
Cela a permis au Vietnam de transformer la structure de ses exportations, passant d’un pays axé sur les produits agricoles et le textile-habillement à un centre de production et d’exportation des produits électroniques et des produits technologiques.
Des groupes multinationaux comme Samsung, Intel, LG ou Canon ont fait du Vietnam un maillon stratégique des chaînes d’approvisionnement mondiales, avec des produits tels que l’électronique, les téléphones et les ordinateurs (les entreprises d’IDE représentant 99 % des exportations dans ce domaine en 2013 et 97,74 % en 2024), le textile (autour de 60 %), les chaussures (69-72 %) et les moyens de transport (81-93 %).
Par ailleurs, les IDE jouent un rôle majeur, créant des clusters industriels.
Ce rôle se manifeste par deux mécanismes principaux : le premier est la création d'un écosystème autour de grandes entreprises, comme le complexe Samsung de Bac Ninh et Thai Nguyen, qui a attiré des centaines de fournisseurs, ou le complexe THACO de Chu Lai, un modèle de coopération entre entreprises nationales et celle d’IDE.
De 2010 à 2024, les flux d’IDE se sont progressivement déplacés des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme le textile-habillement et les chaussures, vers les industries de hautes technologies, la part de l’électronique passant de 4,1 % à 17,8 %.

Les domaines de la finance, des énergies renouvelables et des services à forte valeur ajoutée ont également attiré des capitaux importants.
Grâce à ces investissements, le Vietnam est devenu un centre majeur de production et d’exportation de produits technologiques, le secteur IDE représentant environ 70 % de la valeur totale des exportations.
Des défis à relever pour attirer et optimiser l’IDE
Selon les économistes, bien que le Vietnam s’affirme comme une destination d’investissement attractive, des goulots d’étranglement persistent, notamment en matière de main-d’œuvre et d’infrastructures, ce qui pourrait freiner les flux d’IDE dans les années à venir.
Par ailleurs, la 4e révolution industrielle constitue à la fois un facteur ayant des impacts à la fois positifs et négatifs sur les flux d'IDE au Vietnam.
Outre les réformes institutionnelles et administratives en cours, le Vietnam doit mener des réformes radicales pour attirer et utiliser efficacement les IDE.
Cela passe par un développement des ressources humaines hautement qualifiées : promouvoir une coopération stratégique et effective entre l’État, les établissements de formation et les entreprises étrangères ; encourager les grands groupes technologiques à s’impliquer dans la conception des programmes d’études et de pratique, à financer des laboratoires et à accueillir des stagiaires ; et mettre en place des politiques innovantes pour attirer et retenir les talents dans le domaine technologique.

Il est nécessaire de réformer en profondeur les politiques d'incitation à l'investissement, de manière ciblée, basée sur les performances et conditionnelle, en mettant fin aux incitations généralisées.
Un nouveau cadre d’incitations, plus sélectif, devrait être établi, liant directement le niveau d’avantages accordés aux résultats concrets des projets en matière de dépenses de R&D au Vietnam, de transfert de technologie, de taux de localisation et d’investissement dans la formation de main-d’œuvre qualifiée.
Ces réformes devront s’accompagner d’une refonte des politiques industrielles nationales, afin de maximiser les effets de diffusion des IDE en matière de technologie et de productivité.Forr
Enfin, il faut renforcer les capacités de gestion environnementale pour les projets d’IDE : appliquer strictement la législation sur l’environnement, mettre en œuvre des évaluations d’impact environnemental indépendantes et transparentes, et alourdir les sanctions en cas de violation.
Le Vietnam doit poursuivre l’amélioration de ses politiques pour encourager et attirer les investissements « verts », notamment dans le secteur des énergies renouvelables.