Dans un contexte mondial marqué par la transition verte, l’économie circulaire et la numérisation, l’attraction d’IDE de haute qualité offre au Vietnam non seulement de nouvelles opportunités, mais aussi les fondations nécessaires pour bâtir une agriculture durable à long terme.
Avant le Renouveau de 1986, les IDE étaient presque inexistants dans l’agriculture. L’adoption de la Loi sur l’investissement étranger en 1987 a ouvert la voie aux premiers projets dans la transformation agroalimentaire ou la production d’aliments pour animaux. Entre 2000 et 2010, les flux d’IDE ont fortement progressé, ciblant les semences végétales et animales, la transformation alimentaire ainsi que l’élevage industriel.
La période 2010-2020 a marqué un tournant, avec la multiplication de projets intégrés aux chaînes de valeur, à forte intensité technologique, orientés vers la transformation en profondeur. Depuis 2020, les IDE se redéploient vers des modèles d’agriculture verte, circulaire ou numérique, en phase avec les objectifs de transition écologique du Vietnam.
Le Vietnam dispose d’avantages significatifs : un marché de plus de 100 millions d’habitants, une main-d’œuvre jeune, un écosystème agricole diversifié et une position stratégique au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales. Par ailleurs, les accords de libre-échange de nouvelle génération (EVFTA, CPTPP, RCEP, etc.) élargissent considérablement les débouchés, renforçant l’attrait du pays dans les yeux des investisseurs.
La stabilité politique, l’intégration économique profonde et les engagements ambitieux en faveur de la croissance verte sont également des facteurs déterminants pour les grandes multinationales lorsqu’elles choisissent un site d’investissement à long terme.
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, fin 2024, le Vietnam comptait 729 projets d’IDE dans l’agriculture pour un capital enregistré de près de 11,89 milliards de dollars. En incluant les secteurs connexes – logistique, transformation, intrants agricoles –, le total atteint environ 26 milliards de dollars, soit 6 % du volume national d’IDE.
Les IDE ont généré quelque 500 000 emplois directs et indirects, tout en attirant des groupes majeurs tels que Nestlé, CP, De Heus, Cargill ou Bayer. Ils ont contribué à la restructuration du secteur, à l’amélioration des capacités de transformation, à la normalisation des processus de production et à la croissance des exportations. En 2024, les exportations de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques ont atteint 62 milliards de dollars, un record historique.
Malgré ces progrès, l’attrait des IDE reste inférieur au potentiel du pays. Le secteur agricole demeure exposé aux risques climatiques, sanitaires et aux fluctuations des marchés. De plus, la concurrence régionale est de plus en plus intense.
Les infrastructures dans certaines zones de production restent limitées, la fragmentation foncière freine les projets de grande envergure, et certaines procédures administratives manquent encore de souplesse. Par ailleurs, le nombre de projets à haute intensité technologique et à effet d’entraînement significatif reste modeste.
Face aux défis climatiques, à l’évolution de la demande mondiale et aux transformations des chaînes d’approvisionnement, le Vietnam se trouve à un moment charnière pour accueillir une nouvelle vague d’IDE. La transition verte, la numérisation, l’agriculture circulaire et les normes de durabilité devraient devenir les moteurs principaux des investissements à venir.
Le pays souhaite attirer des investisseurs stratégiques dotés de technologies avancées, de capacités de gestion modernes et capables de promouvoir les liens avec les entreprises domestiques. Une telle orientation contribuera à accroître la valeur ajoutée des produits agricoles, à diversifier les marchés et à développer des chaînes de valeur complètes, compétitives et durables.
Les ministères de l’Agriculture et des Ressources naturelles et de l’Environnement déploient des politiques visant à passer d’une logique de “production agricole” à une approche centrée sur “l’économie agricole”, mettant en avant la valeur marchande, la qualité et la marque territoriale des produits.
Le Vietnam entend développer une véritable culture de marque pour ses produits agricoles, fondée sur les indications géographiques, la traçabilité et les normes de qualité reconnues internationalement.
Les domaines environnementaux constituent par ailleurs une priorité : traitement des eaux usées et des déchets agricoles, recyclage, énergies renouvelables, réduction des émissions et essor du marché carbone. Ces secteurs correspondent à la fois aux besoins urgents du pays et aux tendances globales en matière d’investissement.
Le ministère encourage également les entreprises étrangères à renforcer les chaînes de valeur vertes, à transférer les technologies avancées et à accompagner les agriculteurs dans l’adoption de pratiques intelligentes, biologiques et durables.
La préparation d’un nouveau décret remplaçant le décret n°57/2018 constitue une étape clé. Ce texte vise à lever les obstacles actuels, à renforcer les incitations et à offrir un cadre plus attractif et plus prévisible pour les investisseurs.
Il devrait ouvrir la voie à des partenariats plus solides, à une coopération internationale élargie et à une dynamique d’investissement plus vigoureuse dans l’agriculture verte.
D’ici 2030, le Vietnam ambitionne d’attirer quelque 25 milliards de dollars d’IDE dans l’agriculture, concentrés sur les projets à haute intensité technologique, respectueux de l’environnement et alignés avec les filières où le pays possède des avantages comparatifs : riz, produits aquatiques, fruits tropicaux, café, bois, etc.
Grâce à une orientation stratégique claire, à l’exploitation optimale de ses atouts et à une réforme institutionnelle déterminée, le Vietnam dispose de toutes les conditions pour devenir un centre régional de production et de transformation agricole moderne et durable, contribuant de manière significative à la croissance verte et à la prospérité future du pays.