Génération de revenus pour les populations dans les zones défavorisées
Le Vietnam se classe au 9e rang mondial en termes de superficie consacrée à la culture de manioc et au 7e en termes de production.
On dénombre aujourd’hui quelque 517 000 hectares de manioc, générant plus de 10 millions de tonnes de tubercules frais par an, auxquels s’ajoutent plus de 140 usines de transformation d’amidon, pour une capacité cumulée de 13,4 millions de tonnes.
L’amidon et les copeaux de manioc séchés constituent l’un des sept groupes de produits agricoles d’exportation majeurs, avec une valeur moyenne dépassant 1,1 milliard de dollars par an pendant la période 2015-2024.
Dans certaines zones montagneuses, la superficie moyenne de manioc atteint environ un hectare par ménage, constituant ainsi une source de revenus importante pour les agriculteurs.
Selon Do Van Dung, représentant du Service de l’Agriculture et de l’Environnement de la province de Thanh Hoa, ces dernières années, le manioc occupe et continue d’occuper une place déterminante dans la structure culturale de la province.
Avec une superficie annuelle de 13 000 à 15 000 hectares, concentrée dans les communes montagneuses, la production dépasse 250 000 tonnes de tubercules frais.
Selon les données disponibles, un rendement supérieur ou égal à 17 tonnes/ha permet aux agriculteurs de dégager plus de 10 millions de VND de bénéfice, un niveau équivalant voire supérieur à celui de la canne à sucre, du maïs ou de l’acacia.
Nguyen Thi Mai, du village 9 (commune de Lam Son, Thanh Hoa), a partagé : « autrefois, nous cultivions la canne à sucre sur un hectare, mais la forte pente du terrain limitait nettement la rentabilité. Depuis cinq ans, nous nous sommes tournés vers le manioc, une culture bien adaptée aux sols pentus et peu exigeante en investissements. Cette année, nous avons récolté près de 20 tonnes, un niveau de rentabilité largement supérieur à celui de la canne à sucre. »
Au cours des cinq dernières années, le Centre national de promotion agricole a mis en œuvre six projets visant à construire et multiplier des modèles de production durable du manioc couvrant 1 130 hectares dans de nombreuses provinces.
« Ces projets ont permis non seulement d’améliorer les rendements et les pratiques culturales, mais aussi de réduire l’érosion, de renforcer la protection de l’environnement et d’accroître les bénéfices de plus de 15 % par rapport aux méthodes traditionnelles », précise Hoang Van Hong, directeur adjoint du Centre.
Actuellement, le modèle d’agriculture durable sur terres en pente, avec le maïs et le manioc comme principales cultures dans la région montagneuse du Nord, couvre 350 hectares.
Ce modèle permet d’augmenter le rendement du manioc de plus de 10 %, de réduire l’érosion, de fournir 50 à 60 tonnes de fourrage/ha/an pour l’élevage bovin et d’accroître les revenus de 10 à 15 % par rapport aux pratiques classiques.
Renforcer la transformation en profondeur
Selon le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, au cours des dix premiers mois de 2025, les exportations de manioc et de produits dérivés ont atteint 3,4 millions de tonnes, pour une valeur de 1,04 milliard de dollars, dont 93 % à destination de la Chine.
Dans le contexte d’une intégration économique de plus en plus approfondie, le Vietnam participe à de nombreux accords de libre-échange (CPTPP, EVFTA, RCEP…), offrant d’importantes opportunités d’exportation pour les produits agricoles, dont le manioc.
Cependant, ces accords s’accompagnent d’exigences particulièrement rigoureuses en matière de qualité, de sécurité sanitaire, de traçabilité et de normes environnementales.
Faute d’innovations technologiques dans la transformation en profondeur, d’investissements dans la conservation ou encore dans la construction de marques fortes, la filière du manioc risque de perdre en compétitivité et de prendre du retard.
Nghiem Minh Tien, président du Conseil d’administration de la société Phuc Thinh (Thanh Hoa), spécialisée dans la production et la transformation de produits agro-forestiers et de matériel agricole, a souligné : « pour développer durablement la filière manioc, il faut impérativement connecter les usines aux zones de matières premières. Si ces zones bénéficient d'investissements importants, d'une productivité élevée et de revenus stables, les agriculteurs seront rassurés quant à leur production ».
« Notre usine collabore actuellement avec cinquante groupes de ménages cultivateurs sur une superficie de 7 000 hectares. Dotés d’une capacité de 250 tonnes par jour, nous transformons le manioc dans une logique circulaire : l’amidon est destiné à l’exportation, la pulpe à l’alimentation animale et les écorces à la production d’engrais organique », a-t-il partagé.
Le Plan de développement durable de la filière manioc à l’horizon 2030, avec une vision 2050, fixe des objectifs précis : préserver entre 480 000 et 510 000 hectares de cultures ; porter la production annuelle à 11,5-12,5 millions de tonnes de tubercules frais dont 85 % destinés à la transformation en profondeur (amidon, éthanol, GMS, etc.) ; appliquer des pratiques culturales durables sur 50 % des superficies ; et atteindre une valeur d’exportation comprise entre 1,8 et 2 milliards de dollars.