Les investisseurs thaïlandais renforcent leur présence au Vietnam

Selon M. Praween Wirotpan, président de l’Association des entreprises thaïlandaises au Vietnam (ThaiCham), les investisseurs thaïlandais intensifient leurs activités au Vietnam par le biais de nouveaux investissements et d’opérations de fusions-acquisitions (M&A).
M. Praween Wirotpan, président de l’Association des entreprises thaïlandaises au Vietnam (ThaiCham). Photo : baodautu.
M. Praween Wirotpan, président de l’Association des entreprises thaïlandaises au Vietnam (ThaiCham). Photo : baodautu.

Pouvez-vous nous parler du flux de capitaux thaïlandais vers le Vietnam et des préférences des investisseurs ?

La Thaïlande se classe au 9ᵉ rang parmi les pays et territoires investissant au Vietnam, avec un total de 14,3 milliards de dollars de capitaux depuis 1988.

Nous sommes le deuxième investisseur de l’ASEAN après Singapour.

Les préférences des investisseurs thaïlandais sont très variées.

Nous avons établi une forte présence dans de nombreux secteurs, allant de la production et la transformation à la vente au détail, à l’électricité, à la logistique, à la banque et à l’agriculture.

Les entreprises thaïlandaises sont également actives dans les domaines de l’alimentation et des boissons, des matériaux de construction, du crédit à la consommation, des biens de grande consommation (FMCG) et de l’immobilier industriel.

De grands groupes, tels que ThaiBev, C.P. Group, SCG, Bangkok Bank, KBank, Central Group et Amata opèrent avec succès au Vietnam.

Les entreprises thaïlandaises apportent au marché vietnamien à la fois leur expérience et des capitaux de haute qualité, avec la présence de marques fiables à travers des produits et services de classe mondiale.

Comment les entreprises thaïlandaises ont-elles étendu leurs investissements au Vietnam ces derniers temps ?

Les entreprises thaïlandaises continuent de délocaliser leur production vers le Vietnam.

À titre d’exemple, Amata développe des zones industrielles et des usines de snacks à Binh Duong (au Sud du Vietnam) afin de profiter des opportunités offertes par le Vietnam en tant que centre manufacturier mondial.

Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises thaïlandaises investissent dans les services, notamment la vente au détail et l’hôtellerie, pour capter le potentiel d’un marché au fort dynamisme démographique et à la classe moyenne en pleine expansion.

Les grandes sociétés commerciales thaïlandaises explorent également le marché de consommation vietnamien.

Les opérations de M&A sont particulièrement dynamiques au Vietnam. Comment les investisseurs thaïlandais saisissent-ils ces opportunités ?

Le Vietnam offre de nombreuses opportunités aux entreprises thaïlandaises désireuses de devenir des partenaires solides, en stimulant les secteurs de la production et des services.

Outre sa stabilité politique, le Vietnam bénéficie d’une main-d’œuvre qualifiée, d’un accès aux marchés mondiaux via des accords de libre-échange (ALE), et d’un environnement propice à l’investissement.

De nombreuses synergies restent à exploiter entre le Vietnam et la Thaïlande, notamment dans les domaines de la logistique, des énergies renouvelables, des industries de soutien à l’automobile et des semi-conducteurs.

Les entreprises thaïlandaises manifestent un vif intérêt pour les M&A.

En 2024, nous sommes en tête des opérations de fusions-acquisitions au Vietnam.

Plusieurs transactions notables ont été conclues par des sociétés thaïlandaises, notamment les chaînes Big C, Nguyen Kim, Sabeco, Nhua Duy Tan, Nhua Binh Minh, avec de bons résultats à la clé.

Le dynamisme et la proximité culturelle et humaine entre nos deux pays favorisent des partenariats commerciaux fondés sur un esprit de coopération mutuellement bénéfique.

Pensez-vous que le marché vietnamien reste attractif pour les investisseurs thaïlandais dans l’avenir ?

À moyen et long terme, le Vietnam conserve un fort potentiel de développement grâce à la stabilité macroéconomique et à son ouverture aux marchés mondiaux.

La classe moyenne y accroît ses dépenses dans le logement de qualité, les soins de santé, l’éducation, les loisirs, l’électronique et les produits de marque.

Toutefois, à court terme, certains obstacles doivent être surmontés.

La restructuration en cours et les réformes réglementaires peuvent améliorer l’environnement d’investissement, mais l’absence de clarté dans certaines politiques – telles que la taxe minimale mondiale (GMT), la responsabilité élargie du producteur (EPR) ou encore les règles sur les énergies renouvelables – peut poser problème.

Par ailleurs, les incertitudes liées aux politiques tarifaires de l’administration Trump aux États-Unis font planer un risque de concurrence accrue, notamment dans le contexte d’une tendance mondiale aux exportations indirectes.