Cam Thanh, Thanh Ha (à Da Nang) ou Tan Hoa (province de Quang Tri) prouvent qu’en préservant l’âme rurale, on donne naissance à l’une des formes de tourisme les plus durables et les plus nobles.
Cam Thanh, situé dans le quartier de Hoi An Dong, à Da Nang – un village à l’embouchure où se rejoignent les trois rivières Thu Bon, Truong Giang et Lo Canh Giang – vient d’être classé par le magazine américain Forbes au 20ᵉ rang des 50 plus beaux villages du monde.
À sa suite, le village de poterie de Thanh Ha s’est vu décerner le prix du « Meilleur site de tourisme communautaire de l’année 2025 ».
Ces distinctions ne sont pas de simples titres honorifiques, elles consacrent une vision du développement fondée sur le respect et la sauvegarde des racines.

Alors que de nombreuses localités s'empressent de bétonner et de niveler les rizières pour construire des zones urbaines, Hoi An choisit de garder la terre du village et de préserver l'espace rural.
À Cam Thanh, nul n’est expulsé pour faire place aux investisseurs. Les villageois restent les maîtres de leur espace vital.
Ils valorisent leur savoir-faire, leur mémoire et leur hospitalité pour faire vivre un tourisme authentique.
En venant à Cam Thanh, les touristes peuvent faire l'expérience de la balade en bateaux paniers traditionnels, explorer la forêt de cocotiers, participer aux activités de la production agricole locale et découvrir la culture autochtone - un modèle touristique unique.
Ils peuvent également créer des objets artisanaux en bambou ou en palmier d’eau, réaliser des peintures sur papier de fibres de cocotier, ou façonner de petites œuvres décoratives.

Les artisanats à base de bambou et de cocotier, les tableaux en fibres de palmier, les objets décoratifs ou souvenirs - paniers, chapeaux, lampes, animaux - séduisent par leur authenticité.
Selon Tran Tan Dung, président du Comité populaire du quartier de Hoi An Dong, la localité met l’accent aussi sur l’agrotourisme biologique.
« Les visiteurs peuvent vivre une journée de paysan, repiquer le riz, monter le buffle, préparer le compost ou cultiver des légumes bio. Ces activités, originales et immersives, valorisent l’image d’un Cam Thanh respectueux de l’environnement tout en générant des revenus stables pour les agriculteurs », a-t-il partagé.
Une maison en chaume au bord des palmiers d’eau peut devenir un produit touristique.
Une balade en bateau-panier, un repas de campagne, une chanson folklorique… tout cela apporte une valeur économique.
Les autorités locales n’imposent rien par la force, elles orientent, accompagnent, ouvrent la voie pour que les habitants puissent vivre mieux sans renier leurs origines.

Avant même la reconnaissance de Forbes, le village enregistrait environ 100 millions de dôngs de recettes quotidiennes issues des billets d’entrée.
Après la distinction, ce chiffre a grimpé à 170 millions, sans compter les revenus liés aux services de navigation, de restauration ou d’hébergement, rapportant chaque année des dizaines de milliards de dôngs.
C’est là un modèle économique efficace, durable et profondément humain.
Le village de poterie de Thanh Ha, dans le quartier de Hoi An Tay, suit la même philosophie.
Les artisans y façonnent la poterie de leurs propres mains, non plus pour le commerce de gros, mais pour permettre aux visiteurs d’en faire l’expérience. Ici, le tourisme communautaire nourrit le patrimoine et le fait vivre.

Auparavant, Tan Hoa (anciennement rattaché à Quang Binh, aujourd’hui commune de Kim Phu, province de Quang Tri) avait déjà été distingué par l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO) comme « Meilleur village touristique du monde 2023 ».
Le site a développé un modèle de tourisme adapté aux conditions climatiques et proposé des expériences touristiques variées : séjours chez l'habitant, pratique de la production agricole, repas chez l'habitant, fabrication de souvenirs et de multiples services authentiques.
Dans un contexte d’urbanisation galopante, alors que nombre de campagnes perdent leur terre, leur métier et leur identité, ces villages précités incarnent une autre voie : se développer sans renier ses racines, prospérer sur la terre natale.

C'est un développement sans compromis, une richesse issue de la culture, et non de terres abandonnées ou de villas.
Ainsi, la reconnaissance de Forbes pour Cam Thanh ou celle de l’OMT pour Tan Hoa n’ont rien du hasard : elles affirment une évidence.
Protéger les ressources naturelles et préserver les valeurs culturelles du village, unir l’homme et l’écosystème, concilier écologie et culture - voilà le vrai chemin vers la prospérité.

Ces petits villages recèlent de grandes leçons : le développement ne consiste pas à détruire l’ancien, mais à réinventer les valeurs traditionnelles par l’intelligence et la sincérité humaine - une démarche que bien des villages vietnamiens pourraient adopter avec succès.