Un « musée vivant » au cœur du Géoparc mondial du plateau karstique de Dong Van

Dans l’harmonie entre conservation et développement au Géoparc mondial du plateau karstique de Dong Van, dans l’ancienne province de Ha Giang (actuelle province de Tuyen Quang), la question de savoir comment préserver les valeurs anciennes « vivantes » dans un nouveau contexte demeure une préoccupation majeure de la société.

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La vallée de Sung La, une destination touristique attrayante du Plateau rocheux de Dong Van. Photo: VOV

Le plateau karstique de Dong Van, véritable vitrine du tourisme vietnamien, connaît un essor remarquable ces dernières années. Mais ce développement s’accompagne de pertes : certains éléments disparaissent au profit de nouveautés mieux adaptées à la vie des habitants. D’autres, une fois absents, suscitent toujours une profonde nostalgie.

Quiconque a foulé une fois le sol du plateau de Dong Van garde en mémoire ce territoire envoûtant. Les paysages changent au rythme des saisons : routes de montagne aux roches grises parsemées de la teinte violette des fleurs de sarrasin, panoramas simples ou majestueux, à la fois sauvages et poétiques. Dans ce décor naturel fascinant, l’espace de vie des hommes éveille inévitablement l’émotion.

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Le hameau Cau Ha vu depuis le flanc de la pente. Photo: VOV

Le hameau de Cau Ha, niché derrière les hautes montagnes de la commune de Sa Phin, sur le plateau de Dong Van, se compose de quatre familles Hmong issues de quatre générations d’une même lignée. Selon Hau Mi No, membre de la famille : « À l’origine, il n’y avait qu’une seule maison, celle de nos ancêtres, bâtie il y a près de 200 ans. Puis, au fil des générations, d’autres maisons se sont greffées de part et d’autre. La plus récente a déjà plus d’un siècle. Petit à petit, en ajoutant cuisines et étables, le hameau s’est formé tel qu’il est aujourd’hui. »

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Le hameau comprend quatre maisons principales (trois en pisé, une en bois) et plusieurs bâtiments annexes. Photo: VOV

Yasushi Ogura, un Japonais passionné par le plateau de Dong Van et impliqué depuis de nombreuses années dans la préservation du patrimoine culturel local, témoigne : « Alors que l’habitat traditionnel des Hmong sur le plateau de Dong Van se transforme et s’efface peu à peu, le hameau de Cau Ha constitue un héritage précieux, où l’on retrouve encore l’authenticité de la culture Hmong. »

Avec l’ambition de protéger ce mode de vie ancestral face aux pressions du tourisme et de la modernité, M. Ogura appelle la communauté à se mobiliser. C’est dans cet esprit qu’est né le nom de « musée vivant de Cau Ha ».

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Dans la petite cuisine du “Musée vivant Cau Ha”. Photo: VOV

« Ce n’est pas seulement l’existence de maisons centenaires entourées de murets de pierre, ni les murs de terre érigés selon la technique traditionnelle du pisé. À Cau Ha, tout – des outils agricoles les plus simples, comme couteaux, faucilles, charrues, jusqu’aux meubles et objets du quotidien – continue de “vivre” aux côtés des habitants, comme le faisaient leurs ancêtres depuis des siècles. Voilà pourquoi j’appelle cet endroit le “musée vivant de Cau Ha” : ici, tout respire la vie et tout doit être protégé et transmis intact aux générations futures », explique-t-il.

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Une femme filant le lin dans la cour du “Musée vivant Cau Ha”. Photo: VOV

Dans les cours intérieures, on peut encore voir une vieille femme filer le lin, des femmes préparer repas et alcool de maïs, tandis qu’un chamane accomplit un rituel dans la maison principale. Le hameau dégage une simplicité et une sérénité qui condensent l’âme du plateau karstique et nourrissent la nostalgie de Dong Van chez tant de voyageurs.

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Un chamane célébrant un rite dans la maison principale du “Musée vivant Cau Ha”. Photo: VOV

Face à l’afflux croissant de visiteurs attirés par le tourisme « check-in » et les expériences d’authenticité, le hameau de Cau Ha accueille désormais de nombreux curieux. Pour préserver son intégrité, M. Ogura et les habitants ont installé à l’entrée une petite pancarte appelant au respect :

« Nous sollicitons la coopération des visiteurs pour maintenir les paysages et l’environnement du “musée vivant de Cau Ha”. Nos vieilles maisons et les environs de notre village doivent être conservés. Pour y parvenir, les habitants consentent à de grands efforts et acceptent même des sacrifices. Nous limitons toutes activités commerciales afin d’éviter que le village ne devienne une destination touristique mercantile, dans le but de sauvegarder les valeurs culturelles traditionnelles des Hmong. »

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Sur le perron de la maison principale du “Musée vivant Cau Ha”. Photo: VOV
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