Développement durable des villages artisanaux côtiers

Les établissements, les foyers et les entreprises misent sur l’innovation technologique, la diversification des produits et le renforcement de la promotion commerciale, ouvrant ainsi une voie de développement durable pour les métiers artisanaux dans les zones côtières de la province de Vinh Long, au Sud du Vietnam.

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Une collection miniature d’objets ménagers de la vie rurale produite par la coopérative de vannerie de Giong Dinh, commune de Dai An, province de Vinh Long.

Redonner vie aux métiers, les rendre efficaces et durables contribue à bâtir des zones rurales modernes et civilisées. Actuellement, la zone côtière de la province compte plus de 12 000 établissements artisanaux, 13 villages métiers, assurant une activité durable pour plus de 30 000 travailleurs ruraux.

Un essor des métiers du paillasson et des nattes

Selon Le Quang Thanh, vice-président du conseil populaire de la commune de Nhi Long, les principaux produits artisanaux de la commune sont issus de cây lác (Cyperus malaccensis), de la noix de coco, des tiges de jacinthe d’eau (eichhornia), destinés au marché intérieur et à l’exportation. La commune exploite plus de 400 hectares de Cyperus malaccensis en monoculture : le rendement moyen atteint 800 kg de Cyperus malaccensis de première qualité et 200 kg de seconde catégorie par hectare. Cette ressource excellente alimente les artisans de la province et au-delà.

Chaque année, le secteur industriel et artisanal de Nhi Long fournit près de deux millions de pièces pour les marchés intérieurs et étrangers, permettant à plus de 3 000 travailleurs ruraux de percevoir un revenu stable de 6 à 7 millions de dongs par mois.

Depuis plusieurs années, la province privilégie les investissements dans les infrastructures routières et électriques, clés du développement socio-économique local. Au-delà d’un aménagement territorial des villages métiers conforme aux potentialités locales, la province encourage fortement les unités artisanales, les coopératives, les entreprises à moderniser leurs équipements, adopter des technologies plus performantes, améliorer le design, ou encore diversifier la gamme de produits.

Nguyen Thi Minh Trang, propriétaire d’un atelier de tissage de nattes à Duc My (Nhi Long), déclare : « Pour accroître la productivité, nous avons investi près de 300 millions de dongs pour acquérir dix métiers semi‑automatiques. Le tissage avec ces machines permet un rendement dix fois supérieur à celui de l’artisanat manuel. Par conséquent, notre chiffre d’affaires et nos profits ont augmenté, et les revenus des salariés ont doublé, voire triplé par rapport à avant. »

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Mme Nguyen Thi Minh Trang, propriétaire d’un atelier de tissage de nattes à Duc My, commune de Nhi Long, est en train de tisser une natte à l’aide d’un métier semi-automatique.

Depuis 2021, la société à responsabilité limitée Ut Mung et l’entreprise de coco Tan Phat maintiennent de nombreux contrats d’exportation, pour des tapis en fibre de coco, des cordages, générant un chiffre d’affaires proche de 100 milliards de dongs par an. En 2024, la coopérative de tissage de nattes et tapis Quyet Tam, à Nhi Long, a produit plus de 30 000 pièces de nattes non teintées, nattes en Cyperus malaccensis vert, cœurs de Cyperus malaccensis, employant près de 100 ouvriers ruraux.

Récemment, certaines unités artisanales locales ont commencé à produire des engrais organiques à partir de résidus de coco, de micro-organismes… Ce type d’initiative améliore la fertilité des sols. Le secteur artisanal de Nhi Long s’est ainsi enrichi de métiers connexes : fibre de coco, production de terreau propre, fabrication de tapis en coco.

Des métiers ruraux comme moteur de vie économique

Le village artisanal de tissage de nattes florales « Cà Hom ‑ Bến Bạ », pratiqué par la communauté khmère de la commune de Hàm Giang, s’est transmis depuis presque un siècle. Autrefois, lors des fêtes et du Nouvel An, ce village fournissait des dizaines de milliers de nattes à motifs double face, esthétiques et durables, offrant du travail à plus de 300 artisans ruraux.

Les nattes à motifs de ce village avaient toujours une valeur supérieure à celles d’autres régions, et restaient rares, tant la demande était grande. À Cà Hom et Bến Bạ, chaque maison disposait de deux à trois cadres de tissage, utilisés jour et nuit.

Avec le temps, le métier a faibli : le manque d’innovation dans les modèles, la rareté des matières premières ont nui à la compétitivité. La plupart des artisans tisserands ont mis à l’arrêt leurs métiers, ou continuent seulement de façon très modeste.

Pour préserver ce patrimoine traditionnel tout en en faisant un levier de développement économique et touristique, les autorités locales ont mis en œuvre des politiques de soutien : aides financières, formation, recherche de nouveaux modèles de produit.

Ainsi, les ateliers tisserands du village reçoivent des aides pour l’achat de métiers modernes, permettant de donner du travail stable à plus de 100 ouvriers, avec des revenus journaliers de 200 000 à 250 000 dongs par personne.

En août 2024, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a inscrit le métier de la natte Ca Hom ‑ Ben Bạ (commune de Ham Giang) sur la liste du patrimoine culturel immatériel national.

Par ailleurs, le Service du commerce de la province, en partenariat avec la commune de Dai An, a organisé des cours de transmission du savoir‑faire pour 70 membres de la coopérative Giong Dinh. À cette occasion, ceux‑ci ont produit des objets décoratifs en vannerie miniature, appréciés tant par les marchés nationaux qu’internationaux.

À Ham Giang, l’entreprise familiale Thach Tri Canh, témoigne aussi de ce renouveau. Avec le soutien des services du commerce, elle a pu acquérir des perceuses et outils de travail du bambou, réduisant de moitié le temps de fabrication de ses salons de bambou. Aujourd’hui, les ateliers de la commune remplacent progressivement les produits traditionnels par des meubles en bambou, étagères, présentoirs pour produits agricoles, à haute valeur ajoutée.

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Les habitants khmers du hameau de Giong Dinh, commune de Dai An, fabriquent des objets ménagers miniatures en vannerie, générant ainsi un revenu pour leur foyer.

Le petit mobilier en bambou miniature de Diep Thi Trang (commune de Dai An) et le salon de bambou de l’entreprise Trì Cảnh (commune de Ham Giang), distingués par le ministère de l’Industrie et du Commerce comme « produits industriels ruraux exemplaires », illustrent que la politique de formation, de promotion commerciale, et le renouveau des métiers khmers de vannerie et de fabrication de lits en bambou portent leurs fruits.

Selon le Service de l’Agriculture et de l’Environnement de Vinh Long, les enquêtes réalisées dans les villages métiers côtiers montrent que l’infrastructure électrique et routière demeure insuffisante, que les ouvriers manquent d’initiative, et que la productivité reste faible. La province prévoit donc, pour les années à venir, des mesures pour attirer davantage d’investissements dans les équipements, moderniser les technologies de production, diversifier les produits, et former artisans et maîtres artisans. Un développement efficient et durable des métiers artisanaux contribuera à bâtir une campagne à la fois moderne et civilisée.

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