Renforcer la coopération économique frontalière entre le Vietnam et le Cambodge

Partageant plus de 1 137 kilomètres de frontière terrestre, le Vietnam et le Royaume du Cambodge disposent de 50 postes frontaliers reliant 17 provinces des deux pays. Cette frontière commune constitue depuis longtemps une artère économique vitale du bassin du Mékong et joue un rôle clé dans la coopération sous-régionale.

Le vice-Premier ministre et ministre de la Défense du Royaume du Cambodge, Samdech Pichey Sena Tea Banh (au centre), remet une copie de la carte topographique de la frontière Cambodge–Vietnam aux représentants des organismes compétents cambodgiens en 2020. Photo : VNA.
Le vice-Premier ministre et ministre de la Défense du Royaume du Cambodge, Samdech Pichey Sena Tea Banh (au centre), remet une copie de la carte topographique de la frontière Cambodge–Vietnam aux représentants des organismes compétents cambodgiens en 2020. Photo : VNA.

Dans le contexte d’un partenariat bilatéral en plein essor, les deux parties se sont fixé pour objectif de porter le commerce bilatéral à 20 milliards de dollars d’ici 2030 – un objectif jugé réalisable à condition de renforcer les infrastructures frontalières et de lever les obstacles administratifs existants.

Dynamisme du commerce frontalier

Selon le Service de l’Industrie et du Commerce de la province de Tay Ninh, le chiffre d’affaires à l’import-export entre les entreprises locales et le Cambodge a atteint plus de 2 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de 2025, soit 11 % du commerce extérieur total de la province et une hausse de 17 % sur un an.
Les exportations, estimées à 707 millions de dollars (+8 %), concernent principalement le textile, les chaussures, les machines et les équipements. Les importations, d’une valeur de 1,3 milliard de dollars (+23 %), portent sur les matières premières pour le textile et la chaussure, les noix de cajou, le caoutchouc et les produits plastiques.

Tay Ninh dispose actuellement de quatre postes frontaliers internationaux (Moc Bai, Xa Mat, Tan Nam et Binh Hiep), de quatre postes nationaux et de treize postes auxiliaires, facilitant un flux commercial de près de 500.000 véhicules sur huit mois, générant 500 milliards de dôngs de recettes. Ces chiffres témoignent du potentiel considérable du commerce transfrontalier.

Parallèlement, la province ambitionne de devenir un centre régional de transit de marchandises vers le Cambodge, la République Démocratique Populaire Lao, la Thaïlande et d’autres pays de l’ASEAN. Pour cela, elle a soumis au gouvernement le plan directeur de la zone économique frontalière de Moc Bai (21.284 ha) et celui de Xa Mat (34.890 ha), tout en préparant la construction du poste frontalier principal de Phuoc Tan (20,78 ha).

En outre, Tay Ninh a prévu de créer 14 centres logistiques couvrant 1.288 hectares dans des localités stratégiques telles que Can Giuoc, Ben Luc, Kien Tuong, Ben Cau et Tan Bien. Ces projets visent à moderniser la chaîne logistique transfrontalière et à soutenir la croissance des échanges régionaux.

Vers un réseau logistique intégré

Le Port international de Long An est appelé à devenir un maillon essentiel du réseau logistique du Mékong, contribuant à décongestionner les routes terrestres et à renforcer la connectivité multimodale. La province a proposé au ministère de l’Industrie et du Commerce d’inclure ce port dans l’Accord fluvial Vietnam–Cambodge, et de rehausser le poste frontalier de My Quy Tay au rang de poste international.

En parallèle, Tay Ninh accorde une attention particulière à la formation des ressources humaines dans le domaine du transport et de la logistique, en mettant en place des politiques d’incitation pour attirer des experts qualifiés et expérimentés, dans le but de bâtir une main-d’œuvre logistique compétente et durable.

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Le stand d’exposition de la province de Nghe An au Royaume du Cambodge. Photo: DNTT

Avis du partenaire cambodgien

Pour Mme Leng Bopha, directrice générale de l’entreprise Kon Khmer Rice Mill (Cambodge), le développement du commerce du riz dépendra d’un mécanisme tarifaire plus favorable entre les deux pays. “Une réduction, voire une exonération des droits d’importation sur certaines variétés de riz premium permettrait aux produits cambodgiens d’être plus compétitifs sur le marché vietnamien”, a-t-elle souligné, avant d’ajouter que la diminution des coûts de transport et d’entreposage serait également déterminante.

De son côté, M. Tith Rithipol, secrétaire d’État adjoint au ministère du Commerce du Cambodge, a encouragé les entreprises vietnamiennes à investir dans des secteurs à forte valeur ajoutée tels que l’agriculture moderne, la transformation alimentaire, l’électronique, la finance, le numérique, le tourisme et la logistique. Il a également plaidé pour la modernisation des infrastructures commerciales frontalières et l’harmonisation des procédures douanières et juridiques, afin de lever les obstacles freinant la circulation des biens et des services.

Objectifs communs pour 2030

Selon le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, les échanges bilatéraux ont atteint plus de 7 milliards de dollars sur les sept premiers mois de 2025, soit une progression de 16,3 % par rapport à la même période de 2024. Les exportations vietnamiennes s’élèvent à 3,2 milliards de dollars (+5,1 %), tandis que les importations, dominées par les produits agricoles cambodgiens, s’élèvent à 3,8 milliards de dollars (+28,1 %).

La vice-ministre Phan Thi Thang a affirmé que pour concrétiser l’objectif des 20 milliards de dollars d’échanges d’ici 2030, il est essentiel de renforcer la coordination bilatérale dans la planification et le développement des infrastructures frontalières, d’accélérer la numérisation des procédures douanières et de promouvoir le modèle de “poste frontalier intelligent”.

“Le commerce frontalier Vietnam–Cambodge n’est pas seulement une question économique, mais aussi un levier de stabilité, de développement et de prospérité partagée pour les deux pays”, a-t-elle conclu.

NDEL
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