L’originalité de la cérémonie de bénédiction d’une nouvelle maison chez les Ê Dê à Dak Lak

Dans la région des Hauts Plateaux du Centre du Vietnam (Tây Nguyên), où la tradition du « ăn năm uống tháng » (festivités prolongées) rythme la vie des villages, la communauté Ê Đê de la commune de Cu Pong, district de Krông Buk, province de Dak Lak, a organisé une grande cérémonie de bénédiction pour célébrer l’achèvement de la maison longue communautaire du village.

Dès les premières lueurs du jour, la maison communautaire du village Khal s’anime : les anciens du village et les figures respectées préparent les offrandes et ajustent les gongs, tandis que les jeunes s’occupent du vin de riz, des viandes et de l’aménagement du lieu. Les femmes, vêtues de leurs tenues traditionnelles en brocart, s’activent à piler le riz, trier les légumes et allumer les foyers.

Chacun à sa tâche, unissant leurs efforts pour préparer la cérémonie de bénédiction de la maison communautaire. Photo : VOV

Chacun à sa tâche, unissant leurs efforts pour préparer la cérémonie de bénédiction de la maison communautaire. Photo : VOV

H’Hinh Niê, habitante du village Khal, partage son enthousiasme :

« Dès l’aube, nous nous sommes mobilisées pour préparer les repas et embellir la maison afin d’accueillir nos invités. C’est une immense joie de voir que cette tradition ancestrale de notre peuple Ê Dê est toujours préservée. »

La cérémonie suit les rites traditionnels des Ê Dê, célébrant l’achèvement de la maison communautaire, qui est un symbole d’unité et de solidarité. Parce qu’il s’agit d’une maison collective, toute la communauté participe aux préparatifs.

Les offrandes comprennent : un porc, un poulet, six jarres de rượu cần (alcool de riz à siroter avec une paille de bambou) et divers aliments issus de l’agriculture locale.

Lorsque tout est prêt, les gongs résonnent, signalant le début du rituel. Le prêtre réalise alors les prières sacrées, accompagnées du son envoûtant des gongs. À travers ces prières, les habitants expriment leurs vœux de prospérité, de cohésion et de protection pour la maison et les villageois.

Selon Y H’Liêm Mlô, prêtre du village Khal, la cérémonie de consécration d’une nouvelle maison chez les Ê Dê comportait autrefois cinq étapes : informer les divinités de la construction de la maison ; honorer les ancêtres ; purifier la maison ; bénir la famille et célébrer la nouvelle demeure.

Aujourd’hui, ces rites sont parfois simplifiés en fonction des circonstances, mais leur essence demeure intacte. « Nos ancêtres croyaient que la construction d’une maison pouvait déranger les esprits. Ce rituel vise à purifier la demeure et à attirer les bénédictions pour ses habitants », explique Y H’Liêm Mlô.

Au rythme envoûtant des gongs, le prêtre exécute les rites traditionnels des Ê Dê, invoquant la paix, l’unité, la prospérité des récoltes et une vie abondante pour toute la communauté. Photo : VOV

Au rythme envoûtant des gongs, le prêtre exécute les rites traditionnels des Ê Dê, invoquant la paix, l’unité, la prospérité des récoltes et une vie abondante pour toute la communauté. Photo : VOV

À mesure que la cérémonie touche à sa fin, les sons des gongs s’intensifient, marquant le début des festivités. La communauté se regroupe autour d’un banquet chaleureux, où les villageois dégustent les plats traditionnels et partagent des jarres de rượu cần dans une ambiance conviviale.

Y Yuynh Kbuôr, chef du village Khal, confie : « Ce rituel est non seulement une occasion de rassemblement, mais aussi un moment privilégié pour célébrer notre culture, notre musique et nos traditions. Il renforce notre cohésion et notre attachement à notre identité. »

Chez les Ê Dê, la cérémonie de consécration d’une nouvelle maison incarne un profond respect pour les divinités, remerciant les esprits protecteurs pour les récoltes prospères et les conditions favorables à la construction.

Dans le cas d’une maison communautaire, elle symbolise l’unité et la solidarité du village, tout en illustrant l’engagement des autorités à préserver et promouvoir les richesses culturelles des minorités ethniques.