L'image d'un petit garçon d'origine vietnamienne, vêtu de « l'ao dài » (tunique traditionnel vietnamien), racontant avec passion des histoires sur le Vietnam, est devenue familière pour de nombreux élèves français.
À l'occasion de la Journée internationale de la langue maternelle (21 février), nous avons eu l’occasion d’échanger avec Nam Khanh pour en savoir plus sur ses activités inspirantes.
Ayant vécu en France depuis l'âge de deux ans, qu'est-ce qui vous a inspiré à cultiver l'amour et la volonté de préserver votre langue maternelle et la culture vietnamienne ?
En France, on m'a souvent posé des questions surprenantes : « Le Vietnam est-il vraiment un pays pauvre ? », « La plupart des Vietnamiens travaillent-ils encore dans les champs ? », voire « Le Vietnam a-t-il des téléphones portables ? ».
J'ai alors voulu montrer le Vietnam tel que je le vois : un pays moderne, riche de traditions et d'une culture variée. Je souhaite que les gens aiment le Vietnam comme moi, pour sa diversité et sa beauté. Et chaque fois que je présente la culture vietnamienne, je me sens plus proche de mon pays natal.
Comment êtes-vous devenu un jeune orateursur la culture vietnamienne dans les écoles primaires en France ?
J'ai commencé en classe de CM2, d'abord en aidant ma mère comme assistant. Mais après quelques sessions, j'ai supplié ma mère de me laisser présenter seul. J'étais fier de pouvoir raconter à mes camarades les plats délicieux, les paysages magnifiques et les traditions uniques du Vietnam.
Lors des ateliers, en parlant du Vietnam, j'avais l'impression que mon pays était juste là, à côté. Plus je le présentais, plus j'avais l'impression d’y voyager de nouveau. Aujourd'hui encore, je continue sur cette voie.
Qu'est-ce qui vous motive dans ce travail ? Avez-vous des souvenirs marquants ?
Pour préparer chaque session de partage, au début, je devais m’entraîner à parler de nombreuses fois pour être parfaitement à l’aise. Avant chaque séance, je préparais une valise contenant de nombreux objets spéciaux qui évoquent le Vietnam ou qui sont typiquement vietnamiens.
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Nam Khanh présente la culture vietnamienne aux élèves français. Photo : baoquocte.vn |
Par exemple, une bouteille de sauce de poisson, une maquette de cyclo-pousse, un livre en vietnamien ou un conte vietnamien, des objets symbolisant le Têt traditionnel comme une boîte de friandises du Nouvel An lunaire, des enveloppes rouges contenant des billets de monnaie vietnamienne. Je préparais même des fleurs d'abricotier et de pêcher en plastique.
Une fois, lors d'une intervention auprès des élèves pour parler du Têt, j’ai même glissé un balai dans ma valise. Quand je l’ai sorti, tout le monde a éclaté de rire et m’a demandé pourquoi. J’ai expliqué qu’au premier jour du Nouvel An lunaire, les Vietnamiens ne balaient pas la maison, car ils ne veulent pas chasser la chance. Tous les travaux de nettoyage sont faits avant le Têt pour accueillir la nouvelle année dans la prospérité.
Il y a un autre souvenir très amusant. Lors de l'un de mes tout premiers cours, je portais un « ao dài », et en entrant dans la classe, les élèves étaient très surpris et m'ont demandé pourquoi je portais une robe. Je leur ai expliqué que c'était la tenue traditionnelle vietnamienne, appelée « ao dài ». Ensuite, je leur ai proposé d’essayer l'ao dài, et ils ont été très impressionnés par sa beauté et son confort.
Comment percevez-vous votre rôle d’ambassadeur culturel, en particulier après avoir été honoré du prix Jeune Talent des Prix internationaux du Vietnam 2024 ?
Après avoir eu l’honneur de recevoir ce prix à Londres en octobre 2024, j’ai ressenti une motivation encore plus grande pour continuer à faire découvrir la culture vietnamienne. Cela signifie que j’ai réellement eu un impact. Pour moi, ce prix prouve que tout peut devenir réalité avec de la passion et de la persévérance.
Nguyên Hoàng Nam Khanh, né en 2011, parle couramment le vietnamien, l’anglais, le français et l’espagnol. Il est actuellement intervenant dans des programmes éducatifs visant à promouvoir la culture vietnamienne dans des écoles françaises telles que Sainte Madelaine de la Joliverie, Blanche de Castille, Condorcet, Jacqueline Auriol, et l'École du Menez.
L'année dernière, il a été invité à partager avec des élèves de CM2 sur le thème des droits de l’enfant. Après réflexion, il a choisi de raconter le conte vietnamien « La légende de la pastèque », en intégrant des éléments pour illustrer des droits fondamentaux des enfants, comme le droit d’être aimé, d’avoir un foyer ou d’être écouté. Après la séance, les élèves ont non seulement mieux compris leurs droits, mais ont aussi découvert un conte vietnamien.
À ce jour, il est intervenu dans environ 16 établissements scolaires, dans plusieurs villes, pour présenter et partager la culture vietnamienne avec des élèves français, de la maternelle au lycée. Il ne compte pas s’arrêter là : il souhaite continuer à promouvoir la culture vietnamienne auprès d’un maximum d’amis internationaux, pour leur montrer tout le potentiel et la richesse que le Vietnam a à offrir.
Revenez-vous souvent au Vietnam avec votre famille ? Que ressentez-vous lorsque vous retournez dans votre pays natal ?
En général, je retourne au Vietnam une fois par an, en février, lorsque le temps est encore froid en France. Cependant, à cause de la pandémie de Covid-19, je suis resté bloqué en France pendant six ans, et ce n’est que cette année que j’ai enfin pu revenir dans mon pays natal.
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Nam Khanh présente la culture vietnamienne aux élèves français. Photo : baoquocte.vn |
Ce retour au Vietnam m’a fait me sentir mieux, plus motivé, comme si je rentrais vraiment chez moi. Depuis la pandémie de Covid-19, j’ai commencé à me sentir plus attaché à la langue vietnamienne, qui est devenue une partie familière de mon quotidien. Récemment, j’ai eu l’occasion de parler de la culture française aux élèves d’une classe spécialisée en français à Ninh Binh et à des élèves de CM2 d’une école bilingue à Vung Tàu (au Sud). Les expériences vécues au Vietnam, comme aller à la mer ou pêcher, sont pour moi des souvenirs inoubliables.
Quels sont vos projets pour réaliser vos rêves à l’avenir ?
J’ai passé plusieurs années à partager et à parler de la culture vietnamienne avec mes amis français. À l’avenir, j’aimerais devenir un véritable ambassadeur culturel, avec pour mission de promouvoir et de relier la culture vietnamienne aux cultures du monde entier.
Je suis prêt à consacrer encore de nombreuses années à aider les gens du monde entier à mieux connaître la beauté, la richesse et la diversité de la culture vietnamienne.
Mon objectif n’est pas seulement de faire découvrir la culture vietnamienne, mais aussi de créer un pont entre le Vietnam, la France et le reste du monde. Car cela permettra à chacun de mieux comprendre la vastitude du monde, de respecter les différences et de réaliser que chaque culture est belle et unique à sa manière.
