Les 31es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 31), disputés du 12 au 23 mai au Vietnam, ne pouvaient pas mieux se dérouler pour la coureuse de demi-fond Nguyên Thi Oanh.
En plus de défendre avec succès ses trois médailles d’or au 3 000 m steeple, 1 500 m et 5 000 m, elle a pulvérisé son propre record régional (10 min 00 sec 02) du 3 000 m steeple établi aux SEA Games 30 disputés fin 2019 aux Philippines, grâce à un chrono de 9 min 52 sec 44.
Parlant de son poulain, le coach Trân Van Sy ne pouvait cacher sa fierté : "Oanh a beaucoup d’énergie et de volonté. Cela est possible d’abord grâce à la bonne éducation de sa famille, son environnement, son équipe de province et enfin, grâce aux entraîneurs que nous sommes. J’ai de la chance d’avoir une athlète comme elle".
Pour préparer ces SEA Games 31, Oanh a travaillé dur, jour et nuit, sur le terrain d’entraînement. Malgré l’éventuel manque de sommeil, elle s’efforce toujours de terminer tous les exercices. "Je lui ai dit que si elle ne pouvait pas dormir, elle devait me le dire. J’organiserais un plan de formation plus léger. Oanh m’a répondu +Je peux encore m’entraîner+. Quand je l’ai entendu dire cela, j’étais inquiet, car si elle continuait à faire trop d’efforts, cela aurait un impact négatif sur sa santé", a partagé M. Sy.
Une enfant de talent de Bac Giang
Née en 1995 dans une famille pauvre de huit enfants dans la province de Bac Giang (au Nord), Nguyên Thi Oanh est depuis toute petite une adepte de course à pied. Elle faisait souvent du jogging avec sa sœur sur quelques kilomètres dans les chemins vicinaux.
Sa passion pour l’athlétisme a commencé alors qu’elle n’avait que neuf ans après avoir assisté à un tournoi sportif pour la première fois. Elle était hypnotisée par sa sœur aînée qui courait sur la piste.
"Je n’avais pas d’intérêt particulier pour la course à cette époque-là. Mais l’admiration que les gens avaient pour ma sœur m’a donné envie d’être comme elle un jour", a confié Oanh. Sa carrière a commencé ce jour-là.
À l’école, les enseignants l’ont aidée à participer à des compétitions d’athlétisme au niveau district, où elle a remporté ses premières médailles. Elle a rapidement montré un grand potentiel et était plus forte et plus rapide que ses rivales malgré sa petite taille.
Les dénicheurs de talent de Bac Giang ont rapidement repéré Oanh, mais comme elle ne mesurait que 1,5 m et ne pesait que 40 kg, elle a failli ne pas être sélectionnée.
À l’âge de 15 ans, elle est allée à l’École de l’éducation physique et des sports de la province afin de poursuivre son rêve de devenir un jour une athlète de haut niveau.
"Il m’a fallu un demi-mois pour m’adapter à ma nouvelle vie. J’ai pleuré plusieurs fois à cause du manque de ma famille", s’est-elle souvenue.
Elle s’est peu à peu développée physiquement et a acquis de l’expérience en compétition. En 2011, aux championnats nationaux junior, elle a décroché le bronze au 3.000 m steeple et découvert que c’était dans cette épreuve qu’elle était la plus performante.
L’année 2012 a marqué un tournant car la jeune fille a été convoquée dans l’équipe élite junior nationale. Sous la tutelle de l’entraîneur Trân Van Sy, elle a beaucoup progressé et s’est révélée chez les seniors en montant sur la plus haute marche du podium des Championnats d’Asie du Sud-Est et d’Asie.
Aux SEA Games 27 organisés en 2013 au Myanmar, elle a confirmé tout le bien que l’on pensait d’elle en remportant l’argent.
Un retour spectaculaire
Pourtant, en 2014, à 19 ans, Nguyên Thi Oanh a vu sa carrière si prometteuse subir un coup d’arrêt après s’être fait diagnostiquer un problème néphrologique qui lui faisait courir de graves risques pour sa santé. Hospitalisée, elle a dû faire une croix sur ses entraînements.
"C’était un jour de décembre 2014. J’ai soudain eu des gonflements sur mon visage. Les gens disaient que c’était juste une allergie, mais je ne me sentais pas en sécurité et je suis allé chez le médecin. On m’a diagnostiqué un syndrome néphritique aigu", a-t-elle raconté.
Pour les athlètes de haut niveau, les maladies rénales et cardiaques peuvent signifier la fin de leur carrière.
"La première chose qui m’est venue à l’esprit était de prendre ma retraite, mais c’était difficile à accepter. J’ai réalisé que mon état n’était pas grave et qu’il était curable. Pendant cette période-là, je pensais aux difficultés que j’avais déjà traversées", a-t-elle confié.
Pendant près d’un an, sa carrière professionnelle s’est arrêtée. Pour une athlète, retrouver une forme optimale après une longue pause n’est jamais facile, Oanh a donc suivi scrupuleusement le plan de récupération. Elle a dû modifier son entraînement pour se concentrer sur l’amélioration de sa vitesse.
Le coach Trân Van Sy a dit qu’elle connaissait très bien son corps et pouvait s’adapter à n’importe quel régime d’entraînement qui lui était donné, une des raisons pour lesquelles elle est revenue au sommet après sa pause.
Après des mois de convalescence, Nguyên Thi Oanh a fait son retour à l’entraînement, plus forte et plus motivée que jamais.
Elle a remporté beaucoup de médailles d’or pour l’équipe d’athlétisme de Bac Giang et aussi du Vietnam. Ses efforts ininterrompus ces dernières années, notamment en 2022, ont été récompensés à leur juste valeur. Elle a été reconnue "Meilleure sportive des SEA Games 31".
Le Président de la République, Nguyên Xuân Phuc, a décidé de lui attribuer l’Ordre du Travail de 2e classe.
À Bac Giang, sa ville natale, la coureuse est un modèle pour de nombreux jeunes athlètes et elle espère leur transmettre le flambeau de la passion afin qu’ils puissent continuer à apporter des médailles au Vietnam.