Nguyên Thuc Quyên, une figure influente du monde scientifique

La professeure Nguyên Thuc Quyên est l’une des rares femmes à avoir fait partie, pendant quatre années consécutives, des 4 000 scientifiques les plus cités au monde.
La professeure Nguyên Thuc Quyên. Photo : NDEL.
La professeure Nguyên Thuc Quyên. Photo : NDEL.

Directrice du Centre des polymères et des matériaux solides et enseignante à la faculté de Chimie et de Biochimie à l’Université de Californie, la professeure Nguyên Thuc Quyên comptait parmi les scientifiques les plus influents au monde en 2019.

De retour au Vietnam, elle est actuellement coprésidente du Conseil des éliminatoires des prix VinFuture, qui récompensent chaque année les recherches scientifiques remarquables et les innovations pour l’humanité.

Aujourd’hui, Thuc Quyên s’attache à stimuler l’intégration vietnamienne au réseau scientifique international.

Nguyên Thuc Quyên est l’une des rares femmes à avoir fait partie, pendant quatre années consécutives, des 4 000 scientifiques les plus cités au monde.

Ses recherches portent sur les propriétés électroniques des polyélectrolytes conjugués, les interfaces optoélectroniques, la génération et le transport de charges dans les semi-conducteurs organiques, les nouveaux matériaux utilisés pour les cellules photovoltaïques organiques, les autoassemblages moléculaires, le traitement des matériaux, la caractérisation à l’échelle nanométrique des cellules photovoltaïques organiques.

Elle s’attache particulièrement au développement des cellules photovoltaïques pour aider les plus pauvres à avoir accès à l’électricité. Plus que quiconque, Thuc Quyên comprend parfaitement les inconvénients de la pénurie d’énergie parce qu’elle a vécu les 16 premières années de sa vie sans électricité.

« La sécurité énergétique est un grand enjeu pour le Vietnam qui dispose pourtant d’atouts pour développer différents types d’énergie, par exemple l’éolienne et le solaire. Je souhaite que le gouvernement vietnamien s’intéresse davantage au recyclage, notamment du plastique et des piles. Si le Vietnam s’y met maintenant, il pourra devancer le reste du monde de 15 à 20 ans», dit-elle.

Née en 1970 à Buôn Ma Thuôt, à 21 ans, Thuc Quyên s’installe aux États-Unis avec sa famille.

Ses deux premières années ont été très difficiles. Les barrières linguistiques et culturelles l’ont énormément démotivée et ont même changé la direction de sa carrière.

En effet, Thuc Quyên décide de laisser de côté l’Histoire, la littérature et la géographie, ses matières de prédilection, au profit des sciences naturelles, qui exigent un niveau d’anglais moins élevé.

Avec le temps, elle a découvert une passion pour la chimie et la physique.

En septembre 1995, Thuc Quyên s’inscrit à l’Université de Californie pour devenir chercheuse, mais s’est rapidement vu refuser son entrée à cause d’un niveau d’anglais insuffisant.

Ne se laissant pas découragée, elle s'inscrit à des cours d’anglais réservés aux étrangers pour s’améliorer. En 1997, elle est finalement admise. Après seulement un an, elle obtient son diplôme de master en physico-chimie avant de devenir l’un des sept meilleurs doctorants de l’Université de Californie.

En juin 2001, elle obtient son doctorat. Depuis 2004, elle enseigne et effectue des recherches à cette université.

Mais derrière une carrière brillante, Thuc Quyên a également essuyé de nombreux échecs. Elle comprend donc les difficultés des femmes scientifiques.

«Si tous les jeunes professeurs à l’université avaient leur propre laboratoire et un financement pour leurs recherches, moi, je n’ai rien reçu pendant un an. J’ai dû me battre pour recevoir ce qui m’était dû.

Il m’est parfois arrivé de pleurer car mes collègues masculins ne me respectaient pas. Ces inégalités sont injustes, mais je ne les ai jamais laissées me décourager», confie-t-elle.

Après trois décennies de travail inlassable, aujourd’hui Thuc Quyên dirige sept laboratoires et possède ses propres équipes de recherche.

Elle est également coprésidente du Conseil des éliminatoires des prix VinFuture.

Elle en est très fière, parce que le Vietnam dispose de son propre grand prix scientifique qui récompense aussi les femmes chercheuses.

« Je suis Vietnamienne, je suis née et ai grandi dans ce pays, dans un village pauvre qui manquait de tout, de nourriture comme d’eau propre. Les prix VinFuture qui sont ouverts à la communauté scientifique internationale me sont d’autant plus significatifs. Ils permettent au monde de mieux connaître le Vietnam et de mettre en lien les scientifiques vietnamiens et étrangers », déclare-t-elle.

Thuc Quyên entend ouvrir un institut de recherche avec des laboratoires modernes où elle animera des ateliers pour mettre en contact les jeunes chercheurs vietnamiens et étrangers.

VNA/NDEL