Plus de 100 000 décès par an : le Vietnam renforce les espaces sans tabac

Chaque année, le Vietnam enregistre plus de 104 000 décès liés au tabagisme, dont environ 18 800 causés par le tabagisme passif, c’est-à-dire l’inhalation involontaire de la fumée dégagée par les fumeurs.

Chaque année, le Vietnam enregistre plus de 104 000 décès liés au tabagisme, dont environ 18 800 causés par le tabagisme passif, c’est-à-dire l’inhalation involontaire de la fumée dégagée par les fumeurs. Photo : baodautu.vn
Chaque année, le Vietnam enregistre plus de 104 000 décès liés au tabagisme, dont environ 18 800 causés par le tabagisme passif, c’est-à-dire l’inhalation involontaire de la fumée dégagée par les fumeurs. Photo : baodautu.vn

Face à cette situation alarmante, la généralisation des restaurants et hôtels sans tabac est considérée comme une solution clé pour protéger la santé publique, améliorer la qualité des services touristiques et promouvoir un développement durable.

Selon le docteur Ha Anh Duc, chef du Département de gestion des soins médicaux et directeur du Fonds de lutte contre les effets nocifs du tabac, le tabagisme est la principale cause de maladies et de mortalité dans le monde, entraînant plus de 8 millions de décès chaque année.

Au Vietnam, on estime à 15 millions le nombre de fumeurs.

Le chiffre de plus de 104 000 décès annuels témoigne de la gravité du problème.

Plus inquiétant encore, des dizaines de milliers de non-fumeurs subissent de lourds dommages simplement en respirant la fumée de ceux qui les entourent.

Ainsi, instaurer des environnements sans tabac dans les lieux publics tels que les restaurants, les hôtels ou les sites très fréquentés s’avère essentiel.

Cela permet non seulement de protéger la santé communautaire, mais aussi de construire une image moderne, propre et accueillante, dans un contexte où les notions de tourisme vert et durable gagnent en popularité.

Le docteur Ha Anh Duc insiste sur le rôle pionnier des restaurants et hôtels dans l’instauration de lieux sans tabac, en considérant cela comme un critère de qualité des services.

Il appelle également chaque citoyen à devenir un « ambassadeur des espaces sans tabac », en sensibilisant son entourage et en maintenant un environnement sain.

La loi vietnamienne sur la prévention des effets nocifs du tabac stipule que les hôtels sont des espaces non-fumeurs à l’intérieur, à l’exception de zones spécifiques réservées aux fumeurs et répondant à des normes strictes.

Les halls, couloirs, escaliers, salles à manger, chambres ou bureaux doivent obligatoirement être signalés comme zones non-fumeurs.

Toute zone dédiée au tabac doit être clairement séparée, équipée d’un système de ventilation indépendant, de réceptacles à cendres, de panneaux d’avertissement visibles et de dispositifs de sécurité incendie.

En l’absence de conditions adéquates pour aménager de telles zones, les hôtels sont encouragés à interdire totalement le tabac à l’intérieur, un modèle promu par le Fonds de lutte contre les effets nocifs du tabac.

Pour appliquer efficacement cette politique, les établissements doivent établir un règlement interne interdisant le tabac, affiché de manière visible dans les espaces communs, et communiquer clairement les règles aux clients et au personnel par divers moyens : brochures, affiches ou mention lors de l’enregistrement.

Parallèlement, des formations doivent être organisées pour sensibiliser le personnel aux méfaits du tabac et lui apprendre à rappeler poliment mais fermement aux clients de respecter l’interdiction.

Certains établissements mettent en place des politiques d’incitation à l’arrêt du tabac pour les employés, ainsi que des récompenses pour ceux qui contribuent activement à un environnement sans tabac – autant d’initiatives favorisant un cadre professionnel sain et responsable.

Plusieurs localités appliquent déjà ce modèle avec des résultats tangibles.

À Ha Long (Quang Ninh), la majorité des hôtels et sites touristiques affichent des panneaux d’interdiction à la réception et dans les restaurants.

Le personnel n’a pas le droit de fumer pendant les heures de travail et est chargé de rappeler les règles aux clients. Selon le témoignage d’un hôtelier, après un an de mise en œuvre, non seulement le chiffre d’affaires n’a pas baissé, mais l’établissement a attiré davantage de clients sensibles à un environnement sain.

Hôi An figure également parmi les pionniers du « tourisme sans tabac », en appliquant ce concept dans la vieille ville, les sites touristiques et les hôtels de la région.

À Ninh Binh, les secteurs de la santé et du tourisme ont collaboré pour introduire cette démarche au sein du complexe paysager de Trang An et de la pagode Bai Dinh, avec des actions de formation et de communication ciblées.

À Nha Trang, plusieurs hôtels et restaurants ont officiellement apposé des panneaux d’interdiction et pris des engagements fermes, démontrant une volonté collective affirmée.

Cependant, l’extension de ce modèle rencontre encore des obstacles.

L’un des défis les plus notables est l’essor des produits du tabac dits « alternatifs » comme la cigarette électronique ou le tabac chauffé, qui contiennent toujours de la nicotine et présentent un risque de dépendance, malgré une communication marketing les présentant comme « moins nocifs ».

De plus, la sensibilisation du public reste insuffisante. De nombreux fumeurs considèrent encore cela comme un droit personnel, sans être pleinement conscients des effets nocifs du tabagisme passif.

Le manque d’application des lois et l’absence de sanctions limitent aussi l’impact des politiques.

Pour que le modèle d’espaces sans tabac soit durable, une approche coordonnée est indispensable.

Les autorités locales doivent élaborer des lignes directrices claires sur les critères de « destination sans tabac », servant de base à la mise en œuvre et à l’inspection. Les sanctions administratives doivent être appliquées rigoureusement.

Les secteurs de la santé et du tourisme doivent renforcer leur communication, avec des contenus créatifs, multilingues, intégrés dans des brochures aéroportuaires, des vidéos sur les réseaux sociaux ou des panneaux dans les sites touristiques.

Il est également nécessaire d’encourager les entreprises à bâtir une image de marque sans tabac comme avantage concurrentiel, en instaurant des mécanismes de certification, de récompense, et en intégrant ce critère dans les classements des hôtels et destinations.

Créer des environnements sans tabac dans les restaurants et hôtels ne se limite pas à un enjeu de santé publique, mais constitue aussi une stratégie de montée en gamme des services touristiques, en phase avec les tendances mondiales, et contribue à bâtir une image du Vietnam moderne, accueillant et durable.

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