C’est pourquoi la prévention et la réduction des effets nocifs du tabac sont devenues une priorité nationale, nécessitant une action conjointe de la communauté internationale et des organisations concernées.
Entrée en vigueur en 2005, la Convention-cadre pour la lutte antitabac, premier traité international de santé publique, a été ratifiée par un nombre croissant de pays. Selon le Dr Nguyen Tuan Lam, représentant du Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Vietnam, la convention propose un ensemble de mesures complètes, allant de la réduction de l’offre à la réduction de la demande, en passant par diverses interventions complémentaires.
Parmi les plus emblématiques figurent les politiques de prix et de taxation, la réglementation du commerce du tabac, les règles relatives à l’emballage, à la publicité, à la promotion, à la communication et à la désaccoutumance. L’OMS a également défini l’ensemble de mesures MPOWER, destiné à aider les États membres à mettre en œuvre efficacement leurs engagements dans le cadre de la convention et à réduire la prévalence du tabagisme.
Au Vietnam, la lutte antitabac est mise en œuvre de manière coordonnée et systématique. Grâce à ces efforts, le taux de tabagisme chez les adultes est passé de 23,8 % en 2010 à 20,8 % en 2021 ; l’exposition au tabagisme passif a, elle aussi, nettement reculé, de 73,1 % à 45,6 % sur la même période.
Cependant, le tabac demeure extrêmement nocif : il tue plus de 100 000 Vietnamiens chaque année. Il nuit non seulement aux fumeurs, mais aussi aux personnes exposées à la fumée passive, notamment les femmes et les enfants.
En raison d’une réduction trop lente du tabagisme, les experts internationaux estiment que le Vietnam risque de ne pas atteindre l’objectif fixé par la Stratégie nationale de lutte contre les méfaits du tabac, à savoir ramener le taux de tabagisme masculin en dessous de 36 % d’ici 2030. Cet échec pourrait compromettre les progrès du pays vers les Objectifs de développement durable liés à la santé. Les spécialistes appellent donc à renforcer les mesures, de manière plus ferme et plus intégrée.
L’expérience de nombreux pays montre que l’augmentation des taxes sur le tabac est l’outil le plus efficace pour prévenir les maladies, améliorer la santé publique et prolonger la vie, en particulier dans les communautés vulnérables. Cette mesure est également bénéfique sur le plan économique : élever les prix du tabac est le moyen le plus rapide et le plus rentable de réduire la consommation. Une hausse des prix encourage les fumeurs à cesser de fumer et dissuade les jeunes de commencer.
Fort de ces constats, l’Assemblée nationale a adopté en juin 2025 la loi modifiant les taxes à la consommation spéciale, incluant la mise en place d’un système mixte de taxation du tabac à partir de 2027, avec une hausse progressive des taxes jusqu’en 2031. L’objectif : réduire la consommation et protéger la santé publique.
Selon une récente analyse publiée par l’OMS au Vietnam, cette réforme apportera des bénéfices considérables en matière de santé et d’économie. Les modélisations prévoient qu’à l’horizon 2031, ces mesures permettront à 2,1 millions de Vietnamiens d’arrêter ou d’éviter de fumer, préviendront 700 000 décès prématurés, et généreront environ 24 000 milliards de dôngs (soit 910 millions USD) de recettes fiscales supplémentaires par an, tout en limitant l’accès aux marques bon marché, notamment chez les jeunes.
Enfin, conjuguée à la prohibition de la production, de l’importation et de l’usage des cigarettes électroniques et du tabac chauffé prévue à partir de 2025, cette réforme fiscale marque une étape majeure vers la création d’un environnement plus sûr et plus sain pour l’ensemble de la population vietnamienne.