Professeur Dang Luong Mô : « Cinquante ans après la réunification, le Vietnam s’est élevé de manière spectaculaire »

Pendant plus de quarante ans de vie et de travail au Japon, le professeur Dang Luong Mô, un scientifique vietnamien talentueux vivant à l’étranger, n’a jamais cessé de porter un amour profond et inébranlable pour sa Patrie.
Le Professeur Dang Luong Mo lors d'une conférence de rencontre avec les intellectuels à Hô Chi Minh-Ville. Photo : fournie par l'intéressé.
Le Professeur Dang Luong Mo lors d'une conférence de rencontre avec les intellectuels à Hô Chi Minh-Ville. Photo : fournie par l'intéressé.

Parti étudier au Japon en 1957, il est ensuite devenu un universitaire de renom à l’Université Hosei de Tokyo. Plus encore, il a joué un rôle déterminant dans la naissance et le développement de l’industrie des microcircuits au Vietnam. Depuis son retour définitif au pays en 2002, il n’a cessé de contribuer avec passion à l’éducation et à la recherche scientifique et technologique du pays.

À l’occasion du 50ᵉ anniversaire de la réunification du pays (1975–2025), le professeur Dang Luong Mô ne cache pas son émotion en contemplant l’extraordinaire chemin parcouru par sa terre natale. Le 25 avril 2025, le professeur Dang Luong Mo a eu l’honneur d’être reconnu par le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville comme l’un des 60 individus exemplaires ayant apporté des contributions remarquables au développement de la ville, à l’occasion du 50e anniversaire de la Libération du Sud et de la Réunification du pays, une reconnaissance bien méritée pour ses efforts constants depuis plus de deux décennies dans le développement de l'industrie des microcircuits au Vietnam.

Un parcours d’attachement exceptionnel

Parmi les premiers étudiants vietnamiens envoyés au Japon à la fin des années 1950, le professeur Dang Luong Mô a consacré toute sa vie à la recherche et à l’enseignement dans le domaine de l’ingénierie électrotechnique et électronique. Il a été professeur à l’Université Hosei, l’une des institutions prestigieuses de Tokyo.

Malgré une brillante carrière au Japon, son cœur est toujours resté tourné vers le Vietnam. Ses voyages de retour à partir de la fin des années 1990 ont progressivement servi de passerelles de savoir entre les deux pays. En 2002, il prend la décision de rentrer définitivement, un tournant marquant son profond attachement à la Patrie.

« Je sentais qu’il fallait que je rentre, pour former la jeune génération, afin que le Vietnam ne reste pas en marge du courant technologique mondial ».

Des changements impressionnants

Plus de vingt ans après son retour, le professeur Dang Luong Mô a été témoin des transformations profondes du pays, notamment depuis la période du Đổi Mới (Renouveau).

« Le Vietnam a changé à une vitesse fulgurante. Ce qui me touche le plus, c’est de voir la diaspora vietnamienne revenir, animée par le désir de contribuer au développement de la Patrie ».

Il raconte que les démarches de son retour au pays se sont déroulées « étonnamment facilement et sans encombre », une preuve de l’ouverture et de l’intégration de plus en plus poussée du pays.

Le Vietnam, une réussite spectaculaire à travers les yeux d’un grand scientifique vietnamien

Avec un parcours scientifique à l’international et de nombreux échanges avec des cercles académiques étrangers, le professeur Dang Luong Mô perçoit très nettement la bienveillance croissante de la communauté internationale envers le Vietnam.

« Mes amis au Japon, en R. de Corée ou en Europe, me disent qu’ils admirent la stabilité et le potentiel de développement du Vietnam ».

Selon lui, l’un des facteurs qui expliquent cette appréciation est la politique étrangère indépendante, pacifique, mais déterminée du pays, une démonstration d’habileté diplomatique et de résilience dans un monde en pleine de mutation.

Il se remémore avec émotion ses divers retours au Vietnam dans le passé : « En 1957, lorsque je suis parti étudier à l’étranger, le pays était encore divisé. En 1971, je suis revenu enseigner dans une université, mais la réunification n’avait pas encore eu lieu. En 1976, soit un an après la réunification, je suis retourné au Japon, à cette époque, le Sud était encore en phase de transition, sous l’administration du Comité militaire de gestion de Saïgon-Gia Dinh. Mais mon retour en 2002 était tout autre : le pays était stable, et la vie des gens avait été considérablement améliorée grâce à la politique du Đổi Mới ».

Il qualifie ce retour en 2002 de véritable « retour au pays », mettant ainsi fin à quarante ans loin de sa Patrie. « Cette fois, ce n’était pas un simple retour avant de repartir, mais un retour pour de bon. Je pensais que les démarches seraient compliquées, mais tout s’est déroulé sans difficulté. Ce fait m’a profondément marqué : je suis parti sous un régime, et revenu sous un autre, pourtant tout a été fluide ».

Une fierté partagée par la communauté vietnamienne à l’étranger

Interrogé sur ce qui l’impressionne le plus, le professeur Dang Luong Mô confie : « Le retour massif des Vietnamiens de l’étranger. Certains rentrent pour rendre visite à leur famille, d’autres pour investir, collaborer dans l’enseignement, la recherche scientifique ou la technologie… Ces images me remplissent de fierté pour un pays qui s’élève avec force après la guerre ».

Le professeur Dang Luong Mô. Photo : fournie par l'intéressé.
Le professeur Dang Luong Mô.

Photo : fournie par l'intéressé.

Selon lui, il s’agit là d’une transformation « spectaculaire et admirable », représentant le chemin parcouru depuis la guerre et la division jusqu’à l’intégration et au développement – une réussite que peu de pays ont pu accomplir en seulement quelques décennies.

Contributions pionnières à la microélectronique nationale

Depuis son retour définitif au Vietnam, le professeur Dang Luong Mô n’a jamais recherché la célébrité ni les projecteurs. Il s’est au contraire consacré avec persévérance à des actions concrètes et durables. Il a mis en place des laboratoires de conception de circuits intégrés, fondé le centre ICDREC (Centre de recherche et de formation en conception de circuits intégrés) à l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville, et lancé des programmes de formation postuniversitaire en anglais. Toutes ces initiatives ont contribué à améliorer la qualité des ressources humaines dans le domaine stratégique des microcircuits, un secteur que le Vietnam s'efforce de développer avec vigueur.

« La formation des ressources humaines constitue une base à long terme. Je souhaite simplement que la jeune génération vietnamienne devienne plus solide et plus confiante sur la scène internationale », a-t-il confié, exprimant ainsi son aspiration à un avenir durable pour son pays.

En tant que professeur et scientifique, le professeur Dang Luong Mô considère sa contribution au développement national comme une mission sacrée. Tout au long de sa carrière, il s’est concentré sur deux domaines principaux : l’éducation et la recherche scientifique. Parmi ses contributions marquantes, on peut citer :

Laboratoire de conception de microcircuits (2000) : il a créé un laboratoire de simulation et de conception de circuits intégrés à l’Université Polytechnique de Hô Chi Minh-Ville, financé à hauteur de 3,5 millions de yens par la Fondation Tamaki du Japon. Cela a marqué une étape importante dans le développement des infrastructures et l’amélioration de la formation dans ce domaine au Vietnam.

Le Prof. Dang Luong Mo lors de la cérémonie de signature du partenariat entre l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville et une université japonaise Kyushu. Photo : fournie par l'intéressé.

Le Prof. Dang Luong Mo lors de la cérémonie de signature du partenariat entre l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville et une université japonaise Kyushu. Photo : fournie par l'intéressé.

Fondateur et conseiller d’ICDREC (2005) : le centre ICDREC a conçu avec succès la première puce électronique du Vietnam, plaçant ainsi le pays sur la carte mondiale de la microélectronique. Le centre a également produit divers types de puces, tout en formant des milliers de spécialistes qualifiés, tant pour le marché national qu’international.

Programme postuniversitaire en microélectronique (2007) : c’est le tout premier programme postuniversitaire au Vietnam enseigné entièrement en anglais, avec la participation de professeurs internationaux. Il a formé de nombreux docteurs et masters brillants, dont certains ont remporté des prix internationaux ou sont devenus enseignants dans des universités prestigieuses.

Une passerelle de savoirs pour les générations futures

Très engagé dans la création de liens entre les experts et enseignants vietnamiens de la diaspora, le professeur Dang Luong Mô a été à l’origine de nombreuses coopérations internationales. Parmi ses initiatives majeures, on peut citer le lancement d’un programme de doctorat à l’Université des Sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville et l’envoi, depuis 1999, de plus de 50 jeunes enseignants de l’Université Polytechnique pour faire de la recherche au Japon.

Au-delà de ses propres actions, il reconnaît la valeur inestimable des contributions des Vietnamiens d’outre-mer dans des domaines variés, comme la science, l’éducation, la culture et l’économie. Il estime qu’il est essentiel de reconnaître et de valoriser ces apports.

Il s’est également investi dans la recherche de bourses internationales au bénéfice des enseignants et étudiants vietnamiens. En 2005, il a réussi à obtenir 50 bourses doctorales de la Fondation Rotary Yoneyama du Japon pour le Vietnam. La même année, il a proposé à Toshiba de financer 10 bourses pour doctorants vietnamiens issus de l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville et de l’Université nationale de Hanoï. Aujourd’hui, ce programme existe depuis 20 ans et a permis à plus de 400 étudiants vietnamiens d'étudier au Japon.

L’histoire du professeur Dang Luong Mô, comme celle de nombreux Vietnamiens vivant à l’étranger, est un témoignage vivant de l’amour pour les savoirs, de l’aspiration à l’élévation personnelle et de l’attachement profond à leurs racines. Les contributions silencieuses, mais sincères de la communauté vietnamienne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, laissent une empreinte durable et méritent d’être honorées. Grâce à ces efforts, les ressources humaines vietnamiennes à l’étranger continueront à accompagner le développement du pays, en particulier à l’aube d’une nouvelle ère marquée par l’ambition de rayonner sur la scène mondiale.

Espoirs et confiance en l’avenir du Vietnam

Le Vietnam est aujourd’hui une grande nation de plus de 100 millions d’habitants. Cette envergure implique une responsabilité proportionnelle. « Je fonde beaucoup d’espoir sur la jeunesse vietnamienne, confie-t-il. J’espère que chacun prendra conscience de sa responsabilité envers la nation et poursuivra l’œuvre de ses aînés pour construire un pays de plus en plus développé et respecté dans la région et dans le monde ».

Concernant la diaspora vietnamienne, il exprime le vœu que chaque individu, chaque groupe, où qu’ils soient, apporte leur pierre à l’édifice national selon leurs compétences et capacités.

En regardant les 50 années écoulées depuis la réunification du pays, le professeur Dang Luong Mô ne cache pas sa fierté :

« D’un pays autrefois en difficulté, le Vietnam s’est relevé de manière spectaculaire. Je suis convaincu que l’avenir sera encore plus éclatant si la jeune génération conserve son esprit de progrès et son désir de servir la nation ».

Il croit fermement au rôle des intellectuels vietnamiens à l’étranger, non seulement en tant que ponts entre le Vietnam et le monde, mais aussi en tant que membres à part entière de la nation. « Où que je sois, je garde toujours le cœur tourné vers la Patrie ».