
Le 26 septembre, à Hanoï, l’Institut de sociologie et de psychologie (Académie des sciences sociales du Vietnam) et la Fondation Friedrich Naumann ont organisé un colloque scientifique consacré au thème : « Renforcer l’autonomie économique des femmes dans l’économie GIG : étude de cas des vendeuses de rue et des employées de maison ».
Les premières conclusions de l’étude, menée en 2025 auprès de 324 femmes et à travers 20 entretiens de groupe, soulignent la contribution essentielle, mais encore précaire de ces travailleuses de l’économie informelle.
Selon Dang Thi Hoa, professeure associée et directrice adjointe de l’Institut, les femmes travaillant dans le petit commerce ou comme aides domestiques se heurtent à de fortes contraintes : faible niveau d’instruction, santé fragile, âge avancé (souvent au-delà de 40 ans). Malgré cela, elles assument une part majeure du revenu familial et améliorent progressivement leur statut social.

L’étude révèle que près de 70 % de ces femmes gagnent autant ou plus que leur mari, et que plus de 81 % contrôlent en grande partie leurs revenus. Elles travaillent en moyenne dix heures par jour, parfois de 2 heures du matin à 22 heures, avec des revenus compris entre 4 et 8 millions de dôngs par mois, comparables, voire supérieurs à ceux d’un ouvrier industriel.
Mais la transition numérique pose un défi crucial. Faute d’adaptation aux plateformes digitales qui structurent de plus en plus l’économie GIG, ces femmes risquent de perdre leur emploi et leurs revenus. « C’est un enjeu de politique publique qui doit être étudié en profondeur », insiste Dang Thi Hoa.

Pour Nguyen Thi Phuong Hoa, chercheuse à l’Institut, il s’agit d’un levier à la fois d’égalité de genre et de développement durable : « Renforcer l’autonomie économique de ces femmes ne relève pas uniquement de la justice sociale. C’est aussi un facteur de résilience et de croissance inclusive pour les villes vietnamiennes. »
L’économie GIG, ou économie du travail à la tâche, repose sur des emplois courts, flexibles, souvent gérés via des plateformes numériques. Elle offre aux femmes davantage d’opportunités d’accéder au marché du travail tout en conciliant vie familiale. Mais elle les expose également à des fragilités accrues : absence de protection sociale, instabilité de l’emploi et poids persistant des stéréotypes de genre.