Solutions pour dynamiser les liens entre les coopératives et les entreprises

La coopération entre les coopératives et les entreprises est un moteur essentiel pour la restructuration agricole et le développement de l'économie rurale. Cependant, cette coopération rencontre encore à de nombreux « goulots d'étranglement » liés aux mécanismes, aux ressources et aux infrastructures.

La coopération entre les coopératives et les entreprises est un moteur essentiel pour la restructuration agricole. Photo: VOV
La coopération entre les coopératives et les entreprises est un moteur essentiel pour la restructuration agricole. Photo: VOV

Un modèle de coopération qui n'exploite pas tout son potentiel

Selon les synthèses du ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, jusqu’en juin 2025, le pays comptait 2 938 projets et plans de coopération mis en œuvre conformément au Décret n° 98/2018/ND-CP ; parmi eux, 1 968 projets et 970 plans ont été approuvés. De nombreux modèles de partenariat entre les coopératives et les entreprises ont généré une valeur ajoutée positive en termes de production, de transformation et de consommation.

La proportion de la valeur des produits agricoles issus de la coopération a atteint 31,2 % et devrait dépasser 32 % à la fin de 2025, un progrès considérable par rapport aux 10 % enregistrés en 2016. L'élargissement de cette coopération aide non seulement les agriculteurs à vendre leurs produits de manière plus stable, mais permet également aux entreprises d'accéder à des matières premières homogènes et conformes aux normes du marché.

Cependant, de nombreuses chaînes de coopération restent confrontées à des difficultés dues aux obstacles liés aux mécanismes, aux ressources et aux infrastructures. Certaines coopératives présentent encore des limites en termes de capacités de gouvernance, de niveau technique et d'aptitude à se conformer aux normes ; tandis que les entreprises restent prudentes face aux risques liés au volume, à la qualité et au manque de stabilité de la coordination.

Selon Vo Van Hung, vice-ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, les lacunes survenues lors de la mise en œuvre du Décret n° 98/2018/ND-CP empêchent de nombreux modèles de chaînes de coopération d'exploiter pleinement leur potentiel. Il a souligné que l'amendement de ce décret était une exigence urgente pour s'adapter aux réalités actuelles de la production et des affaires.

« Un cadre juridique clair et transparent créera une dynamique pour que les entreprises et les coopératives s'engagent plus audacieusement dans la liaison, en partageant les bénéfices et les risques de manière équitable », a-t-il souligné.

Parallèlement à la révision des politiques, il a proposé d'étendre les programmes de formation pour les agriculteurs numériques, et d'assurer le perfectionnement des directeurs de coopératives, des techniciens et des cadres chargés de la gestion de la chaîne de valeur. Cette démarche servirait de fondement à la formation d'une main-d'œuvre agricole dotée de connaissances, de technologie et d'une mentalité orientée vers le marché.

Le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement a également proposé de reproduire le modèle des zones de matières premières standardisées à l'échelle nationale. Ce modèle démontre une efficacité manifeste, notamment dans le cadre du projet d'un million d'hectares de riz de haute qualité : stabilisation du marché, amélioration de la qualité des produits, création de conditions propices au développement de marques et renforcement de la compétitivité.

La gouvernance professionnelle est la clé du succès

D'un point de vue international, le modèle de coopération entre coopératives et entreprises est devenu une tendance générale dans de nombreux pays. Vinod Ahuja, représentant en chef de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Vietnam, a estimé que la coordination entre les acteurs de la chaîne de valeur permettait d'accroître les bénéfices pour les agriculteurs, les entreprises et les consommateurs.

Il a affirmé : « Les coopératives qui réussissent dans le monde ont toutes en commun une gouvernance professionnelle, transparente et conforme aux normes internationales. »

L'expérience tirée de l'Amérique latine, de l'Afrique et de l'Asie du Sud montre que les coopératives fortes mettent l'accent sur la tenue de registres complets, un contrôle qualité strict et l'application de la technologie dans la gestion. Un exemple typique est le système de coopératives laitières Anand en Inde, où des millions de petits agriculteurs sont regroupés en un réseau moderne, doté d'un système de soutien vétérinaire, de contrôle qualité et de mesure numérique du lait, ce qui inspire confiance et augmente la valeur du produit.

De nombreux pays tels que le Maroc, la Thaïlande ou le Kenya ont adopté le modèle de « co-investissement », dans lequel les entreprises fournissent le soutien technologique, les infrastructures et garantissent l'achat des produits ; les coopératives, quant à elles, fournissent une zone de matières premières stable et une information transparente. Ce modèle aide les entreprises à réduire les risques tout en permettant aux coopératives de s'engager plus profondément dans la chaîne de valeur, au lieu de se limiter à la simple fourniture de matières premières.

Selon la FAO, le Vietnam dispose d’un potentiel certain pour développer des coopératives dans les domaines de l'élevage, des fruits, des légumes et des produits aquatiques vers une professionnalisation complète de la filière, mais la condition préalable est l'amélioration de la gouvernance et l'accès à des mécanismes de liaison clairs.

Afin d'améliorer la qualité de la coopération entre les coopératives et les entreprises au Vietnam, l'Organisation internationale du Travail (OIT) propose une feuille de route en trois piliers :

Le premier pilier vise à promouvoir le dialogue social pour créer un environnement stable pour la voix des coopératives. L'OIT propose de concevoir une « Liste de contrôle pour un emploi durable » permettant aux coopératives de procéder à leur auto-évaluation, et d'étendre le projet pilote d'assurance sociale pour les travailleurs du secteur de l'économie coopérative.

Le deuxième pilier se concentre sur l'amélioration de la capacité de gouvernance des coopératives par le biais d'une formation complète, d'un mentorat et de la création d'un « Centre de Connaissances Numériques » contenant une banque de données sur les modèles réussis, les informations sur le marché et les formulaires juridiques. L'organisation de salons de coopération et de mise en relation des coopératives avec les entreprises technologiques et les plateformes de commerce électronique sont considérées comme essentielles pour stimuler la transition numérique.

Le troisième pilier porte sur le parachèvement du cadre juridique et l'amélioration de l'accès au financement. L'OIT insiste sur la nécessité de simplifier les procédures administratives, de réduire les obstacles à l'accès aux services publics en ligne et d'élargir les incitations fiscales et les crédits pour que les coopératives puissent accéder aux capitaux de développement.

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