Un instant de tranquillité à Cha Lo

La route menant au poste-frontière international de Cha Lo dans la commune de Dân Hoa, district du même nom, province de Quang Binh (au Centre du Vietnam) s’ouvre devant nos yeux tel un tableau majestueux, où les montagnes et forêts se fondent dans des couches de nuages flottants, où le ruisseau frontalier coule sans fin... comme un écho des générations qui ont été attachées à cette terre.
 La beauté paisible de Cha Lo. Photo : nhandan.vn
La beauté paisible de Cha Lo. Photo : nhandan.vn

Face aux chaînes de montagnes successives enveloppant le ruisseau limpide, on ressent soudain le silence et la contemplation d’une région frontalière, un lieu où la nature grandiose renferme de profondes histoires sur la terre et ses habitants.

Le poste-frontière international de Cha Lo, point de passage frontalier, est aussi un lieu empreint de nostalgie pour ceux dont le cœur demeure attaché à ces montagnes et forêts. Sur le sentier menant au ruisseau, deux petites filles des minorités ethniques marchent main dans la main, leurs pas légers sur la terre rouge.

L’une d’elles porte une robe blanc ivoire et serre contre elle une boîte de biscuits, ses yeux pétillants de lumière. L’autre, vêtue d’un large manteau rouge, porte un bandeau rose sur la tête, ses pieds nus couverts de poussière. Deux enfants insouciants, aussi libres que les nuages, se tiennent la main en riant aux éclats au milieu de l’immensité de la nature.

Le ruisseau cristallin laisse entrevoir chaque galet brillant sous son eau limpide. Le murmure de l’eau se mêle aux rires cristallins des enfants, formant une mélodie naturelle au cœur des montagnes.

Ici, les enfants n’ont ni jouets en abondance ni matériels électroniques, mais en échange, ils possèdent un vaste terrain de jeu : la nature infinie. Le ruisseau est aussi un compagnon, les galets sont des jouets... chaque jour s’écoule librement sous le soleil et le vent de la frontière.

En visitant le poste de garde-frontière de Cha Lo, là où les soldats en uniforme veillent jour et nuit sur la souveraineté du pays. Chacun ressent une vive émotion en voyant le drapeau rouge à étoile jaune flottant fièrement sous le ciel pur. Une fierté profonde monte en nous.

Le sourire innocent des enfants. Photo : nhandan.vn

Le sourire innocent des enfants. Photo : nhandan.vn

Derrière le portail simple se cache un jardin rempli de roses, des pots de plantes taillés avec soin et des toits verts silencieux au milieu des montagnes et des collines. En ce lieu, les soldats de la frontière assument non seulement la mission sacrée de défendre la Patrie, mais sont aussi les enfants du village.

Ces soldats enseignent aux enfants, aident les habitants à cultiver la terre, réparent les toits délabrés, et parfois, deviennent même des sages-femmes improvisées lors d’accouchements en pleine montagne. Dans la lueur du foyer, un jeune soldat découpe avec soin de la viande de porc local, préparant le repas du soir.

Dans la lueur vacillante du feu, nous l’écoutons raconter ses journées de patrouille à travers la forêt, ses nuits passées aux postes de garde-frontière, où le bruit de la pluie se mêle au souffle de ses camarades.

Le drapeau national flotte au poste frontière de Cha Lo. Photo : nhandan.vn

Le drapeau national flotte au poste frontière de Cha Lo. Photo : nhandan.vn

« Chaque fois qu’un villageois est en difficulté, nous nous sentons responsables. Nous vivons avec eux comme des frères », dit-il avec sincérité, laissant l’auditoire silencieux. Depuis tant d’années, ces soldats vivent au rythme de la forêt et ont fait de la frontière leur foyer, gravant leur cœur dans chaque pierre, chaque arbre de cette terre. Dans le froid de la région frontalière, ils se réchauffent par la camaraderie et par l’attachement profond à leur village.

Un rythme de vie paisible et simple. Photo: nhandan.vn

Un rythme de vie paisible et simple. Photo: nhandan.vn

Le dîner à la caserne est simple mais chargé d’émotions. Le poulet sauvage, le porc local, les légumes de la forêt et l’alcool de maïs sont des mets simples, sans prétention, mais imprégnés de toute la rudesse des montagnes. Nous levons nos verres, échangeons des sourires, comme des frères qui se connaissent depuis toujours.

Au milieu du repas, un soldat se lève et entonne une chanson :

« Si tu montes à la frontière, transmets mon message,

Les montagnes et forêts de la frontière sont d'une beauté saisissante ». Sa voix résonne à travers l’immensité des montagnes, portée par le vent, se fondant dans le souffle même de la forêt.

À cet instant, nous comprenons que notre Patrie ne se limite pas aux chaînes de montagnes verdoyantes ni aux rivières qui coulent inlassablement depuis des siècles. Ici, il y a aussi des cœurs fidèles, enracinés dans la terre, dans la forêt, aux côtés des habitants.

Un coin de Cha Lo vu d'en haut. Photo : nhandan.vn

Un coin de Cha Lo vu d'en haut. Photo : nhandan.vn

La nuit tombe sur Cha Lo, sous un ciel limpide où les étoiles scintillent comme témoins des générations de soldats qui ont consacré leur vie à cette frontière.

Nous restons là, aux côtés de nos nouveaux compagnons, de ces gardiens du territoire, ressentant le souffle de la patrie se mêler aux rafales de vent des montagnes.

Il y a des lieux que l'on traverse, que l'on visite puis que l'on quitte sans se retourner. Mais il en est d'autres qui, une fois découverts, retiennent une part de notre cœur pour toujours. Cha Lo est de ceux-là.

Nous sommes convaincus que cette terre laissera une empreinte profonde en chacun de nous…