Un vétéran américain utilise l’art pour guérir les blessures de guerre

Le peintre et vétéran américain, David Thomas, s’est rendu à plusieurs reprises au Vietnam pour guérir des traumatismes passés et utiliser l’art pour faire entendre sa voix contre la guerre.
Les œuvres de David Thomas à l'exposition. Photo : VNA.
Les œuvres de David Thomas à l'exposition. Photo : VNA.

Ayant été impliqué dans la guerre au Vietnam, exposé à l’agent orange et souffrant de maladies graves, David Thomas utilise la peinture pour se connecter avec les artistes vietnamiens et guérir les blessures de l’âme. Sa récente exposition au Vietnam était comme un retour à la maison, dans les bras d’amis plutôt qu’un simple voyage.

Né en 1946 à Portland, dans le Maine, aux États-Unis, David Thomas a rejoint à l’armée américaine et a été en poste à Pleiku (au Tây Nguyên, Hauts Plateaux du Centre), au Vietnam en 1969. Un an de service militaire lui a laissé des souvenirs et une compréhension plus profonde du pays qu’il a combattus, avec ses beautés, son aspiration à la paix et son esprit de résilience face à toutes les difficultés de la guerre.

Après la guerre, en 1987, il est retourné pour la première fois au Vietnam pour trouver un moyen de se connecter et de réparer le passé. Au cours des 30 années suivantes, il est retourné à plusieurs reprises au Vietnam, offrant son aide et son soutien aux artistes vietnamiens, en particulier dans le domaine de la conception graphique et de la gravure. Le Vietnam, qui était autrefois le lieu où il a combattu, est devenu sa deuxième maison, avec de nombreux amis chers liés par l’art.

En 1988, il a fondé Indochina Arts Partnership (IAP), une organisation à but non lucratif pour soutenir les artistes vietnamiens qui étudient et travaillent aux États-Unis et organiser des échanges artistiques pour aider les artistes des deux pays à mieux se comprendre et se connecter.

En 1999, David Thomas a été le premier étranger à recevoir la médaille pour sa contribution à la culture vietnamienne. En 2010, l’Association des Beaux-arts du Vietnam lui a décerné l’insigne commémoratif pour sa contribution à l’art vietnamien.

Lors de sa dernière visite au Vietnam, il a organisé une exposition intitulée « David Thomas et ses amis » au Musée des Beaux-arts du Vietnam, présentant ses propres créations graphiques ainsi que des œuvres de peinture et de sculpture de 21 artistes vietnamiens renommés tels que Bùi Hai Son, Dào Châu Hai, Lê Huy Tiêp, Lê Kinh Tài, Lê Lang Luong, Nguyên Thê Son, Pham Huy Thông, Phan Câm Thuong, Vu Bach Liên et Vu Kim Thu.

Le point remarquable est que David Thomas crée ses œuvres alors qu’il lutte contre la maladie de Parkinson, qui a été identifiée comme l’une des conséquences de l’exposition à l’agent orange pendant la guerre, ainsi que pendant les deux dernières années de la pandémie de Covid-19. Les peintres de cette exposition sont des artistes contemporains renommés qui ont participé à des programmes de résidence artistique aux États-Unis et au Vietnam au cours des 30 dernières années via l’IAP.

Les œuvres de David Thomas ont été présentées au public lors de l’exposition « Finding Parkinson’s » avec celles des autres artistes graphistes de Boston au Musée des beaux-arts de Dà Nang en avril dernier.

Ses tableaux mêlent réalité et imaginaire, les douleurs de la maladie qu’il doit endurer et l’espoir d’un monde plus beau, avec des fleurs et des couleurs vives, s’opposant aux enregistrements électroencéphalographiques et aux scans cérébraux gris. Les créations de Thomas évoquent également la présence de l’agent orange, représentée par des récipients de produits chimiques, des formes tordues dans des bocaux en verre.

Lê Huy Tiêp, l’un des trois artistes qui ont organisé l’exposition, a déclaré que David Thomas et l’IAP étaient les noms et les adresses les plus connus dans l’organisation d’activités d’échange culturel et artistique entre le Vietnam et les États-Unis pendant de nombreuses années depuis 1988, notamment avec de grandes expositions avant et après la normalisation des relations entre les deux pays en 1995. David Thomas et l’IAP ont également joué un rôle important dans le développement de l’art graphique et de la gravure au Vietnam, en fournissant un soutien considérable en termes d’équipements, de techniques, de formation et de création pour les artistes vietnamiens.

Luong Xuân Doan, président de l’Association des beaux-arts du Vietnam, a partagé que David Thomas était un ami proche des artistes vietnamiens depuis 30 ans. Par ses efforts, l’artiste a généreusement soutenu le développement des arts visuels au Vietnam, tout en luttant contre sa propre maladie.

David Thomas était ému en revenant au Vietnam. Photo : VNA.

David Thomas était ému en revenant au Vietnam. Photo : VNA.

Ému d’être présent à l’exposition, David Thomas a déclaré qu’il était étourdi parce qu’il y avait beaucoup d’artistes présents à la fois, non seulement des artistes vietnamiens, mais aussi des artistes venus des États-Unis ou de Singapour. Ce retour lui a donné l’impression de revenir chez lui, avec des frères artistes proches.

Par l’art, David Thomas a construit un pont, ce qui a contribué de manière importante à initier et maintenir des activités de réconciliation et de compréhension mutuelle dans de nombreux aspects de la vie matérielle et spirituelle entre les deux peuples.

Lui et les peintres vietnamiens sont allés au-delà des échanges professionnels entre artistes, pour partager des sentiments et des valeurs spirituelles : la beauté de l’art, la connexion émotionnelle et esthétique, la camaraderie dans la vie, la sympathie pour un passé révolu et une vision commune de l’avenir.