Pour concrétiser cette ambition, le gouvernement vietnamien met en place une stratégie de développement globale et cohérente, axée sur la réforme institutionnelle, l’exploitation efficace de nouveaux moteurs de croissance et la promotion de la synergie entre l’État, les entreprises et les collectivités locales.
S’exprimant lors du Forum de la Croissance économique du Vietnam 2025 (VEGF), le vice-Premier ministre Nguyên Chi Dung a souligné que le PIB du pays avait progressé de 7,52 % au premier semestre de l’année, soit le taux le plus élevé des 15 dernières années. Toutefois, maintenir et accélérer ce rythme de croissance dans les années à venir représente un défi considérable face aux évolutions extérieures imprévisibles et aux goulots d’étranglement structurels internes.
Selon les experts, l’économie vietnamienne reste confrontée à plusieurs faiblesses : une compétitivité encore limitée, une intégration modeste dans les chaînes de valeur mondiales, une forte dépendance à l’exportation et aux investissements étrangers, ainsi que des vulnérabilités croissantes dues aux changements climatiques, au vieillissement démographique et à l’aggravation des inégalités économiques.
L’un des principaux obstacles identifiés réside dans le cadre juridique et institutionnel. L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, le Dr Nguyên Si Dung, a estimé que le processus d’élaboration législative manquait de cohérence, rendant difficile la mise en œuvre des lois sur le terrain. Le vice-ministre de la Justice, Nguyên Thanh Tu, a quant à lui reconnu l’existence de nombreux textes contradictoires et superposés, qui pèsent sur la conformité des entreprises et entravent l’innovation.
Alors que les moteurs de croissance traditionnels tels que l’exploitation des ressources naturelles, la main-d’œuvre bon marché ou la sous-traitance à l’export perdent en efficacité, le Vietnam se tourne résolument vers de nouvelles sources de croissance. Selon le Dr Dang Duc Anh, directeur adjoint de l’Institut central de recherche sur les politiques et stratégies, trois leviers principaux doivent être activés : l’industrie et la construction, les services, et les pôles de croissance régionaux.
Plus précisément, l’industrie manufacturière, notamment les secteurs de soutien, est appelée à jouer un rôle central, à condition d’opérer une montée en gamme technologique. Le secteur des services, quant à lui, recèle un fort potentiel, en particulier dans le tourisme, le commerce électronique, la logistique et la finance. En parallèle, les régions dotées d’infrastructures et de ressources humaines favorables peuvent devenir des moteurs de développement, dans un contexte de réorganisation administrative visant à libérer de nouveaux espaces de croissance.
Du point de vue des entreprises, le président du groupe Sunhouse, Nguyên Xuân Phu, a exprimé le souhait de voir l’État assumer un rôle d’accompagnateur plus affirmé, notamment à travers des politiques incitatives en matière fiscale, financière et technologique, afin de renforcer la compétitivité des entreprises vietnamiennes sur les marchés internationaux.
Pour sa part,. Trân Luu Quang, membre du Bureau politique et chef de la Commission centrale des politiques et stratégies, a réaffirmé que l’objectif d’une croissance à deux chiffres est réalisable, à condition de renforcer la coordination entre le gouvernement, les entreprises et l’ensemble de la société. Il a mis en avant quatre conditions essentielles : un consensus national fort ; une levée rapide des obstacles institutionnels ; un modèle de croissance approprié fondé sur la science, l’innovation et la transformation numérique ; et une capacité à faire face aux chocs extérieurs dans un contexte d’ouverture économique accrue.
Avec une volonté politique affirmée et une orientation stratégique claire, le Vietnam est déterminé à poser les bases d’une nouvelle phase de développement rapide, durable et inclusif dans la décennie à venir.