Le Japon et la République de Corée demeurent deux partenaires économiques majeurs du Vietnam, tant dans le commerce que dans l’investissement.
Dans un contexte de recomposition des chaînes de valeur régionales et mondiales, le potentiel de coopération avec ces deux économies d’Asie du Nord-Est reste considérable. Toutefois, pour mieux en tirer parti, les entreprises vietnamiennes doivent clarifier leurs stratégies et moderniser en permanence leurs capacités technologiques, ont souligné des experts.
Ces analyses ont été présentées lors d’un séminaire organisé le 15 décembre à Hô Chi Minh-Ville par le Centre de soutien à l’intégration internationale (CIIS), sous l’égide de l’Institut d’études du développement de Hô Chi Minh-Ville, consacré aux perspectives de renforcement des échanges commerciaux et des investissements entre le Vietnam, le Japon et la République de Corée.
Selon Vu Manh Dong, représentant du Département du développement des marchés étrangers relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce, le Japon figure parmi les principaux partenaires économiques du Vietnam dans les domaines du commerce, des investissements directs étrangers (IDE), de l’aide publique au développement (APD) et de la coopération en matière de main-d’œuvre. Les relations économiques bilatérales sont solidement soutenues par de nombreux accords de libre-échange, notamment l’Accord de partenariat économique Vietnam-Japon (VJEPA), l’Accord de partenariat économique global ASEAN-Japon (AJCEP), le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) ainsi que le Partenariat économique régional global (RCEP).
Les structures commerciales entre les deux pays sont largement complémentaires. Le Vietnam exporte vers le Japon principalement des textiles et vêtements, des véhicules et pièces détachées, des machines, des produits du bois, des produits aquatiques, ainsi que des ordinateurs et composants. En sens inverse, le pays importe du Japon des ordinateurs, des composants électroniques, des machines, des équipements et des produits sidérurgiques.
Sur le plan de l’investissement, le Japon se classait, à la fin novembre 2025, au troisième rang des investisseurs étrangers au Vietnam, avec 5 698 projets et un capital total enregistré de 79,27 milliards de dollars, représentant environ 15 % du total des IDE.
Les autorités estiment que la coopération Vietnam-Japon bénéficie de nombreux avantages, dont les préférences tarifaires prévues par les accords de libre-échange, la proximité géographique, les atouts du marché du travail vietnamien et la forte capacité du Japon en matière de transfert de technologies. Néanmoins, les entreprises vietnamiennes font face à plusieurs défis, tels que des normes de qualité très strictes – en particulier pour les produits agro-halieutiques –, une concurrence accrue d’autres pays, un accès encore limité aux capitaux et aux technologies avancées, des différences culturelles et la volatilité des taux de change.
Vu Manh Dong a indiqué que les exportations vietnamiennes vers le Japon devraient continuer de progresser, notamment dans les secteurs du mobilier en bois, du textile et de l’habillement, des produits alimentaires et de l’artisanat.
Pour sa part, Pham Minh Ha, première secrétaire du Bureau commercial du Vietnam au Japon, a souligné que le marché japonais accorde une importance croissante à la sécurité, à la traçabilité, à la consommation responsable et aux produits liés à la santé. Cette tendance stimule la demande en produits alimentaires transformés et surgelés, ainsi qu’en biens de consommation courante. Elle a également relevé des exigences strictes en matière d’emballage et l’émergence des chaînes de pharmacies comme nouveau canal de distribution pour certains produits alimentaires et agricoles.
Elle a recommandé aux entreprises vietnamiennes de se tenir régulièrement informées des évolutions réglementaires, de renforcer le contrôle de la qualité, d’investir dans les technologies, d’adopter des stratégies de marché à long terme, d’intensifier les activités de promotion commerciale et d’élargir leurs réseaux d’affaires au Japon.
S’agissant de la République de Corée, Pham Khac Tuyen, conseillère commerciale à l’ambassade du Vietnam dans ce pays, a identifié plusieurs obstacles majeurs, dont le durcissement des normes juridiques et techniques, l’application obligatoire des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les exigences liées à la transformation numérique et à la localisation, ainsi que les standards élevés en matière de logistique et de contrôle des systèmes de distribution.
Face à ces défis, elle a estimé que les entreprises vietnamiennes devraient privilégier la création de valeur à long terme plutôt que la concurrence par les prix à court terme, en misant sur la qualité des produits, les emballages écologiques, le développement de marques et des partenariats durables. La participation à des salons professionnels spécialisés en République de Corée constitue également un moyen efficace pour identifier des partenaires potentiels.
Nguyen Duy Kien, chef de la division Asie du Nord-Est et Pacifique Sud au ministère de l’Industrie et du Commerce, a souligné que l’évolution des chaînes d’approvisionnement et l’augmentation des investissements coréens dans les secteurs de haute technologie offrent aux entreprises vietnamiennes de nouvelles opportunités d’intégration plus profonde, notamment dans les industries de soutien.
Il a toutefois mis en garde contre une dépendance excessive à un seul client, un sous-investissement dans les capacités de production, la gouvernance de la qualité et la technologie, ainsi que des lacunes en matière de négociation, de gestion des risques contractuels et de compréhension de la culture d’entreprise. Il a appelé les entreprises à développer progressivement leurs capacités, en passant de la simple transformation à la fabrication de composants à forte valeur ajoutée et à haute intensité technologique, tout en préconisant un soutien stratégique accru des autorités publiques.