Un acteur qui redéfinit les règles du jeu
Selon le ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, les médias étrangers ont relevé en juillet 2025 une accélération de la croissance du PIB au deuxième trimestre, portée par la vigueur des exportations. Le récit économique du pays en 2025 est celui d’une résilience soigneusement planifiée.
En misant sur la flexibilité de sa politique économique et sur l’élan des exportations, le Vietnam ne se contente plus de résister aux turbulences régionales en ASEAN : il redéfinit les règles du marché. Le pays conjugue stabilité macroéconomique, réformes structurelles et opportunités sectorielles tournées vers l’avenir. La question n’est plus de savoir s’il faut investir, mais où et comment se positionner dans un environnement façonné à la fois par les mutations internes et les défis mondiaux.
Premier choix pour Nike
Le Vietnam est désormais la principale alternative industrielle pour Nike. Selon YaleGlobal, environ 50 % des chaussures et près de 29 % des vêtements produits par la marque sont fabriqués dans des usines vietnamiennes – une proportion supérieure à celle de tout autre pays, y compris la Chine, l’Indonésie ou l’Inde.
Plus de 130 usines locales travaillent aujourd’hui pour Nike, employant directement entre 460 000 et 530 000 personnes – soit quatre fois la main-d’œuvre que la marque mobilise aux États-Unis. Outre un coût salarial compétitif, le pays bénéficie d’un vaste réseau d’accords de libre-échange, offrant des avantages tarifaires significatifs et renforçant la compétitivité à l’export.
Pour plusieurs cabinets d’analyse internationaux, le Vietnam ne joue plus seulement le rôle de site de production alternatif : il devient un maillon stratégique de la planification à long terme de Nike, essentiel à la stabilité de sa chaîne d’approvisionnement mondiale.
En deux décennies, le Vietnam a dépassé les Philippines sur de nombreux indicateurs clés de développement. Le rapport Vietnam 2045 de la Banque mondiale attribue cette progression à des politiques industrielles et éducatives équilibrées, une gouvernance d’entreprise plus rigoureuse et une diplomatie pragmatique.
Cinq leviers structurent ce succès :
1. L’industrie comme moteur : le secteur manufacturier représente 24 % du PIB. Des groupes comme Samsung ou Intel y investissent, attirés par des zones industrielles bien planifiées et orientées vers l’export.
- 2. Le capital humain : les résultats élevés du Vietnam aux tests PISA de l’OCDE en 2022 reflètent des réformes éducatives ciblées, alignées sur les besoins du marché du travail.
- 3. Les infrastructures comme catalyseur : des investissements massifs dans les corridors logistiques, ports, autoroutes et réseaux numériques ont permis d’attirer plus de 25 milliards USD d’IDE en 2024, principalement dans l’industrie.
- 4. La stabilité comme atout stratégique : classé 61ᵉ au classement WEF sur la sécurité mondiale, le Vietnam combine faible criminalité, stabilité politique et dépenses de défense maîtrisées (1,6 % du PIB).
5. Une diplomatie équilibrée : Hanoï entretient des relations pragmatiques à la fois avec Washington et Pékin, renforçant sa position dans un contexte géopolitique complexe.
Dans un environnement mondial instable, l’économie vietnamienne illustre la capacité à capter l’investissement étranger et à innover technologiquement. Les risques – tensions commerciales, endettement externe – restent présents, mais les atouts structurels de son industrie et de ses technologies maintiennent un fort attrait pour les investisseurs.