- Que pensez-vous de la thématique retenue pour le XIXe Sommet de la Francophonie, “Créer, innover et entreprendre en français” ?
Le thème retenu pour le Sommet de la Francophonie 2024, qui se déroule à Villers-Cotterêts et à Paris, en France, est hautement pertinent, car il souligne les multiples opportunités et le dynamisme de l’espace francophone, encourageant ainsi la créativité, l’innovation et l’entrepreneuriat comme leviers de création d’emplois pour la jeunesse.
Ce XIXe Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie revêt des enjeux déterminants pour l’avenir des jeunes de l’espace francophone. Nous devons répondre collectivement à un défi démographique puisque la population francophone va passer de 321 millions d’habitants aujourd’hui à 715 millions d’ici 2050. Cela impose un appui significatif à l’enseignement du et en français.
Au-delà, alors que nous faisons face à des risques de fragmentation du monde, la francophonie est une enceinte de dialogue singulière, présente sur les cinq continents, fondée sur une langue et des valeurs partagées.
Sous l’égide de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, et avec le soutien des chefs d’État et de gouvernement, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) monte en puissance et étend son influence.
Edgar Doerig, représentant régional Asie-Pacifique de l’OIF. Photo : OIF. |
Par ailleurs, les États francophones commercent davantage, s’internationalisent mieux dans des pays qui partagent leur langue, voire leur culture juridique. Un des axes prioritaires de la Stratégie économique de la Francophonie 2020-2025 est d’intensifier les échanges commerciaux et les investissements intra-francophones en créant des emplois durables, notamment pour les jeunes et les femmes, et en générant des recettes pour les États.
Selon les statistiques de l’Observatoire de la Francophonie économique, le français est la 3e langue mondiale des affaires. L’espace francophone représente 14% des réserves mondiales de ressources énergétiques et minières, 17% du PIB mondial et 20% du commerce mondial des marchandises. Il offre un large éventail d’opportunités pour favoriser la créativité, l’innovation et l’entreprenariat.
Ce Sommet de la Francophonie permettra donc de fournir un espace de réflexion et d’échange à ses États et gouvernements membres pour tisser de nouveaux partenariats. Il leur aidera également à s’adresser à des thématiques cruciales pour les populations francophones du monde, notamment pour les jeunes et les femmes.
Des jeunes des 88 États et gouvernements membres de l’OIF accompagneront les délégations de chaque pays pour assister aux discussions et échanges du Sommet, ainsi que pour trouver des solutions d’avenir pour la francophonie avec les dirigeants francophones.
- À votre avis, que doivent faire les pays francophones en Asie-Pacifique afin de mettre en pratique cette thématique de la façon la plus efficace ? Et quelles sont leurs perspectives de développement après le Sommet ?
En Asie-Pacifique, nos États et gouvernements membres sont déjà actifs et impliqués dans la promotion de la langue française et des valeurs de la francophonie.
Notre vaste et diverse région, qui regroupe quatre membres à part entière (Cambodge, Laos, Vanuatu et Vietnam), un membre associé (Nouvelle-Calédonie) et deux membres-observateurs (République de Corée, Thaïlande), est jeune, très connectée, regorge de créativité et d’innovation.
Ils doivent continuer à s’engager au sein de la francophonie, notamment en matière de culture, d’éducation de qualité et de bonne gouvernance, tout en investissant davantage dans un développement économique inclusif et durable, particulièrement en faveur des jeunes et des femmes.
Le récent Forum de la jeunesse francophone d’Asie-Pacifique 2024, tenu à Hanoï du 11 au 13 septembre, en est un exemple. Dédié au thème “Employabilité, création et innovation au cœur de la Francophonie en Asie-Pacifique”, il a permis aux jeunes francophones de la région de se rencontrer, de proposer des solutions aux défis qu’ils rencontrent, et de mieux saisir les opportunités offertes par l’espace francophone.
Les pays francophones doivent également continuer de renforcer leurs synergies et approfondir leur coopération pour mutualiser leurs acquis et saisir les opportunités économiques et commerciales offertes par la francophonie, notamment à travers des coopérations Sud-Sud, Nord-Sud, et tripartites.
Les Missions économiques et commerciales de la Francophonie (MECA), notamment celle de mars 2022 au Vietnam et au Cambodge, ont permis aux entrepreneurs, investisseurs et acteurs économiques des pays francophones de se rencontrer pour développer des coopérations dans des domaines d’avenir comme les énergies durables, les agro-industries et le numérique.
Photos : OIF. |
- Pourriez-vous nous indiquer les activités et projets de la Représentation de l’OIF pour l’Asie et le Pacifique visant à promouvoir les activités francophones dans la région ?
2024 est une année importante pour nous, non seulement parce que c’est une année du Sommet mais aussi parce qu’elle marque le 30e anniversaire de la Représentation régionale de l’OIF pour l’Asie et le Pacifique (REPAP).
La nouvelle programmation de l’OIF (2024-2027) a été resserrée autour de trois programmes stratégiques et 20 projets à fort impact, dont plusieurs concernent la région. Les activités réalisées depuis le début de l’année sont nombreuses et nous sommes très satisfaits du bilan intermédiaire.
Par le biais de notre Centre régional francophone d’Asie- Pacifique (CREFAP) à Hô Chi Minh-Ville, nous continuons d’apporter notre soutien à l’apprentissage et à l’enseignement du et en français par l’organisation de formations pour renforcer les capacités linguistiques et professionnelles des enseignants de français, par la production de manuels de français LV1 de la classe de 3e à celle de 9e.
De plus, 10.600 jeunes francophones ont bénéficié d’activités culturelles et sportives réalisées avec le concours du CREFAP, contribuant à la dynamisation de l’environnement francophone.
En matière de mobilité d’enseignants et d’étudiants, le CREPAP a financé la participation de dix jeunes vietnamiens au concours de création de jeux vidéo pour l’apprentissage du français (Hackathon “Jeu parle français”) à Bucarest (Roumanie) du 6 au 8 septembre 2024, où le Vietnam a remporté le premier prix et un prix du jury. Félicitations !
Dans le cadre du projet “Promotion du tourisme durable” de l’OIF dont la REPAP assure la coordination, dix sessions de formation/sensibilisation à cette question et une table ronde suivie d’un forum sur l’emploi dans les métiers du tourisme ont déjà été organisées dans trois villes du Vietnam (Hanoï, Dà Nang et Hô Chi Minh-Ville) grâce au partenariat avec l’Université de Hanoï.
Pour notre région, le Vietnam et le Cambodge participeront à la phase initiale de mise en œuvre, pendant deux ans, du projet-pilote dès lors intitulé “Destination EcoTalents”.
Ces deux pays bénéficient également du soutien de l’OIF avec le Fonds “La Francophonie avec Elles”, mis en place sous l’impulsion de notre secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, via huit projets (cinq au Vietnam et trois au Cambodge), dont l’objectif est de renforcer l’autonomisation économique des filles et des femmes vulnérables.
Des femmes de la commune de Chiêng Yên, district de Vân Hô, province de Son La (Nord), développent le modèle du tourisme communautaire dans le cadre d’un projet financé par l’OIF. Photo : CVN. |
Dans le domaine de la culture, la décentralisation du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) à Hanoï, ainsi que le Festival du film francophone à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville, devenus des rendez-vous annuels, permettent la découverte de contenus culturels francophones et la promotion des talents cinématographiques francophones encore peu connus au Vietnam.
Enfin, je suis particulièrement attaché au concours annuel d’écriture journalistique “Jeunes Reporters Francophones” organisé par Le Courrier du Vietnam et l’OIF, en partenariat avec de nombreux partenaires francophones, dont l’édition 2024 est placée sous le thème du Sommet “Créer, innover et entreprendre en français”.
- Pourriez-vous préciser les contributions et les empreintes du Vietnam au sein de la communauté francophone ces dernières années ?
Le Vietnam a toujours été un membre très actif de la francophonie par ses engagements en faveur du multilatéralisme, des Objectifs de Développement Durable (ODD), de la lutte contre les changements climatiques, et par son implication dans la mise en œuvre des activités francophones.
En septembre dernier, le pays a accueilli à Hanoï le Forum de la jeunesse francophone d’Asie-Pacifique 2024 dédié au thème “Employabilité, création et innovation au cœur de la Francophonie en Asie-Pacifique” auquel ont pris part des dizaines de délégués internationaux provenant des États et gouvernements membres suivants : Cambodge, République de Corée, Laos, Mongolie, Thaïlande, Vanuatu, Vietnam, ainsi que Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna (France).
Le Vietnam participe au plus haut niveau au XIXe Sommet de la Francophonie avec une délégation conduite par le secrétaire général du PCV et président de la République, Tô Lâm. Le plus haut dirigeant vietnamien prononcera un discours à l’ouverture de FrancoTech, le salon des innovations en français, auquel participeront de grands groupes vietnamiens tels que FPT, Vinfast et Vietnam Airlines. En marge du Sommet, le Vietnam organisera un stand de promotion de la culture vietnamienne au Village de la Francophonie.