À Cat Tien, soigner pour redonner vie aux espèces menacées

Les cris retentissants des doucs à pattes noires, des gibbons à joues jaunes et d’autres primates animent la forêt du parc national de Cat Tien, au Sud du Vietnam.

Les gibbons à joues jaunes de la nature sauvage viennent souvent interagir avec les gibbons en réhabilitation au Centre de sauvetage et de conservation du parc national de Cát Tiên. Photo : VNA.
Les gibbons à joues jaunes de la nature sauvage viennent souvent interagir avec les gibbons en réhabilitation au Centre de sauvetage et de conservation du parc national de Cát Tiên. Photo : VNA.

Niché au cœur de cette réserve, le Centre de sauvetage, de conservation et de développement des espèces constitue à la fois un refuge et un « hôpital » unique en son genre, où des dizaines d’animaux sauvages rares et menacés retrouvent soins et vitalité avant de regagner leur habitat naturel.

Situé à cheval sur les provinces de Dong Nai (au Sud) et de Lam Dong (dans les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam), le parc national de Cat Tien s’étend sur près de 72 000 hectares.

Il est l’une des zones à la biodiversité la plus riche du Vietnam, surnommé la « maison des animaux » avec de nombreuses espèces inscrites dans le Livre rouge.

Au sein de ce vaste ensemble, le Centre de sauvetage, de conservation et de développement des espèces a été créé en 2005 sur plus de 66 hectares, comprenant trois secteurs principaux : le sauvetage des ours, celui des primates et celui des autres espèces menacées.

Depuis vingt ans, le Centre a recueilli, soigné et réintroduit dans la nature des milliers d’individus appartenant à plus de quarante espèces, principalement des animaux sauvages rares nécessitant une protection stricte.

Rien qu’en 2024, plus de 190 spécimens ont été pris en charge, dont 180 relâchés dans la forêt.

Actuellement, des dizaines d’animaux y sont encore soignés, dont près de 50 primates parmi lesquels des gibbons à joues jaunes, des doucs à pattes noires, des langurs argentés d’Indochine ou encore des loris.

Selon Nguyen The Viet, directeur du Centre, ces animaux proviennent de différentes sources : saisis par les forces de l’ordre, remis volontairement par des habitants ou encore retrouvés piégés dans la forêt par les gardes forestiers.

Le protocole de sauvetage suit cinq étapes : réception, traitement vétérinaire, soins et alimentation, réhabilitation des comportements sauvages, puis réintroduction sous contrôle dans leur habitat naturel.

Avant leur relâcher, la plupart sont munis d’une puce ou d’un collier électronique relié à l’ordinateur du Centre, permettant de surveiller leur adaptation et leur intégration dans le groupe.

Fait remarquable, plusieurs individus se sont même reproduits dans l’environnement semi-naturel du Centre. Certains sont arrivés déjà en gestation, tandis que d’autres cas uniques ont vu des gibbons sauvages s’accoupler avec ceux recueillis, malgré la clôture grillagée, donnant naissance à de nouveaux individus.

Beaucoup d’animaux arrivent toutefois dans un état critique. Ce fut le cas d’un pangolin de Java retrouvé piégé, la patte sectionnée et le corps nécrosé par un fil de fer.

Grâce à des soins intensifs, il a retrouvé la santé et a pu réintégrer la forêt.

De même, un langur argenté d’Indochine nouveau-né, saisi à Kien Giang (au Sud du Vietnam) lors d’un trafic illégal, a été transporté sur plusieurs centaines de kilomètres jusqu’à Cát Tiên.

Pris en charge dans un milieu semi-naturel, il s’est rétabli et a réintégré son groupe avec succès.

Au-delà du sauvetage, le Centre joue également un rôle essentiel de sensibilisation et d’éducation environnementale, afin de renforcer la conscience collective sur la protection des espèces menacées.

Il constitue aussi un lieu de recherche pour la conservation des ressources génétiques animales et végétales, en coopération avec des organisations nationales et internationales pour préserver la biodiversité.

En complément de son site principal, le Centre dispose d’une zone dédiée aux primates sur l’île de Tien, entourée par la rivière Dong Nai. Là, de nombreux programmes de sauvetage et de réintroduction ont été menés à bien, permettant de relâcher 120 loris, 12 gibbons à joues jaunes, 10 doucs à pattes noires et plusieurs dizaines d’autres primates.

Ces dernières années, le parc national de Cat Tien a également renforcé sa coopération avec les services forestiers de plusieurs régions du Centre, du Tay Nguyen, du Sud-Est et du Sud-Ouest du pays, afin d’élargir les actions de sauvetage et de conservation des espèces animales en danger.

Au cœur de la grande forêt de Cat Tien, le Centre de sauvetage, de conservation et de développement des espèces apparaît ainsi non seulement comme un sanctuaire où l’on soigne les animaux blessés ou menacés, mais aussi comme un symbole de l’effort national pour protéger les trésors naturels du Vietnam.

Grâce à ces initiatives, l’écho des cris des primates et des animaux sauvages continuera de résonner dans la verdure des forêts.

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