Des adeptes étrangers de l’art martial vietnamien

Nhân Dân en ligne - Les arts martiaux traditionnels du Vietnam sont plus qu’un sport. En les pratiquant, on s’imprègne en effet de la culture, du caractère et de l’esprit d’un peuple. De nombreux étrangers ont déjà été conquis, et certains sont devenus des maîtres de telle ou telle école.

Démonstrations des maîtres italiens Biondo Ruggero et Giorgio Formaroli. Photo: CVN.
Démonstrations des maîtres italiens Biondo Ruggero et Giorgio Formaroli. Photo: CVN.

Le Festival international de l’art martial vietnamien s’est tenu pour la première fois en 2007, à Binh Dinh (Centre). Cette province, surnommée le «berceau de l’art martial vietnamien», est devenu le rendez-vous bisannuel des adeptes d’arts martiaux, vietnamiens comme étrangers.

Au 5e Festival international de l’art martial vietnamien tenu cette année, nombre d’adeptes étrangers étaient de la fête, venus de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Italie, de Suisse… Beaucoup sont déjà maîtres d’une école de Vo Vietnam.

Thuy Phap ou le mouvement de l’eau

Les jours du festival, une vraie ferveur régnait dans le stade de Binh Dinh. À tour de rôle, les groupes se produisaient sur scène. «Et maintenant le groupe de Thuy Phap, venu de Belgique», présente le commentateur. Un jeune Européen de grande taille s’approche alors du micro et dit en vietnamien: «Xin chào. Tôi là Jean-Philippe, truong doàn Thuy Phap Viêt Nam» (Bonjour. Je m’appelle Jean-Philippe, chef du groupe Thuy Phap vietnamien).

Puis, au milieu des applaudissements chaleureux du public, toujours dans un vietnamien correct, il présente son école d’arts martiaux, le Thuy Phap. «Thuy Phap signifie le mouvement de l’eau. Comme son nom l’indique, cet art martial est à la fois souple et tranchant», explique-t-il. Sur scène apparaissent quatre Belges en kimono noir barré d’une ceinture verte. Les mouvements s’enchaînent, tantôt souples tantôt explosifs, devant les yeux ébahis des spectateurs.

«J’ai 25 ans, et suis adepte de l’école Thuy Phap depuis dix ans. Je me suis pris de passion pour cet art martial dès ma première rencontre avec le maître Huynh Chiêu Duong qui enseignait les arts martiaux vietnamiens dans mon lycée, à Bruxelles», confie Jean-Philippe. En 2002, le maître Viêt kiêu Huynh Chiêu Duong introduit le Thuy Phap en Belgique. Deux ans après, cet art martial vietnamien est entré dans le programme d’études de plusieurs lycées belges.

«Les exercices de Thuy Phap sont profitables à tous, hommes et femmes, jeunes ou âgés. Plus je m’exerce, plus je le trouve fantastique. Le Thuy Phap connaît un développement rapide en Belgique comme en France», explique Jean-Philippe. Ce Belge est tellement amoureux cet art martial vietnamien qu’il décide, à la suite du festival 2012, de rester au Vietnam pour s’entraîner. L’occasion pour lui d’approfondir sa pratique du vietnamien, d’en apprendre un peu plus sur la culture locale et accessoirement de trouver une «petite amie» vietnamienne.

L’esprit d’un peuple martial

Le groupe italien, quant à lui, était dirigé par le maître Biondo Ruggero. L’école représentée était Binh Dinh Sa Long Cuong, créée par le roi Quang Trung au XVIIIe siècle. Pratiquée depuis 1975 en Italie, en France et aussi au Canada, cette école des arts martiaux du Vietnam rassemble plus de 3.000 adeptes.

Pratiquant assidu depuis une vingtaine d’années, Biondo Ruggero se souvient de son premier maître, Luu Van Trong, un Viêt kiêu. «Il m’a donné une passion infinie pour le Binh Dinh Sa Long Cuong. C’est une école au caractère combatif, caractérisée par des mouvements rapides, brefs, simples, explosifs».

Les disciples du Son Long Quyên Thuât venus de France et d’Italie ont forcé l’admiration du public par une représentation impressionnante, avec la présence du maître Olivier Barbey et de son épouse. «Créé en 1945 à Paris par le feu maître Viêt kiêu Nguyên Duc Môc, l’école Son Long Quyên Thuât compte aujourd’hui quelque 10.000 disciples éparpillés dans divers pays, dont la France, la Suisse, l’Autriche, le Burkina Faso, l’Algérie», dévoile Olivier Barbey, un Suisse, doyen de l’école Son Long Quyên Thuât.

Épanouissement du sport à l’étranger

«Les arts martiaux me captivent depuis l’enfance. J’ai appris divers styles étrangers. Plus grand, lors d’un festival international d’arts martiaux organisé en Suisse, j’ai rencontré le maître Nguyên Duc Môc qui m’a fait découvrir les arts martiaux du Vietnam. J’ai alors commencé à apprendre le Son Long Quyên Thuât auprès de lui», raconte-t-il. Et d’insister: «Nguyên Duc Môc était un maître talentueux et authentique. Son principe: les adeptes de l’école Son Long Quyên Thuât devaient apprendre la vertu avant d’apprendre les arts martiaux».

À 21 ans, après avoir obtenu le plus haut grade de l’école Son Long Quyên Thuât, Olivier Barbey est nommé «grand maître» en Suisse. Après la mort de Nguyên Duc Môc en 2009, Olivier Barbey lui succède en tant que doyen de l’école Son Long Quyên Thuât.

L’école Trang Si Dao était aussi représentée au festival. Créée en 1980 en Belgique par le maître Viêt kiêu Dông Van Hung, elle rassemble elle aussi nombre de pratiquants belges, français, algériens, allemands... Parmi eux, Helène Van Der Elst : «C’est la deuxième fois que je participe à ce festival. Tout est merveilleux. En pratiquant le Trang Si Dao, je me trouve plus énergique, plus confiante en moi-même». Son mari et ses deux enfants sont eux aussi adeptes de cette école.

Plus qu’un sport, les arts martiaux du Vietnam ne cessent de prendre de l’ampleur à l’étranger. «Le Vietnam a une civilisation millénaire. À travers ses arts martiaux, on peut découvrir la culture et l’esprit d’un peuple martial».