Bien plus qu’une orientation nouvelle pour le développement économique des ménages, ce modèle contribue à transformer les mentalités, à éveiller l’esprit d’autonomie et de résilience chez la jeunesse issue des minorités ethniques, en concrétisant leur aspiration à sortir de la pauvreté.
Plus qu’un simple élevage, un tremplin pour une nouvelle vie
Lancé début 2024 à l’initiative de l’Union communale de la jeunesse de Dak To, le modèle a bénéficié d’une attention constante des autorités de Quang Ngai.
Quatre foyers de jeunes appartenant à des minorités ethniques du hameau Kon Tu Dop 1 y participent.
Chacun a reçu huit chèvres reproductrices, et bénéficie des formations aux techniques d'élevage, des instructions pour la construction d’enclos et d’un accompagnement pour les soins aux animaux tout au long du processus.

L’expérience d’A Kham, chef de la coopérative de jeunes, illustre parfaitement un véritable changement de mentalité et de pratiques.
« Au début, je n’y connaissais rien. Mais grâce aux explications détaillées des responsables de l’Union et aux experts invités, j’ai appris pas à pas. Je considère mes chèvres comme un trésor : chaque jour, je coupe de l’herbe, nettoie l’étable, vérifie leur santé quotidiennement. Si elles sont en bonne santé, cela me donnera confiance dans l’avenir de ma famille », explique-t-il.
Parti de huit bêtes, son cheptel en compte aujourd’hui quatorze. Six d’entre elles ont déjà été vendues, générant un revenu d’environ 25 millions de dongs.
Cette somme permet non seulement à sa famille de subvenir à ses besoins, mais est également réinvestie dans l'achat d'engrais et la réparation des installations, contribuant ainsi à la création d'un cycle économique durable.

Un autre membre de la coopérative, A Doi, partage sa satisfaction : « J’avais peur de ne pas m’en sortir, mais finalement les chèvres sont faciles à élever : elles mangent de tout, tombent rarement malades. À condition de couper de l’herbe et d’entretenir l’étable, elles se portent bien et se reproduisent facilement. Je prévois maintenant d’agrandir le troupeau pour augmenter les revenus et améliorer les conditions de vie de ma famille. »
Auparavant, la famille d'A Doi dépendait de quelques milliers de mètres carrés de manioc avec un revenu instable. Elle dispose désormais d'une source de revenus stable supplémentaire grâce à la vente de chèvres.
L'accompagnement de l'Union des jeunes, clé du succès
Le succès du modèle ne repose pas seulement sur l'élevage ou les techniques, mais aussi sur le rôle actif de l'Union des jeunes locale. Dès le départ, l'Union des jeunes de la commune de Dak To a clairement identifié que le modèle n'est véritablement efficace que s'il bénéficie d'un accompagnement continu, de la préparation à la mise en œuvre jusqu’au suivi technique.
« Nous ne nous contentons pas de distribuer des chèvres et de laisser les familles se débrouiller. L’essentiel est d’accompagner, de fournir des conseils techniques et de suivre de près le processus d'élevage afin d'apporter des ajustements rapides. En cas de maladie ou de reproduction tardive, nous intervenons immédiatement avec l’appui du service vétérinaire », explique A Kam, secrétaire adjoint de l’Union communale des jeunes.

Les réunions régulières de la coopérative servent non seulement à planifier l’élevage, mais aussi à échanger des expériences, à s’entraider sur les techniques de prévention et de soins.
La cohésion communautaire se manifeste également à travers des actions collectives, telles que la coupe d’herbe, la réparation des enclos ou le nettoyage du hameau, contribuant à instaurer un mode de vie plus propre et plus civilisé à Kon Tu Dop 1.
Après près de deux ans de mise en œuvre, les résultats sont tangibles : le troupeau global est passé de 32 à 43 têtes, dont 16 ont été vendues, générant un revenu moyen de 18 à 25 millions de dongs par foyer.
Il s'agit d'une source de revenus importante pour les jeunes ménages issus de minorités ethniques, jusque-là uniquement familiers avec l'agriculture à petite échelle et les revenus instables.
Un tremplin vers d’autres horizons
Ce qui est encore plus encourageant, c’est l’évolution de l’esprit entrepreneurial et la prise de conscience de la nécessité de s’affranchir de la pauvreté par leurs propres moyens.
De nombreux jeunes de la commune, après avoir constaté le succès du modèle, ont sollicité l'Union communale des jeunes pour obtenir des conseils techniques et des prêts, afin de lancer des projets similaires.

De là, un mouvement de jeunesse s'est formé pour rivaliser d'efficacité entrepreneuriale, créant ainsi une force motrice pour se propager au sein de la communauté.
Ne se limitant pas au modèle d'élevage de chèvres, l'Union des jeunes de la commune de Dak To coordonne ses activités avec les unités fonctionnelles pour élargir l’expérience à d’autres domaines adaptés aux conditions locales, tels que la culture maraîchère, l'élevage bovin, l’élevage de poulets ou la culture d'arbres fruitiers.
Le modèle d’élevage de chèvres reproductrices de Kon Tu Dop 1 est une démonstration vivante de cette stratégie.
L'élevage de chèvres génère non seulement des revenus, mais aussi la confiance et l’espérance d’un avenir meilleur pour la jeunesse.
Modeste par son envergure, le modèle « Élevage de chèvres reproductrices » n’en incarne pas moins une réussite économique et sociale. Elle permet aux familles d’accéder à une source de revenu stable, tout en ravivant chez les jeunes issus des minorités ethniques l’esprit d’initiative et la volonté de s’élever par leurs propres moyens.
Non seulement ils s'enrichissent, mais ils sont aussi des pionniers contribuant à l’essor d’une terre plus prospère et plus civilisée.