La diplomatie climatique face à la spirale du changement climatique mondial

Il ne reste plus beaucoup de zones épargnées : des vagues de chaleur extrême frappent désormais presque tous les continents, générant une « spirale infernale » mêlant sécheresse, feux de forêt et dérèglements climatiques. La chaleur excessive aggrave les sécheresses, rendant la végétation plus inflammable.

Un bateau échoué dans le lit d’un lac asséché, dans le district de Wonogiri, province de Java central (Indonésie), le 10 août 2023. Photo : Xinhua.
Un bateau échoué dans le lit d’un lac asséché, dans le district de Wonogiri, province de Java central (Indonésie), le 10 août 2023. Photo : Xinhua.

Les incendies libèrent d’importantes quantités de dioxyde de carbone, réchauffant davantage la planète, et alimentant ainsi les phénomènes climatiques extrêmes. Le pourtour méditerranéen, l’ouest des États-Unis ou encore l’Australie en font l’expérience directe.

Selon le rapport de l’ONG Climate Central, près de 4 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, ont connu au moins 30 jours de chaleur extrême. Dans plus de 195 pays et territoires, le nombre de jours de canicule a doublé. Le changement climatique ne menace plus seulement l’environnement : il désorganise les économies, provoque des mouvements migratoires et exerce une pression croissante sur les systèmes de santé publique.

Face à ces enjeux, la communauté internationale prône depuis longtemps une mobilisation concertée, à la fois nationale, régionale et mondiale. C’est dans ce contexte qu’est née la notion de « diplomatie climatique », qui s’est affirmée depuis la signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992. Devenue un axe fort des relations internationales, elle façonne désormais aussi bien les dialogues bilatéraux que les forums multilatéraux.

Parmi les cas emblématiques, les Maldives illustrent comment les petits États insulaires peuvent convertir leur vulnérabilité géographique en levier diplomatique. Avec 80 % de leur territoire situé à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, ce paradis touristique d’Asie du Sud a très tôt inscrit le climat au cœur de sa politique étrangère. Dès la fin des années 1980, les Maldives ont plaidé auprès des Nations unies en soulignant que la survie de leur population dépendait directement des conditions naturelles. En mettant en avant leur rôle d’alerte, elles ont gagné en influence et en soutien international.

D’autres pays ont adopté des stratégies similaires : la Turquie et la Grèce ont renforcé leur coopération bilatérale autour de la lutte contre les incendies ; les États-Unis et le Canada partagent leurs moyens avec des pays confrontés à des feux hors de contrôle.

Sur le plan multilatéral, des programmes tels que l’initiative REDD+ de l’ONU, ou le Réseau de prévention des incendies de l’UNDRR, servent de socles pour élaborer des politiques de prévention. Le mécanisme de protection civile de l’Union européenne permet le déploiement rapide d’avions et de pompiers dans les États membres.

Les forums comme le G20 ou les conférences annuelles de l’ONU sur le climat (COP) continuent d’impulser des négociations sur les financements climatiques et l’aide aux régions vulnérables, notamment en matière de gestion durable des terres.

Mais la montée des tensions géopolitiques et le poids des contraintes économiques freinent ces efforts. Dans certaines régions marquées par l’instabilité, la question climatique risque d’être reléguée au second plan. Alors que les États continuent de jongler entre intérêts immédiats et obligations à long terme, les prévisions estivales annoncent une saison encore plus chaude, plus sèche et plus périlleuse.

Dans ce contexte, la diplomatie climatique ne peut être reléguée. Le monde doit optimiser l’usage des fonds existants en faveur des pays les plus vulnérables, renforcer les mécanismes régionaux de coopération durable, et explorer les opportunités offertes par l’intelligence artificielle (IA). Surtout, il est crucial de transformer notre rapport à la nature, longtemps perçue comme extérieure à la vie humaine.

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