Le gouvernement vietnamien a promulgué la décision no 21/2025/QĐ-TTg du 4 juillet 2025, fixant les critères environnementaux et la procédure de validation des projets d’investissement relevant de la taxonomie verte. Photo : daibieunhandan.vn
Le gouvernement vietnamien a promulgué la décision no 21/2025/QĐ-TTg du 4 juillet 2025, fixant les critères environnementaux et la procédure de validation des projets d’investissement relevant de la taxonomie verte. Photo : daibieunhandan.vn

La taxonomie verte réduira le risque de « greenwashing »

Selon les experts, la publication par le gouvernement vietnamien de la taxonomie verte ouvrira la voie à une vague d’investissements durables.

Ce système de classification permet d’identifier, à l'aune de nombreux critères adaptés aux spécificités économiques du Vietnam, les activités économiques d'une entreprise considérées comme « durables » et « vertes » d'un point de vue environnemental. Cela contribue également à réduire les risques de « greenwashing ».

Faciliter l’accès des entreprises aux financements verts

Actuellement, le Vietnam a besoin d’importants volumes de capitaux diversifiés pour moderniser ses infrastructures de manière durable.

Le secrétaire général de l’Association du marché obligataire du Vietnam, Do Ngoc Quynh, a indiqué que le Vietnam aurait besoin d’environ 20 milliards de dollars par an pour financer ses initiatives de développement durable et réaliser son objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Cela montre le potentiel considérable du marché des obligations vertes au Vietnam.

Récemment, le gouvernement vietnamien a promulgué la décision no 21/2025/QĐ-TTg du 4 juillet 2025, fixant les critères environnementaux et la procédure de validation des projets d’investissement relevant de la taxonomie verte.

Selon les experts, cette décision sert de base juridique importante pour le développement de la finance verte au Vietnam, y compris les crédits et les obligations d’entreprise vertes.

Plus précisément, la taxonomie verte vietnamienne couvre 45 types de projets répartis dans 7 secteurs clés que sont : l’énergie, les transports, la construction, la gestion des ressources en eau, les activités agricoles, forestières et halieutiques, la biodiversité, l’industrie manufacturière, et les services environnementaux.

Selon la nouvelle réglementation, un projet d’investissement est reconnu comme projet vert s’il remplit simultanément deux critères essentiels.

Premièrement, il doit se conformer pleinement aux exigences en matière de protection de l’environnement, et disposer d’une décision d’approbation des résultats de l’évaluation de l’étude d’impact environnemental (EIE), d’un permis environnemental ou d’un enregistrement environnemental, conformément aux dispositions en vigueur.

Si le projet est exempté des procédures environnementales, ce critère n’est pas obligatoire.

Deuxièmement, le projet doit relever du domaine de la protection de l’environnement ou présenter des avantages environnementaux clairement identifiables, tout en satisfaisant aux exigences techniques définies à l’annexe I de la décision no 21/2025/QĐ-TTg.

La reconnaissance d’un projet relevant de la taxonomie verte peut être effectuée soit par une autorité publique compétente, soit par un organisme de certification indépendant.

Dans le premier cas, la reconnaissance est intégrée au processus de traitement des dossiers administratifs en matière d’environnement, tels que l’évaluation de l’EIE ou la délivrance du permis environnemental.

Dans le deuxième cas, l’organisme de certification indépendant doit avoir la personnalité juridique, être dûment enregistré pour exercer au Vietnam, et relever de l’une des catégories suivantes : cabinet d’audit, organisme d’évaluation de la conformité ou toute entité exerçant des fonctions similaires.

Parallèlement, ces organismes doivent satisfaire à l’une des normes suivantes : TCVN ISO/IEC 17029:2020, ISO/IEC 17029:2019, ISAE 3000, ou toute autre norme internationale équivalente reconnue par une autorité compétente.

La reconnaissance est effectuée à la demande du maître d’ouvrage du projet ou de l’entité émettrice d’obligations vertes.

Si la reconnaissance est effectuée par une autorité publique, la demande correspondante sera intégrée au dossier de demande d’évaluation de l’EIE ou de délivrance du permis environnemental. Cette démarche contribue à simplifier les procédures administratives tout en facilitant l’accès des entreprises aux financements verts.

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Installation éolienne et solaire illustrant les efforts du Vietnam en matière de transition énergétique et de croissance verte. Photo : Vietnamnet.

Opportunités pour les acteurs financiers

Nguyen Tung Anh, représentant du département de recherche sur les risques de crédit et la finance durable de FiinRatings, a estimé que la publication de la taxonomie verte démontre les efforts du gouvernement vietnamien pour mobiliser les capitaux verts et s’aligner progressivement sur la dynamique internationale.

« C’est un signal positif annonçant une forte croissance du marché dans un avenir proche. Cette taxonomie permet au Vietnam d’élaborer de nouvelles normes durables plus avancées, alignées sur celles des marchés développés, comme l’Union européenne ou les États-Unis, ainsi que de réaliser l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 », a-t-il ajouté.

D’après les analystes, la taxonomie verte offre de nombreuses opportunités aux institutions financières. Sur le plan opérationnel, elle standardise les critères et la classification des projets verts adaptés au Vietnam, réduisant ainsi le risque de « greenwashing ».

Sur le plan stratégique, elle aide les banques à élargir leurs produits de crédit vert, à améliorer leur compétitivité et à promouvoir leur image de marque en faveur du développement durable.

Elle facilite aussi l’accès au financement étranger dans un contexte mondial favorable aux projets à faibles émissions.

Pour les entreprises émettrices d’obligations vertes, cette taxonomie leur permet de clarifier les projets éligibles, facilitant ainsi leur accès au financement à travers ce canal.

Pour les investisseurs, la taxonomie verte offre un outil efficace pour évaluer plus précisément la durabilité et les risques des projets, facilitant la diversification de leur portefeuille vers des investissements durables, notamment en ce qui concerne les projets répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

À ce jour, deux instruments financiers verts principaux ont été inscrits dans la loi sur la protection de l’environnement : le crédit vert et les obligations vertes.

Selon certains experts, le crédit vert désigne un prêt accordé par les institutions financières pour des activités de production, de consommation ou d’investissement respectueuses de l’environnement, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes.

Quant aux obligations vertes, il s’agit d’emprunts émis par l’État, les collectivités locales ou les entreprises, visant à mobiliser des fonds pour des projets présentant des bénéfices environnementaux significatifs.

Des défis à surmonter

Cependant, plusieurs défis pourraient se poser dans l’application de la taxonomie verte : le manque d’uniformité des compétences techniques au sein des acteurs du marché, ou encore le manque d’organismes de certification crédibles reconnus par des institutions internationales.

Par ailleurs, les coûts de conformité élevés et des processus de validation complexes nécessitent une coopération étroite entre les entreprises et les autorités.

Pour faire face à ces défis, les experts de FiinRatings recommandent aux banques de développer un cadre de crédit vert clair et complet, basé sur la taxonomie verte et les standards internationaux. Il est également important de diversifier les produits de crédit vert en fonction des secteurs, ainsi que de renforcer la formation du personnel et l’alignement sur les meilleures pratiques internationales.

Du côté des entreprises, en tant qu’émetteurs ou emprunteurs de crédits verts, il est nécessaire de bien maîtriser la réglementation et les normes environnementales. Il est essentiel de préparer des dossiers techniques rigoureux pour bénéficier des avantages de la taxonomie verte, d’assurer la gestion efficace des projets verts et de former les collaborateurs impliqués dans leur mise en œuvre.

* Le greenwashing, ou « blanchiment écologique », désigne la pratique par laquelle une entreprise ou une organisation donne une image trompeuse de ses actions en faveur de l'environnement pour améliorer sa réputation. Il s'agit de faire croire au public que les produits, services ou activités de l'entreprise sont plus respectueux de l'environnement qu'ils ne le sont en réalité.

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