L’événement fait participer 24 jeunes artistes de l’École des beaux-arts du Vietnam.
Baptisée "Fil de connexion", l’exposition met l’accent sur la connectivité entre les différentes générations des étudiants participants aux "Ateliers de soie" ces derniers années ainsi qu’entre les étudiants de différentes spécialités.
"Ils ont été encouragés à travailler en groupe, à partager des recherches allant des techniques aux questions culturelles, et à relier les pratiques de création artistique aux activités du village artisanal", a souligné Nguyên Thê Son, curateur de l’exposition.
Et d'ajouter : "Une connexion étroite a notamment été établie entre les jeunes artistes et les artisans du Village de la soie de Phùng Xá, district de My Duc, en banlieue de Hanoï".
Les jeunes artistes sont venus à Phùng Xá à plusieurs reprises pour étudier toutes les étapes de production de la soie, mieux comprendre la vie des artisans dans un village de métier traditionnel et chercher des sources d’inspiration pour leurs œuvres.
Lors de la cérémonie d’inauguration de l’exposition, le comité d’organisation a invité les artisans de ce village à échanger avec les visiteurs.
"Je suis très heureuse de voir la soie inspirer des jeunes peintres et être utilisée dans leurs œuvres", a exprimé l’artisane Phan Thi Thuân, la première Vietnamienne à produire la soie de lotus.
Elle a souhaité que cet événement contribue à valoriser la beauté de la soie et à promouvoir son artisanat.
Après quatre mois de contact avec les artisans, Nguyên Hoài Giang a créé l’installation Bai bê nuong dâu (littéralement "Une mer qui se transforme en champ de mûriers" pour désigner vie pleine de vicissitudes).
Elle a utilisé un rideau de soie de 40 m dont la fabrication a nécessité 2 kg de fils de soie tirés de 20 kg de cocons créés par 12 000 vers à soie.
En admirant cette œuvre, les visiteurs peuvent également écouter le son des machines à tisser enregistré dans les ateliers de Phùng Xá. "Lors de ma visite à ce village, j’ai été ébloui par le travail sérieux des artisans, faisant fi des difficultés pour créer des produits en soie de haute qualité", a confié Nguyên Hoài Giang.
"Je suis impressionné par l’œuvre de Hoài Giang qui s’inspire du cycle de vie des vers à soie et des étapes de production de la soie", a exprimé Ingo Vetter, professeur de sculpture à l’Université d’arts de Bremen, en Allemagne.
Un matériau connu des beaux-arts du Vietnam
La soie est l'un des matériaux utilisés dans l’enseignement et la création d’œuvres artistiques au Vietnam depuis la fondation de l'École des beaux-arts de l'Indochine (actuellement l’École des beaux-arts du Vietnam) il y a près d’un siècle.
De nombreuses générations d'enseignants et d'élèves de l'établissement ont effectué des recherches sur ce matériau et y ont expérimenté des moyens d’expression novateurs.
Les peintres comme Nguyên Phan Chanh, Mai Trung Thu, Lê Phô ou encore Lê Thi Luu ont réussi à l’exploiter et à lui donner ses lettres de noblesse.
Au fil du temps, la peinture sur soie est devenue un genre d’art important, à côté de la laque, de la peinture à l'huile…, contribuant à enrichir les beaux-arts du Vietnam.
"Avec la laque, la soie est un matériau d'art qui unit l'esprit traditionnel de la nation, la sensibilité orientale et l'esthétique moderne de l'Occident. Elle harmonise la tradition et la modernité", a souligné Nguyên Thê Son.
Autrefois, il y avait une longue période où la soie était tombée dans l’oubli pour de nombreuses raisons.
Contrairement aux œuvres laquées ou acryliques, les peintures sur soie n’ont pas la brillance nécessaire pour accrocher le regard des visiteurs lors des expositions.
C’est pour cette raison que la peinture sur soie était même le dernier choix des apprenants lors des formations artistiques.
Même constat pour les villages de la soie sur l’ensemble du pays.
Face au boom de l’économie de marché et à l’envahissement des tissus industriels, la production de la soie a rencontré beaucoup de difficultés.
Depuis une dizaine d’années, entre les efforts des jeunes artistes pour la revitalisation des peintures sur soie et l’écho des œuvres des peintres d’Indochine sur les ventes aux enchères internationales, ce genre d’art retrouve peu à peu son prestige.
Dans cette conjoncture, l’École des beaux-arts du Vietnam a ouvert les ateliers de soie auxquels les étudiants sont encouragés à participer pour étudier profondément celle-ci et apprendre à l’exploiter avec d’autres matériaux d’art.
"Les exercices ont pour objectif de stimuler la capacité de réflexion ouverte des étudiants, la créativité et la personnalité de chacun", a insisté Nguyên Thê Son.
L'exposition est ouverte jusqu'au 11 septembre.