Après six années de dévouement assidu envers le tir au pistolet, Trinh Thu Vinh rêvait de l’opportunité de rivaliser avec les tireurs d’élite internationaux.
Ses efforts inlassables lui ont finalement permis de décrocher un billet pour la compétition la plus prestigieuse au monde, les Jeux olympiques (JO) de Paris en 2024. Thu Vinh devient ainsi la deuxième sportive vietnamienne à recevoir cet honneur, suivant ainsi les traces de la cycliste Nguyên Thi Thât.
À seulement 22 ans, cette jeune femme a encore un long chemin à parcourir, mais elle nourrit l’espoir de réaliser sa meilleure performance à Paris, où elle rejoindra des compétitrices de haut niveau venues des quatre coins du globe.
Tireuse d’élite par hasard
Originaire du district de Thach Thành, province de Thanh Hoa (Centre), Thu Vinh a commencé sa carrière sportive en pratiquant l’athlétisme au sein de l’équipe de la Police populaire de sa province. Sa transition vers le tir de précision s’est faite par pure coïncidence.
“Après plusieurs années, mes performances en athlétisme stagnaient. Les entraîneurs m’ont alors suggéré de me tourner vers l’équipe de tir. Peu à peu, je suis tombée sous le charme des armes à feu et des projectiles”, a confié la jeune fille. Et d’ajouter : “À partir de là, j’ai intensifié mon entraînement et j’ai réussi à décrocher mes premières médailles, ce qui m’a encouragée à rejoindre l’équipe nationale au début de 2019”.
Le repérage de son potentiel s’est réalisé grâce à l’ancienne entraîneuse en chef de l’équipe nationale, Nguyên Thi Nhung, et à l’expert sud-coréen Park Chung-gun. C’est ainsi que Thu Vinh a été invitée à rejoindre la sélection, où elle a eu l’opportunité de s’exercer aux côtés des légendes nationales telles que Trân Quôc Cuong et Hoàng Xuân Vinh, qui exercent maintenant en tant qu’entraîneurs nationaux.
Peu de temps après, elle a accompli une performance remarquable, obtenant une moyenne impressionnante de 570/580 points lors des compétitions de pistolet à air comprimé à 10 m. Cette performance lui a permis de se qualifier pour les finales de toutes les compétitions internationales auxquelles elle a participé.
Park Chung-gun a une fois de plus reconnu son potentiel en la sélectionnant pour bénéficier d’un soutien renforcé en vue des JO de Paris. Il s’est investi dans le développement de cette jeune tireuse, en perfectionnant sa technique et en renforçant sa détermination mentale.
“Les JO ne sont pas seulement un rêve pour moi, mais une aspiration devenue réalité. Après m’être acharnée à l’entraînement, avoir obtenu des résultats positifs et avoir eu l’opportunité d’observer des légendes telles que Xuân Vinh et Quôc Cuong, ainsi que mes coéquipiers seniors, je suis convaincue que je peux réussir. Je suis déterminée à donner le meilleur de moi-même et à repousser mes limites. Si je peux me battre, je peux rivaliser avec n’importe qui”, a partagé Thu Vinh avec détermination.
La jeune femme a déjà engrangé des succès significatifs, remportant une médaille de bronze en individuel et une d’argent en équipe lors des 31es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 31) organisés en 2022 au Vietnam, ainsi que trois d’or aux Championnats d’Asie. Cependant, son exploit le plus marquant s’est déroulé lors des 53es Championnats du monde de tir de l’ISSF, tenus en août dernier en Azerbaïdjan.
Du tir occasionnel au Top 5 mondial
Thu Vinh a fait face à une compétition féroce avec 130 tireuses lors du tour de qualification. Elle a réussi à décrocher un excellent score de 579 points, ce qui lui a valu une place parmi les huit premières pour la finale. Lors de cette dernière étape, elle a affiché une performance solide avec un score de 175,6 points, lui permettant de terminer à la cinquième place au classement final.
Ces championnats du monde revêtaient une importance capitale, car ils servaient de phase de qualification pour les JO. En effet, les quatre meilleures tireuses de l’épreuve féminine de pistolet à air comprimé ont obtenu leur billet pour les JO de Paris.
Parmi les trois meilleures concurrentes, la Grecque Anna Korakaki avait déjà assuré sa place aux JO, tandis que la Chinoise Xue Li n’a pas pu se qualifier, car elle était la troisième tireuse chinoise, et selon les règles, seuls deux athlètes d’un même Comité national olympique peuvent participer. Par conséquent, Thu Vinh et la Sud-Coréenne Kim Bomi, qui a terminé à la sixième place, ont décroché les deux places disponibles.
Thu Vinh a reconnu avoir éprouvé une nervosité intense avant la finale, ce qui a eu pour conséquence deux tirs décevants totalisant seulement huit points. L’atmosphère était tendue, et elle a eu du mal à se concentrer.
“Je devais demeurer immobile, respirer profondément et chasser toutes les pensées de mon esprit. J’avais toujours un carnet à portée de main dans lequel j’avais consigné ma méthode pour gérer ma nervosité et retrouver mon calme. Et cela a porté ses fruits”, a-t-elle raconté.
“La pression était intense, et j’étais à la fois enthousiaste et inquiète, car je n’avais pas une confiance totale en mes chances de réussir. C’est une expérience incroyable d’avoir obtenu une place aux JO. Toutefois, je ressens une pointe de déception de ne pas avoir réussi à battre mon propre record. Après six années de dévouement, je suis fière de savoir que j’ai apporté ma modeste contribution au sport vietnamien”, a-t-elle expliqué.
L’entraîneuse Nguyên Thi Nhung a exprimé son admiration pour les progrès spectaculaires réalisés par Thu Vinh depuis son arrivée dans l’équipe nationale. Elle est passée de performances très modestes à un niveau tout à fait exceptionnel. Ses résultats, qui l’ont classée parmi les cinq meilleures aux championnats du monde, la désignent désormais comme une représentante du Vietnam aux JO de Paris.
L’entraîneur Trân Quôc Cuong, quant à lui, n’a pas été surpris par la réussite de Thu Vinh, car il avait toujours été conscient de ses capacités. Il avait d’ailleurs prédit qu’elle participerait tôt ou tard aux JO, et ces prédictions se sont avérées justes.
Il s’est écoulé sept ans depuis les JO de Rio de Janeiro en 2016, au Brésil, où le Vietnam a obtenu une place officielle au tir. Cependant, lors de l’édition de 2020 à Tokyo, au Japon, aucun athlète vietnamien ne s’est qualifié, malgré la participation sans succès du champion en titre, Xuân Vinh.
Thu Vinh devient ainsi la quatrième tireuse et la deuxième femme du Vietnam à décrocher une place aux JO. La première femme à réaliser cet exploit était Lê Thi Hoàng Ngoc, pour les JO de Londres en 2012.
Des objectifs ambitieux
À l’heure actuelle, Thu Vinh participe aux 19es Jeux asiatiques (ASIAD) qui se tiennent en Chine. Après sa qualification pour les JO, elle représente désormais un espoir de médaille pour le Vietnam lors de cet événement sportif de grande envergure.
“Je vais mettre de côté mes affaires personnelles. Il est temps de me consacrer pleinement à un entraînement intensif en vue des ASIAD, ce qui constitue un défi de taille pour moi”, a dit Thu Vinh.
“Le tir est un sport d’habileté, d’exactitude, de précision et de vitesse. En plus de l’entraînement quotidien, je pratique également la méditation pour réduire le stress, améliorer mon attention et garder mon esprit en paix. Cela m’aide à améliorer mon tir. J’espère que j’atteindrai mon apogée aux ASIAD 19. Les JO seront un puissant coup de pouce pour moi”, a-t-elle ajouté.
Le Vietnam n’a jamais décroché de médaille d’or en tir aux ASIAD, son meilleur résultat étant deux médailles de bronze lors de l’édition précédente en Indonésie.
“En plus de travailler sur la technique et la condition physique, nous mettons également l’accent sur le développement de l’esprit tactique et du courage chez nos tireurs. Nous espérons qu’ils pourront démontrer leurs compétences et que des athlètes exceptionnels, comme Thu Vinh, pourront nous aider à atteindre nos objectifs”, a conclu l’entraîneur Hoàng Xuân Vinh.