L’Asie du Sud-Est, futur pôle mondial des carburants durables pour l’aviation

Selon un projet de recherche collaboratif entre le Canada et l’ASEAN, l’Asie du Sud-Est dispose d’un potentiel considérable pour devenir un centre mondial de production de carburant d’aviation durable (SAF – Sustainable Aviation Fuel).
Le SAF peut réduire jusqu’à 80 % des émissions de carbone sur l’ensemble de son cycle de vie. Photo d'illustration/VnEconomy.
Le SAF peut réduire jusqu’à 80 % des émissions de carbone sur l’ensemble de son cycle de vie. Photo d'illustration/VnEconomy.

Des pays comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam bénéficient de ressources abondantes en matières premières pour la fabrication de SAF.

Le projet « Promouvoir la production de SAF à partir de résidus agricoles dans la région ASEAN », soutenu par le Canada, Boeing, GHD et le Secrétariat de l’ASEAN, constitue une avancée vers un avenir aéronautique durable.

Satvinder Singh, Secrétaire général adjoint de la Communauté économique de l’ASEAN, a déclaré : «Cette initiative représente un pas décisif dans l’engagement de l’ASEAN en faveur d’une aviation durable.

En tirant parti de nos ressources locales et de notre capacité d’innovation, nous relevons non seulement les défis environnementaux, mais stimulons également le développement économique et la sécurité énergétique.

La réussite du projet témoigne de la capacité de coopération efficace de l’ASEAN face aux enjeux climatiques, tout en générant des bénéfices tangibles pour nos communautés.»

Le SAF est un carburant renouvelable ou issu de sous-produits, répondant aux critères de durabilité et permettant une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre.

Il peut être utilisé directement dans les avions actuels et est compatible avec les infrastructures existantes.

L’industrie aéronautique s’oriente vers une utilisation à 100 % de SAF.

L’industrie aéronautique s’oriente vers une utilisation à 100 % de SAF.

Aujourd’hui, les moteurs d’avion peuvent fonctionner avec un mélange contenant jusqu’à 50 % de SAF.

Toutefois, le secteur aérien ambitionne de passer à une utilisation de SAF à 100 % dans un avenir proche.

Selon les matières premières utilisées, le SAF peut réduire jusqu’à 80 % des émissions de carbone sur l’ensemble de son cycle de vie, voire davantage.

Il peut être produit à partir d’un large éventail de sources, notamment des cultures de couverture, des plantes non comestibles, des résidus agricoles et forestiers, des déchets municipaux non recyclables, des émissions industrielles, ainsi que de nombreuses autres matières premières.

Le projet a mené une évaluation technico-économique au Cambodge, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande et au Vietnam. Cette évaluation s’est concentrée sur la disponibilité des matières premières, les trajectoires technologiques, l’intensité carbone, la logistique, les aspects environnementaux et sociaux, le cadre institutionnel ainsi que les analyses financières.

Grâce à l’amélioration de la viabilité économique, la production de SAF dans la région de l’ASEAN pourrait dépasser la demande intérieure, ouvrant ainsi des perspectives d’exportation tant au sein qu’en dehors de la région.

Mme Sharmine Tan, directrice du développement durable pour Boeing en Asie du Sud-Est, a souligné: «Le SAF représente la meilleure opportunité pour décarboner l’aviation au cours des 30 prochaines années.

Cette étude met en lumière l’immense potentiel de la région en matière de matières premières, confirmant son rôle clé dans l’approvisionnement mondial en SAF.

Pour exploiter pleinement ce potentiel, il est essentiel que les gouvernements et les acteurs de l’aviation agissent de concert avec des politiques cohérentes, des investissements dans les infrastructures et une montée en puissance de la production locale.

L’Asie du Sud-Est tient une opportunité en or pour diriger la transition vers une aviation durable, tout en favorisant la croissance économique et la protection de l’environnement. »

Concernant les exportations, d’ici 2040, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam devraient devenir des exportateurs nets de SAF, tandis que le Japon et la République de Corée du Sud devraient figurer parmi les plus grands marchés importateurs dans la région.

L’étude souligne en particulier le fort potentiel d’exportation de l’Indonésie et du Vietnam, notamment grâce à des chaînes logistiques efficaces et économiquement viables.

Mme Vicky Singmin, ambassadrice du Canada auprès de l’ASEAN, a indiqué: « Le CTIF a apporté un appui technique aux pays d’Asie du Sud-Est pour renforcer les capacités de leur secteur énergétique. Cela inclut l’évaluation de la fiabilité des matières premières et du potentiel de production durable. Les recommandations du projet alimenteront les futures expérimentations dans certains États membres sélectionnés (Cambodge, Laos, Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Vietnam), en transformant les résidus agricoles en SAF. Elles soutiendront également le Secrétariat de l’ASEAN dans la vérification de la fiabilité des ressources pour la production de carburants renouvelables. »

Selon les études, la paille de riz est identifiée comme l’un des résidus agricoles ayant l’indice d’intensité carbone (IC) le plus faible dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est.

En évaluant les bénéfices socio-économiques, les experts indiquent que le SAF ne se limite pas à la création d’emplois, mais contribue également au renforcement des compétences des travailleurs, à la promotion de l’égalité des sexes et à l’élargissement des opportunités pour les communautés vulnérables.

Le SAF représente la plus grande opportunité pour l’industrie aéronautique de réduire les émissions au cours des 30 prochaines années.

Le SAF représente la plus grande opportunité pour l’industrie aéronautique de réduire les émissions au cours des 30 prochaines années.

Selon les prévisions, l’approvisionnement en matières premières pour le SAF sera étendu grâce à l’expansion des pratiques agricoles et à l’usage généralisé de la biomasse, sans avoir recours à l’augmentation des surfaces cultivées.

Outre les bénéfices environnementaux, le projet souligne également le rôle du SAF dans la promotion de l’égalité des sexes et du développement économique.

Le SAF ouvre de nombreuses perspectives d’emploi, contribue à l’amélioration des compétences de la main-d’œuvre et à la diversification des ressources humaines, en accordant une attention particulière à la participation des femmes et des communautés vulnérables.

M. Sachin Narang, conseiller exécutif pour l’énergie et les infrastructures chez GHD, a déclaré : « L’achèvement de ce projet constitue une étape cruciale dans la transition vers une aviation durable en ASEAN. Les résultats obtenus serviront de base aux futures initiatives, investissements et politiques en matière de développement du SAF à l’échelle régionale. »

Le Secrétariat de l’ASEAN et ses partenaires appellent à un renforcement de la coopération entre gouvernements, industries, centres de recherche et investisseurs afin d’accélérer la transition vers le SAF.

La prochaine phase du projet se concentrera sur l’élaboration de politiques publiques, le renforcement des capacités techniques et la mobilisation des investissements.

L’engagement commun entre gouvernements, entreprises et communautés au sein de l’ASEAN jouera un rôle déterminant dans l’avenir de l’aviation durable, contribuant ainsi de manière significative aux objectifs de développement durable régionaux et mondiaux.