Dès le début de la crise sanitaire, la scolarisation de plus d’un milliard d’élèves a été interrompue, en raison des restrictions sanitaires, avec de graves conséquences recensées par l’UNESCO. C’est dans ce contexte difficile que l’enseignement à distance, aidé par les nouveaux moyens de communication, est apparu comme une solution adéquate pour garantir la continuité pédagogique.
En Asie-Pacifique, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) a lancé diverses initiatives afin de soutenir ses universités membres. Le dernier projet en date s’appelle "Plan d’accompagnement pour un enseignement supérieur à distance de qualité 2020" (plan EAD), qui a su valoriser le rôle de l’AUF aux côtés des établissements de la région dans le contexte épidémique compliqué.
Photo : EAD/CVN.
"Je voudrais rappeler que le COVID-19 s’est révélé être un accélérateur de la transformation digitale, mais aussi un révélateur du potentiel des technologies numériques, dans de nombreux domaines. L’enseignement à distance, imposé de fait par la pandémie, a mis en évidence que la formation des enseignants était tout aussi importante que la modernisation des infrastructures, pour faciliter cette transition vers une approche pédagogique hybride (l’enseignement mixte, mêlant présentiel et distanciel)", a indiqué Fabien Méheust, directeur régional adjoint de l’AUF en Asie-Pacifique.
Dix universités vietnamiennes bénéficiaires
Le Vietnam est l’un des quatre pays bénéficiaires du projet avec un budget de 75 000 euros attribué à dix universités sélectionnées. L’Université de Hanoï (HANU), membre de l’AUF depuis 1994, bénéficie depuis longtemps de l’aide de l’Agence.
Elle a été le premier établissement vietnamien à bénéficier du plan EAD permettant de l’aider à organiser des cours hybrides pendant la période de distanciation sociale qui a obligé le corps enseignant et les étudiants à travailler à domicile.
"Nous avons rencontré au début des difficultés pour la mise en place des cours en ligne parce qu’il s’agissait de quelque chose de nouveau pour nous et que nous ne savions pas comment faire. Grâce à ce projet, nous avons pu nous associer à des experts dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Ils nous ont aidés à élaborer les contenus d’enseignement et à les mettre sur une plate-forme dédiée", a informé Trân Van Công, doyen du Département de français de la HANU.
Ce projet d’accompagnement de l’AUF est apparu bénéfique pour cette école, notamment pour les enseignants et les étudiants du Département de français. "La mise en place du projet était importante pour nous parce qu’il nous a permis d’avancer sur notre processus de transformation numérique dans nos pratiques d’enseignement, mais aussi de faciliter l’apprentissage avec les outils numériques", a estimé Nguyên Van Toàn, enseignant du Département de français.
Une tendance de fond
Les étudiants, que pensent-ils à la fois de ce projet et de l’enseignement à distance, un mode de travail qui deviendra certainement une tendance dans le futur ?
"J’aime bien les cours à distance parce que les activités sont diverses, non seulement des questionnaires à choix multiple (QCM) mais aussi des textes à trou. Il est aussi facile pour les enseignants d’aider les étudiants et de corriger les activités une par une. Les devoirs en ligne permettent à chacun de se responsabiliser vis-à-vis de ses études", a noté Luu Vân Anh, étudiante du Département de français.
Si la HANU cherche à consolider la formation à distance, l’Université d’architecture de Hanoï (UAH) a su également profiter du plan EAD pour développer davantage les plateformes e-learning dans ses programmes. "Ce projet est vraiment un outil efficace, qui a soutenu notre manière d’enseigner au sein de l’université", a indiqué Nguyên Thai Huyên, directrice adjointe de l’Institut de formation et de coopération internationale de l’UAH.
Ces dernières années, le développement de l’enseignement à distance est devenu un objectif majeur de l’UAH. "Pour les formations qui nécessitent une grande interaction entre enseignants et étudiants, comme la technique et l’architecture, les étudiants doivent souvent accomplir des plans ou réaliser des maquettes. C’est pour cette raison que l’enseignement en ligne pose des difficultés. Grâce au projet EAD, la qualité de la formation est assurée", a souligné le Dr. Nguyên Minh Nhât, coordinateur de ce projet à l’UAH.
Les résultats sont aussi appréciés à la fin du projet et continueront à être valorisés dans les temps à venir quand l’enseignement à distance deviendra certainement une tendance indéniable.
Selon M. Nhât, "le projet s’est terminé avec succès mais ses résultats sont à apprécier sur le long terme, notamment dans ce contexte de mondialisation qui accélère des échanges pédagogiques internationaux. L’enseignement à distance constitue un outil efficace pour maintenir des programmes de coopération éducative internationale de notre université. C’est le résultat le plus efficace que le projet EAD nous apporte".
Bien que la crise sanitaire soit sous contrôle, elle n’est pas encore terminée.
Depuis deux ans, l’enseignement à distance est une solution efficace, permettant à des millions de jeunes de par le monde de continuer à étudier en toute sécurité.
Ce "distanciel" apparaît comme une tendance de fond, aidée en cela par les nouveaux moyens de communication. Il est à parier que l’apprentissage mixte, mêlant présentiel et distanciel, sera la norme, même une fois l’épidémie de COVID-19 terminée.
La pandémie a mis en lumière les retards à combler, mais elle a aussi renforcé les convictions quant aux nouvelles perspectives qui s’offrent grâce au numérique. La transformation digitale a une influence significative dans tous les domaines d’action de l’AUF : l’enseignement, la recherche ou la gouvernance.
Sur la base de ce constat, la transformation numérique a été intégrée et érigée comme l’un des cinq piliers fondateurs de la nouvelle stratégie portée par le recteur de l’AUF, le Pr. Slim Khalbous.