Le secteur de l’artisanat de Hanoï tire parti de l’EVFTA

L’Accord de libre-échange UE-Vietnam (EVFTA) ouvre de nombreuses perspectives aux entreprises de Hanoï exportant des produits artisanaux. Toutefois, il s’agit d’un marché réputé exigeant en matière de qualité des produits et de normes de production, ce qui impose aux entreprises de s’adapter pour répondre aux attentes.

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Les produits artisanaux de Hanoï doivent répondre à des normes pour pouvoir accéder au marché européen.

Au cours des trois dernières années, la part des exportations de la Société par actions d’Investissement et de Développement créatif Dong Duong vers l’Union européenne (UE) a augmenté de 20 %, en se concentrant sur plusieurs gammes principales, telles que les articles ménagers haut de gamme en rotin ou bambou tressés, les objets de décoration intérieure, ainsi que les sacs à main ou les chapeaux.

Hoang Thi Thanh Tam, directrice générale de l’entreprise, indique que, pour obtenir des commandes sur ce marché, la société a travaillé avec ses partenaires deux ans à l’avance, en préparant les certificats et attestations liés aux usines, aux produits ou aux designs. Ce n’est qu’une fois ces exigences strictes satisfaites que les commandes peuvent être passées.

À l’horizon 2025, le Vietnam a signé ou négocie 19 accords de libre-échange, parmi lesquels l’Accord de libre-échange Union européenne-Vietnam (EVFTA) et l’Accord de libre-échange Royaume-Uni–Vietnam (UKVFTA) constituent deux accords de nouvelle génération marquant une étape décisive.

La mise en œuvre de l’EVFTA a permis d’approcher un niveau quasi intégral de réduction tarifaire entre les deux parties. Cette conjoncture est considérée comme une période particulièrement favorable pour permettre aux entreprises vietnamiennes de valoriser pleinement les avantages offerts par l’accord.

Cependant, selon Ngo Chung Khanh, directeur adjoint du Département des politiques commerciales multilatérales (ministère de l’Industrie et du Commerce), le marché européen évolue fortement vers une consommation verte et propre, ainsi que vers un modèle durable en matière de travail et d’environnement. Les consommateurs européens s’intéressent non seulement à la qualité et au prix, mais aussi aux procédés de production. Par conséquent, si les entreprises de l’artisanat ne répondent pas à ces critères, il leur sera difficile de profiter des préférences tarifaires.

Par ailleurs, les conflits et les tensions internationales exercent une pression notable sur le commerce mondial, notamment sur les grands marchés comme l’UE. Contrairement aux produits essentiels, les articles d’artisanat sont destinés principalement à la décoration et à l’appréciation artistique. Lorsque les consommateurs resserrent leurs dépenses, ce segment est souvent le premier concerné, ce qui représente un défi majeur pour les producteurs exportant des articles artisanaux.

Face à cette situation, Ha Thi Vinh, présidente de l’Association de l’artisanat et des villages de métiers de Hanoï, estime que les entreprises souhaitant exporter doivent satisfaire aux certifications environnementales et sociales. Il ne s’agit pas seulement d’un engagement en faveur du développement durable, mais aussi d’un véritable « passeport » pour accéder aux marchés haut de gamme.

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Exposition de produits en bambou et en rotin provenant de villages artisanaux de Hanoï.

Selon Ha Thi Vinh, pour atteindre ces normes, les usines doivent disposer d’une échelle de production suffisante, de procédés modernes et d’un système de gestion professionnel. Par exemple, les entreprises de céramique investissent massivement dans des systèmes de traitement des déchets, dans une production propre et dans le respect des normes environnementales.

Partageant ce point de vue, Mme Hoang Thi Thanh Tam considère que l’EVFTA fixe de nombreuses exigences, notamment sur l’origine des matières premières, la sécurité au travail et la qualité des produits. Cela oblige les entreprises à innover continuellement, à renforcer leurs capacités techniques et à mettre en place un système de gestion conforme aux standards européens.

Selon Le Ba Ngoc, vice-président de l’Association vietnamienne des exportateurs de produits artisanaux, certaines entreprises de Hanoï atteignent près de 80 millions d’USD d’exportation par an. Toutefois, sans pouvoir démontrer que leurs matières premières sont propres et que leurs procédés réduisent les émissions, en conformité avec l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, il leur sera très difficile de maintenir leurs parts de marché.

« Les clients internationaux exigent désormais que les entreprises prouvent une baisse progressive de leurs émissions. Par exemple, si au début de l’année les émissions s’élèvent à 50 tonnes de carbone, elles doivent être réduites à un niveau inférieur en fin d’année. Pour y parvenir, l’entreprise doit contrôler l’ensemble de la chaîne de production, depuis la culture des matières premières jusqu’au transport, à la consommation de carburant et à l’utilisation d’énergie », souligne Le Ba Ngoc.

Selon le Service de l’Industrie et du Commerce de Hanoï, la mise en œuvre des accords de libre-échange entrera prochainement dans une phase marquée par des engagements plus ambitieux. Ainsi, la ville continuera de déployer des programmes destinés à aider les entreprises à tirer parti des avantages tarifaires, de l’information sur les marchés et des règles d’origine, notamment dans le cadre de l’EVFTA. Elle attachera également une attention particulière à la promotion commerciale, à l’enregistrement des marques, au soutien médiatique, aux foires et expositions, ainsi qu’au développement de plateformes de commerce électronique pour les produits artisanaux, tout en assurant un suivi étroit de la situation des entreprises afin de lever rapidement les difficultés dans les limites de ses compétences.

Pour exploiter pleinement le marché européen, les entreprises et villages de métiers doivent anticiper les barrières techniques, innover sans relâche et renforcer leurs capacités technologiques internes afin de satisfaire les standards exigeants de ce marché.

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