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Le Vietnam et l’Indonésie ont pris de nombreux engagements pour une coopération en matière de développement vert, dans le cadre de la visite d’État du secrétaire général du Parti Tô Lâm en Indonésie en mars dernier, qui a permis de porter leurs relations bilatérales au niveau de partenariat stratégique intégral. Photo : Baoquocte. |
Monsieur l'Ambassadeur, comment évaluez-vous le rôle et l’importance du 4ᵉ Sommet du Forum des Partenariats pour une croissance verte et les objectifs mondiaux (P4G), sous le thème « Une transition verte durable, centrée sur l’humain », dans le contexte international actuel ?
Le 4ᵉ Sommet P4G, organisé par le gouvernement vietnamien les 16 et 17 avril prochain, constitue une étape majeure dans la promotion des engagements mondiaux en faveur du développement durable. Succédant aux éditions précédentes à Copenhague (2018), à Séoul (2021) et en Colombie (2023), ce sommet devrait insuffler un nouvel élan vers la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Le thème retenu – « Une transition verte durable, centrée sur l’humain » – prolonge naturellement l’esprit du précédent sommet « Des partenariats pour une transition durable », en mettant l’accent sur l’inclusivité, l’innovation et le rôle central de l’humain dans la transition verte.
La transition verte est d’une urgence incontestable. Le développement économique ne peut plus s’opérer au prix de la dégradation environnementale. Pourtant, d’après les rapports des Nations Unies, seuls 17 % des cibles des ODD progressent comme prévu – un retard dû en grande partie à un déficit de financement. Les pays en développement sont confrontés à un besoin de financement estimé à quelque 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les ODD d’ici à 2030.
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L’ambassadeur d’Indonésie au Vietnam, Denny Abdi. Photo : Baoquocte. |
Le Sommet P4G de Hanoï entend répondre à ce défi en offrant une plateforme stratégique reliant ces pays aux soutiens techniques et financiers des partenaires de P4G. Cet appui est crucial pour catalyser les investissements nécessaires à une transition verte équitable et inclusive. En valorisant également des modèles de coopération novateurs, le sommet s’inscrit dans la dynamique actuelle appelant à une réforme en profondeur du système financier international, afin de mieux accompagner les ambitions du développement durable mondial.
Le Vietnam déploie constamment des efforts pour atteindre les objectifs des ODD. En observant cette situation, comment percevez-vous les efforts du Vietnam pour relever les défis et contribuer aux priorités essentielles des Nations Unies dans la promotion du développement durable ?
Je salue les efforts du Vietnam dans l’organisation du 4ᵉ Sommet P4G, ce qui illustre son engagement fort en faveur de la transition verte et d’une croissance économique durable.
Le Vietnam est l’un des rares pays à maintenir une croissance rapide et stable, même face aux défis mondiaux liés à la pandémie de Covid-19. Cette résilience témoigne de son approche flexible du développement et de sa capacité à concilier prospérité économique et durabilité.
Engagé à ne pas privilégier la croissance économique au détriment du progrès social et de l’environnement, le Vietnam a pris des mesures concrètes : adoption de politiques climatiques, réduction des émissions, transition énergétique, et renforcement du cadre juridique pour la gestion durable des ressources, notamment par la révision des Lois sur le foncier, l’eau et l’électricité.
Le Vietnam prévoit également de lancer une plateforme pilote d’échange de crédits carbone en 2025, affirmant sa volonté de s'intégrer aux dynamiques mondiales pour une économie verte. Cela démontre que les pays en développement peuvent eux aussi jouer un rôle moteur dans la réalisation des ODD.
Si nous échouons à atteindre ces objectifs, les conséquences seront considérables. L’engagement actif du Vietnam lors du Sommet P4G incarne une volonté forte d’éviter ces risques et constitue un appel pressant à l’action collective face aux défis majeurs de notre époque.
Monsieur l’Ambassadeur, comment le Vietnam et l’Indonésie peuvent-ils collaborer pour renforcer les piliers politiques du P4G au niveau bilatéral, au sein de l’ASEAN ou dans le cadre de forums multilatéraux mondiaux ?
Face à la complexité croissante des défis mondiaux, l’Indonésie et le Vietnam ont tout intérêt à intensifier leur coopération afin de garantir une croissance économique en harmonie avec les principes du développement durable, notamment à travers les piliers phares de l’initiative P4G.
Parmi ces piliers, la transition vers une énergie propre revêt une importance capitale. Historiquement tributaires des énergies fossiles, nos deux pays s'engagent aujourd'hui à diversifier leurs sources d’énergie, notamment via le développement de l’écosystème des véhicules électriques, la mise en œuvre du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), ainsi que les investissements conjoints dans l’énergie solaire et éolienne.
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La centrale thermique de Lontar à Tangerang, Banten (Indonésie), a remporté le Prix Subroto 2024 pour sa contribution à la réduction des émissions. Photo : Antara. |
L’accès à l’eau potable, l’assainissement et la gestion des déchets urbains constituent un autre pilier stratégique. Des projets communs dans ces domaines pourraient améliorer la résilience face au changement climatique et accélérer la construction de villes plus vertes et durables.
La lutte contre le gaspillage alimentaire - qui s’élève chaque année à près de 7 millions de tonnes au Vietnam et à 14,7 millions en Indonésie - s’impose également comme un défi urgent, tant en matière de sécurité alimentaire qu’en termes d’impact environnemental.
En tant que deux des économies les plus dynamiques et peuplées de l’ASEAN, l’Indonésie et le Vietnam ont un rôle central à jouer dans l’impulsion d’une coopération régionale ambitieuse pour le développement durable. En s’appuyant sur les partenariats multilatéraux et les soutiens internationaux, les deux pays sont en mesure de promouvoir un modèle de croissance inclusif, résilient et respectueux de l’environnement, pour le développement commun de la région et du monde.
Merci Monsieur l’Ambassadeur !