À l’occasion du 45e anniversaire de la réunification du pays (30 avril), Hironobu Kitagawa a accordé une interview au journaliste vietnamien à Tokyo au Japon.
Le journaliste : Comment estimez-vous les réalisations socioéconomiques obtenues par le Vietnam 45 ans après la réunification du pays et notamment dans le Renouveau ?
Hironobu Kitagawa : Après plus de 30 ans de politique du Renouveau lancé en 1986, l’économie du Vietnam a connu un fort développement. Selon une conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le produit intérieur brut (PIB) a bondi de près de 50 fois, allant de 5 milliards de dollars en 1986 à 245 milliards de dollars en 2018. Il s’agissait du taux de croissance le plus élevé en Asie du Sud-Est.
Le succès s’est expliqué par l’attrait des entreprises étrangères et par l’augmentation de ses exportations. En 1986, le chiffre d’affaires à l’exportation du Vietnam était plusieurs fois inférieur à celui de la Malaisie ou de la Thaïlande. Pourtant, en 2018, les exportations du Vietnam se sont élevées à plus de 240 milliards de dollars, rattrapant ses voisins.
Les efforts du Vietnam ont été déployés afin de mettre en œuvre l’accord commercial bilatéral Vietnam – États-Unis, et d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à l’accord de partenariat transpacifique global et progressif (CPTPP).
Le Vietnam a fait tous les efforts possibles visant à créer un environnement d’investissement ouvert pour de nombreux pays et régions, notamment l’Initiative conjointe Vietnam-Japon où les entreprises et organisations japonaises peuvent discuter avec les gouvernements des deux pays, ou le Forum d’affaires du Vietnam (VBF) avec la participation des entreprises occidentales qui ont contribué en grande partie à ces efforts.
Le journaliste : Quelles propositions pourriez-vous donner aux dirigeants vietnamiens pour les aider à développer durablement son économie dans les temps à venir ?
Hironobu Kitagawa : Dans une récente enquête menée par la JETRO en 2019 sur les affaires des entreprises japonaises en Asie et en Océanie, celles-ci ont classé le Vietnam au premier rang au sein des pays membres de l’ASEAN, et 63,9% des entreprises interrogées ont déclaré avoir l'intention de développer leurs activités commerciales dans ce pays. « La taille du marché et le potentiel de la croissance » et la « stabilité sociopolitique » sont les deux facteurs hautement appréciés par les entreprises japonaises.
Pourtant, 61,1% des entreprises interrogées ont montré leurs inquiétudes sur le coût de la main-d’œuvre élevé, 42,6% sur la « gestion des politiques pas claire des autorités locales », et 38,6% sur le « risque élevé de salariés changeant d’emploi ».
Le journaliste : Ces derniers temps, le gouvernement et les entreprises japonais ont contribué en grande partie au développement socioéconomique du Vietnam. Selon vous, que devrons-nous faire pour renforcer les relations entre les deux pays dans les temps à venir ?
Hironobu Kitagawa : Nous devrons reconnaître le potentiel de la coordination entre les intellectuels japonais et vietnamiens. Les activités d’échanges entre les jeunes, notamment les étudiants et les ressources humaines qualifiées des deux pays jouent un rôle très important pour cette coordination.
Les deux pays pourront promouvoir leur coopération dans d’autres domaines potentiels tels que l’agriculture, la foresterie et la pêche qui ont besoin de 37,7% de la main-d'œuvre vietnamienne. Pourtant, ceux-ci ne représentent que 15% du PIB du Vietnam, il faut donc augmenter leur valeur ajoutée.