Le Vietnam a fait des progrès dans l’autonomisation et le renforcement des capacités des femmes

A l’occasion du 114e anniversaire de la Journée internationale des femmes (le 8 mars), la coordonnatrice résidente des Nations Unies au Vietnam, Pauline Tamesis, et la représentante de l'entité des Nations Unies consacrée à l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes) au Vietnam, Caroline Nyamayemombe, ont publié un article commun, intitulé « Accélérer les progrès en matière d'investissement dans les femmes »
La coordonnatrice résidente des Nations Unies au Vietnam, Pauline Tamesis. Photo : VNA.
La coordonnatrice résidente des Nations Unies au Vietnam, Pauline Tamesis. Photo : VNA.

Au début de l'article, les deux co-autrices ont donné deux exemples sur les efforts des femmes vietnamiennes pour surmonter les difficultés. Le premier est Lê Thi Hà Giang, une jeune entrepreneure qui travaille dur pour intégrer les compétences numériques dans son entreprise afin de suivre l'évolution de la société. En tant que l'une des 60 stagiaires du programme Empower Her Tech du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), elle a appris la création de sites Web, la conception numérique, l'utilisation de l'IA générative et d'autres compétences numériques qui l'aideront à développer son entreprise à l'avenir.

De son côté, Mi, une victime de la traite des êtres humains, est désormais le principal soutien de sa famille. L'aide de l'Organisation internationale pour les migrations, avec le soutien du gouvernement britannique et en collaboration avec les partenaires de réintégration du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, a fourni à Mi trois chèvres - une source de nourriture et un revenu supplémentaire – et ainsi facilité sa réinsertion sociétale.

Ces histoires démontrent que lesfemmes, lorsqu’elles en ont l’opportunité, sont désireuses de travailler dur pour améliorer leur vie, ont écrit les deux co-autrices.

Selon elles, le Vietnam a fait des progrès en matière d’autonomisation des femmes. La législation, notamment la loi sur l’égalité des sexes et le quota spécial de 35 % de candidates à l’Assemblée nationale, ont permis à l’environnement juridique et politique de stimuler les investissements en faveur de l’autonomisation des femmes. Les efforts portent leurs fruits puisque le pays a grimpé de 11 places dans le dernier indice mondial de l’écart entre les sexes du Forum économique mondial, passant de la 83e à la 72e place sur 146 pays.

Néanmoins, comme ailleurs dans le monde, les femmes se heurtent toujours à des obstacles pour accéder à l’égalité des chances en matière d’éducation, d’emploi et d’accès aux postes de direction. La communauté ethnique et les femmes handicapées se démarquent particulièrement. Les organes du Parti et le Conseil populaire ne comptent respectivement que 6 % et 7,3 % de femmes parmi les membres des minorités ethniques, contre 36,1 % et 39 % pour les cadres ethniques masculins. Même si le Vietnam est sur la bonne voie à d’autres niveaux, des efforts supplémentaires sont nécessaires au niveau communal où seulement 22 % de femmes font partie des Comités populaires communaux, ont-t-elles indiqué.

Passant en revue les réalisations de ces 29 dernières années de mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Pékin sur l'autonomisation des femmes et près de 40 ans depuis l'adoption de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 1981, les deux expertes des Nations Unies ont pu tirer quelques réflexions critiques pour accélérer le progrès pour les femmes.

D’abord, l’augmentation du leadership des femmes dans les institutions publiques et privées améliore la performance institutionnelle. Jusqu'à 80 % des grandes entreprises ayant obtenu de bons résultats et des opérations stables pendant la COVID, cotées à la Bourse de Hô Chí Minh-Ville, étaient dirigées par des femmes, tandis que seulement 26,5 % des propriétaires et directeurs généraux d'entreprises au Vietnam sont des femmes. De plus, le leadership et la participation des femmes dans les institutions clés sont essentiels pour lutter contre les préjugés et les stéréotypes et renforcer la confiance du public. D’ici 2030, 70 % des agences de gestion de l’État devraient avoir au moins une femme à un poste de direction.

En outre, renforcer une éducation de qualité pour les femmes et les filles et garantir l’égalité d’accès à la formation en leadership, au développement de carrière et aux programmes financés, en particulier dans les domaines STEM, est la clé d’une transformation numérique réussie. La proportion de femmes diplômées qui terminent des études supérieures dans les domaines STEM au Vietnam est de 36,5 %. L'Université polytechnique compte plus de 78 % d'étudiants masculins, contre 22 % d'étudiantes. Étant donné que 75 % des emplois dans le monde seront liés aux STEM d’ici 2050, cibler l’égalité des sexes dans l’enseignement STEM permettrait d’éviter les déséquilibres croissants qui pourraient être exacerbés par la transformation numérique.

Même si les femmes travaillent dur et sont aussi compétentes que les hommes, elles sont néanmoins moins bien payées qu'eux. À l’échelle mondiale, les femmes gagnent 77 % de ce que gagnent les hommes. Des systèmes de protection sociale sensibles au genre, garantissant un accès et un soutien équitables aux femmes et aux filles pauvres, sont nécessaires. Ces systèmes contribuent à réduire les disparités de revenus, à améliorer les résultats en matière d’éducation et de santé et à prévenir la violence sexiste. Ceux-ci favorisent également l’accès à un travail décent et facilitent la transition des femmes d’un emploi informel à un emploi formel.

Des solutions de financement innovantes sortent les femmes et les filles de la pauvreté. Veiller à ce que les ressources publiques soient allouées et dépensées pour répondre aux besoins et aux demandes des femmes et des filles garantira à environ 230 000 ménages pauvres en zone rurale une aide au logement d’ici 2025 – le Vietnam l’a clairement démontré à travers son programme national de la Nouvelle ruralité. Un pacte de mécanismes de financement innovants visant à accroître les investissements dans la santé, l’éducation et les infrastructures afin que les services de protection sociale atteignent les plus défavorisés, permettra une plus grande prospérité économique pour le pays.

A la fin de leur article, les deux co-autrices ont cité les propos du Secrétaire général des Nations Unies qui a souligné la nécessité d’investir dans des programmes visant à mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et à favoriser leur inclusion et leur leadership dans les économies, les technologies numériques, la consolidation de la paix et l’action climatique.

Présentant le thème de la Journée internationale des femmes cette année, «Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », les deux expertes des Nations Unies ont souligné l’importance d’autonomiser et de soutenir les femmes pour favoriser le progrès sociétal.

VNA/NDEL