Le Vietnam développe un système de cartographie d’alerte aux risques climatiques pour les bâtiments

Le Vietnam fait partie des premiers pays à adopter un système de cartographie d’alerte en ligne permettant d’évaluer la résilience climatique du secteur du bâtiment.
Le Vietnam développe un système de cartographie d’alerte aux risques climatiques pour les bâtiments. Photo d'illustration : TNCK.
Le Vietnam développe un système de cartographie d’alerte aux risques climatiques pour les bâtiments. Photo d'illustration : TNCK.

La capacité de résilience des bâtiments est un facteur crucial dans le contexte du changement climatique. Ces risques peuvent réduire la valeur des constructions, accroître les coûts de réparation et d’assurance.

Mme Nguyen Thi Mai, chargée de programme à l’IFC (Société financière internationale), membre du Groupe de la Banque mondiale, a indiqué que l’IFC pilote actuellement un indice de résilience des bâtiments (BRI) dans cinq localités au Vietnam.

Cet outil propose un système de cartographie d’alerte aux risques en ligne ainsi qu’un cadre d’évaluation de l’adaptation climatique destiné au secteur de la construction.

Le système de cartographie d’alerte en ligne fournit des informations cartographiques sur quatre principaux types de catastrophes naturelles au Vietnam : vents violents, tempêtes, inondations, incendies et séismes (tremblements de terre et glissements de terrain).

Un bâtiment est considéré comme résilient s’il est capable de résister aux catastrophes naturelles et climatiques. Dans des conditions idéales, il peut continuer à fonctionner sans interruption malgré ces aléas.

Les cinq projets pilotes sont situés à Sa Pa, Quang Nam, Vung Tau, Dong Nai et Binh Duong, représentant diverses zones climatiques et expositions aux risques. Les régions montagneuses sont vulnérables aux glissements de terrain, les zones côtières aux tempêtes et aux inondations, et le delta du Mékong aux affaissements du sol.

Carte des zones à risque de glissement de terrain, où le rouge indique le niveau de risque le plus élevé. Source : IFC
Carte des zones à risque de glissement de terrain, où le rouge indique le niveau de risque le plus élevé. Source : IFC

Après deux ans d’expérimentation, reposant sur plus de 60 critères, plus de la moitié des bâtiments évalués n’ont pas satisfait aux exigences de résilience. Deux bâtiments ont atteint un niveau moyen.

Mme Mai souligne l’importance d’un design architectural adapté au changement climatique, à l’heure où les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes et plus intenses. Par exemple, le typhon Yagi de l’an dernier, les secousses ressenties à Hanoï et Ho Chi Minh-Ville en mars, et le séisme survenu en avril à Kon Tum, constituent autant d’épreuves révélatrices pour les bâtiments au Vietnam.

« Dès la phase d’investissement et de conception, il faut anticiper la durée de vie et la résilience d’un bâtiment », explique la représentante de l’IFC. Avec un horizon de 50 ans, un bâtiment doit être conçu pour résister à des tempêtes d’une intensité exceptionnelle, susceptibles de ne se produire qu’une fois tous les 30 ou 40 ans. À l’inverse, une structure pensée pour seulement 10 ans pourrait subir de lourds dommages face à un tel événement.

Selon l’IFC, investir dès la conception dans des bâtiments résilients face au changement climatique permet de réduire les coûts futurs de réparation ou de réhabilitation. Ainsi, chaque dollar investi dans l’adaptation climatique permettrait d’économiser quatre dollars de pertes potentielles.

Outre la cartographie d’alerte aux risques, l’IFC propose également des recommandations pour atténuer les risques, garantir l’intégrité des constructions et assurer leur continuité opérationnelle.

En réalité, le Vietnam dispose déjà de réglementations en matière de prévention incendie et de normes techniques nationales en lien avec les conditions naturelles (QCVN 02 de 2022).

Toutefois, selon l’IFC, ces normes sont devenues insuffisantes face à l’intensification des événements climatiques extrêmes. À l’instar des normes des bâtiments verts, l’indice de résilience des bâtiments (BRI) pourrait devenir un indicateur essentiel pour les projets souhaitant accéder à des financements climatiques.