C’est ce qu’on a appris lors du colloque intitulé « 30 ans de développement du Vietnam : rétrospective et réponse aux nouveaux défis », récemment tenu à Hanoi.
Coorganisé par l’Université nationale d’économie et l’Institut d’études politiques du Japon, ce colloque avait pour objectif de dresser un bilan global du développement du Vietnam au cours des 30 dernières années et de proposer des solutions permettant au pays de répondre aux nouveaux défis face aux évolutions complexes et imprévisibles de la situation régionale et mondiale. Il s’agissait également d’une bonne occasion pour les experts vietnamiens et japonais de partager d’expériences dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de développement économique dans la nouvelle période.
Dans son discours d’ouverture, le professeur-docteur Pham Hông Chuong, recteur de l’Université nationale d’économie, a déclaré que ces trois dernières décennies, le Vietnam est passé d’une économie centralisée et subventionnée par l’État à une économie orientée vers le marché.
D’une économie fermée et de substitution aux importations, le Vietnam est actuellement devenu l’une des économies les plus ouvertes et orientées vers les exportations au monde. Le pays est également passé d’une économie à faible revenu basée sur l’agriculture à une économie à revenu moyen.
À la suite de ce succès, le Parti et le Gouvernement vietnamiens se sont fixé pour objectif de faire du Vietnam un pays en développement avec un revenu intermédiaire de la tranche supérieur d’ici 2030 et un pays développé avec un revenu élevé d’ici 2045. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, l’économie vietnamienne devra enregistrer un taux de croissance moyen de 7 % par an au cours des 20 prochaines années.
Le Vietnam vise également une croissance plus verte et plus inclusive, en s’engageant à réduire les émissions de méthane de 30 %, à mettre fin à la déforestation d’ici 2030 et à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Le Vietnam s’engage à réduire les émissions de méthane de 30 %, à mettre fin à la déforestation d’ici 2030 et à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Selon le professeur-docteur Pham Hông Chuong, plusieurs grandes tendances mondiales façonnent l’avenir du Vietnam. En particulier, le fort développement de la 4e Révolution industrielle, de la technologie numérique et de l’intelligence artificielle permettra au pays de renforcer la compétitivité et la durabilité de son économie, d’améliorer la qualité de ses produits et de ses services, mais lui posera également de nombreux défis majeurs. Il s’agit de l’augmentation du chômage, des défis en termes de politique, de société et d’institution, des problèmes d’infrastructures, des risques accrus en matière de sûreté et de sécurité de l’information, ainsi que des risques de concurrence et de retard.
Un autre défi auquel l’économie vietnamienne est confrontée réside dans le vieillissement rapide de la population et la hausse des salaires. À cela s’ajoute le fait que le commerce mondial est en déclin et que les entreprises doivent se conformer à des exigences plus strictes en matière environnementale et sociale.
La dégradation de l’environnement, l’accélération du changement climatique, la pandémie de Covid-19 et l’instabilité et les conflits politiques dans de nombreuses régions du monde posent également des défis sans précédent qui pourraient compromettre les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.
« De nombreux chercheurs et experts en économie ont estimé que la croissance enregistrée par le Vietnam ces derniers temps pouvait s’expliquer par la libéralisation économique à un bon moment et une bonne exploitation des avantages et atouts en termes de situation géographique, de ressources naturelles et de main-d’œuvre abondante […]. Pourtant, le Vietnam peut-il continuer à croître de manière rapide et durable pour entrer progressivement dans le groupe des pays à revenu élevé, comme ce que la République de Corée ou Taiwan (Chine) l’ont fait ces dernières années ? Ou suivrons-nous les traces de certains pays voisins comme la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie qui, après une longue période, ont encore du mal à échapper au niveau de revenu intermédiaire ou à tomber dans le piège du revenu intermédiaire ? Il s’agit d’une question difficile. », a indiqué Pham Hông Chuong.
La période 2024 – 2030 est décisive pour que le Vietnam se transforme en un pays industrialisé, conformément à la Stratégie de développement socio-économique du Vietnam pour la période 2021 – 2030. C’est également une étape cruciale qui ouvrira de nombreuses opportunités pour l’essor de l’économie vietnamienne, notamment dans le contexte de la mondialisation, de l’intégration économique internationale et de la 4e Révolution industrielle.
Il est donc important d’évaluer les réalisations économiques du Vietnam au cours des trois dernières décennies, ainsi que de relever les nouveaux défis et d’analyser la capacité du pays à y répondre.
Pour sa part, le professeur Kenichi Ohno, de l’Institut d’études politiques du Japon, a souligné que malgré les succès économiques et l’émergence de certaines entreprises compétitives, le Vietnam devait redoubler d’efforts en améliorant sa gouvernance et en promouvant la technologie et l’innovation.