Le Vietnam s’appuie sur la science pour renforcer sa lutte contre le tabagisme

Ces dernières années, la production de preuves scientifiques s’est imposée comme un levier central de la stratégie vietnamienne de lutte contre le tabac. 

La Fondation vietnamienne pour la prévention des méfaits du tabac, en partenariat avec les autorités locales, a fait apposer des panneaux « Interdiction de fumer » dans les hôtels et restaurants. Une initiative qui participe à la création d’un environnement sans fumée, tout en contribuant à renforcer l’attractivité touristique.
La Fondation vietnamienne pour la prévention des méfaits du tabac, en partenariat avec les autorités locales, a fait apposer des panneaux « Interdiction de fumer » dans les hôtels et restaurants. Une initiative qui participe à la création d’un environnement sans fumée, tout en contribuant à renforcer l’attractivité touristique.

Ces dernières années, la production de preuves scientifiques s’est imposée comme un levier central de la stratégie vietnamienne de lutte contre le tabac. Placée sous l’égide du ministère de la Santé, la Fondation pour la prévention des méfaits du tabac a multiplié les collaborations avec universités, instituts de recherche et organisations internationales, afin d’objectiver les effets des politiques publiques menées en matière de santé.

Ce travail de recherche, mené notamment avec l’Université de médecine de Hanoï, l’École nationale de santé publique, l’Institut de planification agricole et l’Institut national de contrôle sanitaire des aliments, a donné lieu à sept études approfondies. Elles visent à fournir des données tangibles sur la consommation de tabac, y compris électronique et chauffé, chez les jeunes, l’application des normes nationales, l’efficacité de l’interdiction de la publicité dans les points de vente, ou encore la mise en œuvre du sevrage tabagique dans certaines provinces. Un volet agricole explore la reconversion des cultures de tabac.

Les résultats ont été largement diffusés lors de conférences scientifiques, et certaines publications ont trouvé écho dans des revues internationales à comité de lecture. Ces travaux nourrissent aujourd’hui la réflexion des autorités sur les orientations à adopter, tant au niveau local que national.

Au-delà de ces études ciblées, la Fondation et le ministère de la Santé ont mené, avec l’Organisation mondiale de la santé et plusieurs partenaires étrangers, un vaste programme d’enquêtes régulières sur la consommation de tabac. Réalisées tous les trois à cinq ans à l’échelle nationale, et tous les deux à trois ans au niveau provincial, ces investigations permettent de suivre les évolutions du comportement des fumeurs et d’évaluer la portée des campagnes de prévention.

Conformes aux standards méthodologiques de l’OMS et des Centres de contrôle et de prévention des maladies américains, les enquêtes menées par les universités vietnamiennes documentent avec précision l’usage du tabac dans la population adulte et scolaire, le respect de la législation, l’efficacité des avertissements sanitaires, ainsi que les pertes économiques liées à cette consommation. Elles examinent aussi l’exposition passive à la fumée, les services de sevrage disponibles, les campagnes médiatiques et les perceptions de la population face à ces enjeux.

À ce jour, les données recueillies constituent un socle solide pour l’évaluation et la formulation des politiques publiques. Le pays dispose désormais d’un système statistique fiable et structuré dans ce domaine, permettant un suivi efficace des politiques antitabac.

Selon la dernière enquête, menée en 2024 dans 44 provinces par les centres de contrôle des maladies et les directions locales de la santé, la prévalence du tabagisme chez les hommes de plus de 15 ans a reculé dans 36 provinces. Certaines, comme Vinh Phuc, Ha Tinh ou Tra Vinh, affichent même des baisses significatives. L’exposition à la fumée dans les lieux publics reste toutefois préoccupante. Elle est particulièrement élevée dans les bars, les restaurants et les cafés, où elle dépasse les 60 %. Dans les bureaux et institutions publiques, elle oscille entre 22 % et 30 %.

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Sensibilisation aux méfaits du tabac au sein de la communauté à Can Tho.

Mais une tendance nouvelle inquiète les autorités : l’essor rapide des cigarettes électroniques et du tabac chauffé, en particulier chez les jeunes. Ce phénomène complique la tâche des acteurs de santé publique, d’autant que les dispositifs de contrôle restent lacunaires. La vente de tabac, notamment dans les commerces de détail, échappe largement à la régulation. L’accès des mineurs à ces produits demeure aisé, en dépit de l’interdiction officielle.

Si la coordination intersectorielle pour l’élaboration des politiques s’est globalement améliorée, le contrôle sur le terrain et les sanctions restent peu dissuasifs. La prolifération des points de vente, conjuguée à une application encore floue des normes en vigueur, continue d’entraver les efforts déployés pour contenir les méfaits du tabagisme.

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